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Airbnb, TripAdvisor, Expedia… : l’industrie du voyage traverse une période de fortes turbulences à cause du coronavirus

Avec la fermeture des frontières et le confinement imposé à plus de la moitié de l’humanité à cause du Covid-19, les avions restent cloués au sol, entraînant de facto l’arrêt des voyages. Dans ce contexte, c’est toute l’industrie du voyage qui tremble… Et les conséquences économiques de cet arrêt brutal des déplacements des humains aux quatre coins du globe n’ont pas tardé à se faire lourdement sentir pour les acteurs de l’industrie du voyage.

Au fil des semaines, un rapide retour à la normale ne semble plus être qu’un mirage. L’été 2020 devrait ainsi ressembler à une saison blanche dans une année noire. Il faudra ainsi certainement de longs mois avant que les voyages ne reprennent, et plus encore pour que les plateformes du secteur ne puissent retrouver leur rythme de croisière. Fragilisées par cette crise inédite, la plupart d’entre elles pourraient ressortir de cette période délicate fortement amincies, voire pire. Des rachats ou des faillites ne sont en effet pas à exclure.

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Au début de l’épidémie de coronavirus en Chine, et encore davantage aujourd’hui alors que l’Europe et les États-Unis sont touchés de plein fouet, les regards se sont immédiatement dirigés vers Airbnb, qui devait d’ailleurs faire son entrée en Bourse à Wall Street cette année. Si la plateforme américaine peut d’ores et déjà annulé les festivités autour d’une opération, qui devrait être repoussée d’un an ou plus, elle doit désormais faire front pour limiter la casse.

La valorisation d’Airbnb en chute libre

Dans ce sens, la licorne californienne, encore valorisée à hauteur de 35 milliards de dollars en début d’année, a levé 1 milliard de dollars en dette et actions début avril auprès des fonds Silver Lake et Sixth Street Partners. Une opération nécessaire pour Airbnb pour renforcer sa trésorerie qui s’élève désormais à 4 milliards de dollars. Une réserve qui devrait cependant fondre comme neige au soleil compte tenu de la gravité et de la durée de la situation actuelle, de même que la valorisation de l’entreprise américaine qui a été revue à la baisse pour atteindre maintenant seulement 26 milliards de dollars.

Au premier trimestre, Airbnb a subi une forte baisse de son activité, avec des réservations qui ont connu un effondrement spectaculaire. Entre janvier et mars, elles ont ainsi chuté de près de 90% dans plusieurs zones en Chine, et même de 96% à Pékin, selon le cabinet AirDNA. Même constat en Corée du Sud et en Italie, où Airbnb a vu son activité réduite de 46% à Séoul et de 41% à Rome. «Bien que l’environnement actuel soit clairement compliqué pour l’industrie hôtelière (…), le modèle économique diversifié, mondial et résistant d’Airbnb est particulièrement bien placé pour prospérer quand le monde sera rétabli et que nous pourrons tous en profiter à nouveau», estime cependant Egon Durban, co-directeur général de Silver Lake.

En attendant de retrouver un niveau d’activité normal, Airbnb s’attèle à prendre soin de ses hôtes. Fin mars, la licorne américaine a ainsi annoncé une enveloppe de 250 millions de dollars pour compenser les pertes de ses hôtes impactés par les annulations de séjour. Dans le même temps, l’entreprise de Brian Chesky soigne son image en mettant gratuitement des logements à disposition du personnel soignant dans plusieurs pays, dont la France. Pour générer quelques revenus, Airbnb a décidé de virtualiser ses «expériences» (activités avec des locaux) via la plateforme de visioconférence Zoom, grande gagnante du confinement.

TripAdvisor licencie 25% de ses effectifs

TripAdvisor aussi s’est également tourné vers les expériences touristiques en ligne pour permettre à ses utilisateurs de continuer à voyager via sa filiale Viator. Mais contrairement à Airbnb qui dispose encore d’une trésorerie suffisamment solide pour tenir quelques mois, la plateforme américaine d’avis et de conseils touristiques n’a plus les reins assez solides pour tenir le choc face aux dégâts engendrés par le Covid-19. Déjà en difficulté à cause d’une concurrence qui s’est densifiée ces dernières année, l’entreprise américaine vient ainsi d’annoncer son intention de supprimer près d’un quart de ses effectifs, soit plus de 900 personnes. Sur ces emplois supprimés, 600 le seront dans les équipes de TripAdvisor aux États-Unis et au Canada. Les bureaux de l’entreprise dans le centre-ville de Boston et à San Francisco seront également fermés.

Dans le même temps, la société va demander à la plupart de ses salariés de passer à une semaine de travail de 4 jours qui s’accompagnera d’une réduction de salarie temporaire de 20% pendant trois mois à partir de juin. Un effort qui permettra de sauver une centaine d’emplois selon Stephen Kaufer, co-fondateur et PDG de TripAdvisor. Ces mesures s’inscrivent dans un plan en trois phases mis en place par l’entreprise américaine pour faire face à l’impact de l’épidémie de coronavirus, les licenciements massifs étant la dernière étape de ce plan d’urgence. Il s’agit d’une mauvaise nouvelle de plus pour la société qui avait déjà supprimé 200 postes il y a quelques mois à cause de la concurrence de plusieurs acteurs du secteur, notamment Google qui a lancé un série d’outils de recherche de voyage qui rivalisent avec TripAdvisor. En quête d’un nouveau souffle après de mauvais résultats et une dégringolade à Wall Street en 2019, l’entreprise américaine, prise de vitesse par le Covid-19, n’a même pas eu le temps de s’offrir une bouffée d’oxygène en 2020.

«Malheureusement, il n’y a pas de manuel pour cette situation dans laquelle nous sommes ensemble en ce moment. Je n’ai jamais imaginé un monde où presque chacun de nos employés travaillerait brusquement à domicile. Je n’ai jamais imaginé un monde où un simple voyage à l’épicerie créerait tant d’angoisse intérieure et de peur. Je n’ai jamais pensé que tant de personnes seraient seules dans un hôpital, en dehors de leur famille, se battant pour survivre», a déclaré Stephen Kaufer, le patron de TripAdvisor. Des propos qui résument assez bien le sentiment général de l’industrie dans cette période très difficile.

Expedia en quête de 3,2 milliards de dollars pour «survivre»

Ce n’est pas Expedia qui dira le contraire. Déjà mal au point au début de l’année, comme le prouvait la suppression de 3 000 emplois dans ses rangs, soit 12% de ses effectifs, après une année 2019 jugée «décevante», le voyagiste américain cherche désormais à lever 3,2 milliards de dollars pour tenir le choc face aux conséquences du Covid-19 sur son activité. D’ici le 5 mai, l’entreprise doit lever 1,2 milliard de dollars de participation en capital et 2 milliards pour financer la dette. Et parmi les fonds au chevet d’Expedia, on retrouve notamment Silver Lake, qui a déjà épaulé Airbnb dans le cadre de sa levée d’un milliard de dollars début avril.

«Nous avons un seul but : garder du cash, survivre et utiliser cette période pour reconstruire une entreprise plus forte», a indiqué Barry Diller, le président d’Expedia, qui gère une galaxie de sites autour du voyage (Expedia, Hotels.com, Trivago…). Une référence à peine voilée à la croissance réalisée «de manière malsaine et indisciplinée» qu’évoquait le groupe en début d’année. Il faut dire qu’Expedia a eu le plus grand mal à tourner la page Dara Khosrowshahi, qui a lâche les rênes du voyagiste américaine en 2017 pour aller sauver Uber. Malgré la situation plus que délicate dans laquelle se trouve Expedia, Barry Diller se montre optimiste avec un poil de philosophie : «Tant qu’il y a de la vie, il y a des voyages.» Le problème, c’est de savoir quand ils seront à nouveau possibles.

En attendant de connaître les conséquences définitives de la crise du coronavirus sur l’industrie du voyage, l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) estime que le nombre de touristes dans le monde va baisser jusqu’à 3% à cause du Covid-19, au lieu de la hausse de 4% espérée initialement. Cette baisse devrait se traduire sur le plan financier par «une perte estimée entre 30 et 50 milliards de dollars des recettes pour le tourisme international». Logiquement, la région Asie-Pacifique devrait être la plus touchée selon l’OMT, avec une baisse attendue des arrivées de l’ordre de 9 à 12%, contre une hausse de 5 à 6% pour l’année 2020 dans les estimations avant la pandémie. En 2019, environ 1,5 milliard de touristes avaient parcouru le monde. Ce sera donc beaucoup moins cette année.

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Un commentaire

  1. Je pense que c’est d’autant plus normal car le Coronavirus a impacté ces niches et d’autres niches comme les loisirs en plain air, les fêtes…, je pense même qu’après Coronavirus, ces secteurs risques encore d’avoir des problèmes car l’économie sera un peu en chute libre et les gens préféreront épargner plutôt que dépenser dans le luxe et les loisirs.

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