Affecté par la crise, le secteur de l’événementiel se tourne vers le virtuel
AFP
Très affecté par la crise sanitaire qui a condamné les salons brassant des milliers de participants, le secteur de l’événementiel doit faire sa mue en accéléré, en misant beaucoup plus sur le virtuel et les formats « hybrides ». Dans le monde entier, le confinement et les restrictions de circulation ont entraîné des annulations et reports en cascade pour les foires et salons. Et alors que l’incertitude sanitaire liée au Covid-19 perdure, certains gros événements prévus au second semestre 2020, voire en 2021, sont déjà déprogrammés. Le Salon de l’automobile de Genève -600 000 visiteurs- dont l’édition 2020 avait été annulée, ne se tiendra pas non plus l’année prochaine: dans un sondage, une majorité des exposants habituels ont indiqué qu’ils n’y participeraient probablement pas.
Toujours en Suisse, le grand salon horloger Baselword, déjà en perte de vitesse, a annulé sa tenue en 2020 comme en 2021. Dans la capitale française, le Mondial de l’Auto, rebaptisé Paris Motion Festival et qui devait se tenir en octobre prochain, a également été annulé « dans sa forme actuelle ». En Italie, pays durement frappé par la pandémie, c’est un secteur lourd de 36 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, et de 570 000 emplois, qui chancelle. Automobile, tourisme, technologies, design, littérature: toute l’industrie des salons, congrès et expositions doit, en l’espace de quelques mois, « redéfinir sa manière de fonctionner », résume Pablo Nakhlé Cerruti, directeur général de Viparis, qui gère neuf sites à Paris et autour, dont les parcs des expositions de la Porte de Versailles, de Villepinte ou du Bourget. Il s’agit désormais d’accélérer sur « la connectivité », et aussi « la flexibilité: nos lieux doivent pouvoir accueillir toutes les formes d’événements possibles, en s’adaptant à la demande au jour le jour ».
Mais tous les salons peuvent-ils basculer vers le tout numérique? Surtout que ces grands raouts sont aussi souvent l’occasion de boucler des contrats, prendre langue avec des investisseurs et échanger des cartes de visite – des contacts non transposables virtuellement. « Les rencontres physiques sont incontournables », résume à l’AFP Stephanie Lynch-Habib, directrice marketing de l’association mondiale des opérateurs télécoms GSMA, qui organise le Mobile World Congress (MWC) de Barcelone.
Des formats « hybrides »
« C’est aussi ce qui fait notre valeur, que les dirigeants du secteur puissent faire des dizaines de réunions d’affilée et rencontrer différents types de contacts réunis en un seul lieu. On a deux millions de réunions d’affaires pendant le congrès en temps normal, et 10 milliards d’euros de transactions qui se font », souligne-t-elle. L’édition 2021 du MWC début mars s’oriente vers un format « hybride », qui alternera physique et « online »: « d’ici là, nous allons tester, lors d’événements locaux, plusieurs plateformes virtuelles en termes de contenus et de fonctionnalités, et nous ajusterons selon les retours».
A Davos, le Forum économique mondial, rendez-vous obligé des grands patrons, banquiers et responsables politiques, se tiendra bien en janvier, mais dans une « configuration sans précédent, qui comprendra des dialogues en personne et virtuels », précise l’organisation. Un format « hybride » a également été choisi par le grand salon technologique CES de Las Vegas, qui avait accueilli près de 175 000 visiteurs en janvier 2020, et qui prévient que son édition 2021 sera « plus petite » car « moins de gens pourront voyager aux États-Unis ». Le CES va notamment mettre en place une « plateforme » pour que les exposants puissent présenter virtuellement leurs innovations.
En Allemagne, le salon professionnel du tourisme de Berlin, premier du secteur au monde, avait déjà organisé en mars dernier, à la place de l’événement, une vingtaine de « live-streams », et son édition 2021 comportera « une partie digitale ». Le salon des nouvelles technologies IFA, à Berlin, devrait quant à lui avoir lieu début septembre, mais en comité très restreint. A Francfort, la célèbre Foire du livre sera aussi largement remplacée en octobre par des événements en ligne. A Paris, Vivatech, le salon des start-up et de la technologie privé d’édition 2020, reviendra en juin 2021, tout en étant « profondément hybride ». Sa directrice générale Julie Ranty se dit toutefois « convaincue de l’importance du lien humain: le défi, c’est réussir à insuffler sur le digital la chaleur et le liant qu’on retrouve sur l’événement physique ».
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