Accusé d’avoir courbé l’échine face à Pékin, Apple clarifie sa politique sur la liberté d’expression
AFP
Accusé par des ONG et investisseurs d’avoir courbé l’échine face à Pékin et sa censure, Apple a clarifié sa politique, affirmant être engagé en faveur de la liberté d’expression, même si en cas de conflit, le « droit national » l’emporte. Le groupe américain, interpellé en février lors du dernier conseil d’administration sur « ses politiques en matière de liberté d’expression », déclare croire « en l’importance cruciale d’une société dans laquelle l’information circule librement », dans un document interne destiné à ses actionnaires, révélé vendredi par le Financial Times « La meilleure façon de continuer à promouvoir l’ouverture est de rester engagé, même lorsque nous pouvons être en désaccord avec les lois du pays », estime le fabricant de l’iPhone.
Mais « lorsque le droit national et les normes internationales en matière de droits de l’homme diffèrent, nous suivons la norme la plus élevée. Lorsqu’ils sont en conflit, nous respectons le droit national tout en cherchant à respecter les principes des droits de l’homme internationalement reconnus », peut-on y lire. Le document, qui se réfère aux Principes directeurs sur les droits de l’Homme et les entreprises édictés par l’ONU et ne cite aucun pays spécifique, a été applaudi par plusieurs ONG qui avaient fait campagne pour appeler Apple à protéger la liberté d’expression notamment en cessant de bloquer les réseaux privés virtuels (VPN) dans l’App Store chinois.
Pressions chinoises
Apple avait en effet reconnu en 2017 avoir retiré de son App Store chinois des applications de VPN, ces logiciels permettant de contourner le blocage de l’internet local, se pliant au durcissement des réglementations du régime communiste. En 2018, le géant californien de l’électronique avait aussi supprimé de son « App Store » chinois environ 25 000 applications permettant de participer à des loteries ou paris en ligne, à la suite de virulentes critiques de médias d’Etat. « Faire adopter cette politique par le géant de la technologie est un énorme pas en avant », s’est félicitée auprès de l’AFP Sondhya Gupta, qui a mené cette campagne pour l’ONG SumOfUs.
L’ONG y voit une réponse au soutien d’un grand nombre d’actionnaires d’Apple à une motion d’investisseurs -qu’elle avait encouragée- exigeant du conseil d’administration un rapport annuel sur les politiques de la société en matière de liberté d’expression. Le texte faisait directement référence aux activités d’Apple en Chine. La motion n’avait pas été adoptée, au grand dam de l’ONG, mais elle avait réuni 40,6% des votes, poussée par deux influentes sociétés de conseil aux actionnaires Glass Lewis et ISS. Parmi eux, Steven Heim, actionnaire de longue date, estime qu' »Apple doit être beaucoup plus transparente dans la mise en oeuvre de sa nouvelle politique en matière de droits de l’homme, notamment dans ses réponses aux demandes des gouvernements répressifs ».
Juger aux actes
Après l’engagement annoncé par Apple, « reste à voir comment cette politique sera mise en oeuvre dans la pratique, et comment elle sera supervisée », nuance Sondhya Gupta. « Nous continuerons à faire pression sur Apple pour plus de clarté, notamment en soumettant une nouvelle proposition aux investisseurs demandant à Apple de leur rendre compte de l’avancée de la mise en oeuvre de sa nouvelle politique ». Selon Sondhya Gupta, « Apple a une énorme influence sur la liberté d’expression des gens dans le monde entier et, en fin de compte, les engagements du groupe en faveur des droits de l’homme seront jugés en fonction de leur incidence dans la vie de leurs millions de clients vivant sous cybersurveillance à Hong Kong, au Tibet, au Turkestan oriental, en Chine et ailleurs ».
Plus de 135 000 personnes ont signé une pétition de l’ONG appelant Apple à cesser de bloquer les VPN dans l’App Store chinois et à défendre la liberté d’expression. Sollicité par l’AFP, Apple n’a ni répondu ni démenti dans l’immédiat. Les produits Apple, de l’iPhone à l’iPad, sont immensément populaires en Chine, l’un des principaux marchés du groupe américain hors des États-Unis.
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