Alan: 50 millions d’euros pour poursuivre la digitalisation du secteur de l’assurance santé
Alors que la nécessaire poursuite de la transformation du secteur de la santé fait partie des sujets qui ont émergé de la crise sanitaire que vit actuellement le pays, l’AssurTech Alan annonce une levée de 50 millions d’euros dans un tour de table de série C mené par le fonds souverain singapourien Temasek. Des investisseurs historiques, dont Index Ventures, ont également participé.
C’est en 2016, alors qu’entrait en vigueur l’obligation pour les entreprises de fournir une complémentaire santé à leurs salariés, qu’Alan a émergé dans ce marché avec une offre 100% digitale. La startup est ainsi partie à la conquête d’un secteur marqué par la présence d’un grand nombre d’acteurs, mais également en besoin de renouveau. La Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) comptabilisait 474 organismes exerçant sur le marché de l’assurance santé en 2017. A noter qu’il existe tout de même une forte tendance à la concentration. À titre d’illustration, 10 ans plus tôt en 2007, il en existait 942.
Répartition entre les différents types d’organismes
Autre signe distinctif du secteur: la présence d’acteurs historiques qui doivent accélérer leur transformation mais pèsent aussi encore très lourd en termes de chiffres d’affaires et d’adhérents. Lors de son lancement, Alan a été la première assurance santé indépendante à recevoir l’agrément de l’ACPR (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution) depuis 1986.
38,2 milliards d’euros de cotisations pour les complémentaires santé en 2018
Avec une dépense de santé de près de 3 000 euros par habitant, la France est l’un des pays de l’OCDE qui consacre la part la plus élevée de sa richesse à la santé, note la Drees dans son rapport dédié. Selon les chiffres de la Fédération française de l’assurance, le marché de la complémentaire santé a progressé de 2,6% en 2018 pour atteindre 38,2 milliards d’euros de cotisations.
Un marché dominé par le mastodonte VYV- groupe né en 2017 du rapprochement entre la MGEN, Istya et Harmonie Mutuelle- avec 5,1 milliards d’euros de cotisations en affaires directes en 2018, selon le classement annuel de L’Argus de l’assurance. Axa France (2,3 milliards d’euros) et Groupama (2,1 milliards d’euros) forment le reste du trio de tête. Ce dernier devrait d’ailleurs être chamboulé lors des prochains résultats à la suite de la création en 2019 du groupe Malakoff Humanis, issu de la fusion de Malakoff Médéric et d’Humanis.
Alan veut devenir une plateforme globale de services autour de la santé
Dès sa genèse, la startup fondée par Jean-Charles Samuelian et Charles Gorintin a proposé une assurance complémentaire santé dématérialisée via un circuit qui se veut simplifié et modernisé pour les utilisateurs. Ces derniers peuvent par exemple en quelques clics obtenir leur carte de mutuelle sur l’application mobile ou encore ajouter leur famille.
Depuis, la solution a également évolué pour devenir une plateforme plus globale de services autour de la santé. «C’est vraiment notre conviction, d’ajouter des services qui aident à mieux et vivre, à mieux gérer sa santé», explique Jean-Charles Samuelian, interviewé par Frenchweb à l’occasion de la levée.
«Les utilisateurs vont retrouver des outils de prévention qui vont les aider à faire le bon check-up au bon moment, basé sur leur historique s’ils nous donnent accès à leurs données. Le deuxième point est l’accès à de l’information de qualité. Ils peuvent donc parler à un médecin très rapidement en quelques minutes dans l’application et en vidéo. La troisième brique est ‘comment je navigue ce système de santé qui est complexe’. Là, nous proposons des outils qui permettent aux utilisateurs de trouver des médecins autour d’eux, de savoir quand ils sont disponibles, de connaitre le coût et le niveau de remboursement», illustre le co-fondateur d’Alan. Pour ce qui est de la téléconsultation, la startup s’est par exemple alliée au Suédois Livi.
Comment la crise sanitaire actuelle affecte les activités d’Alan? Quels ont été les défis pour construire sa plateforme technologique? Comment l’entreprise tente de se démarquer face aux mastodontes du marché? Retrouvez l’interview complète de Jean-Charles Samuelian, co-fondateur et CEO d’Alan.
Cette nécessité de transformation des complémentaires santé vers une plateforme plus globale est en effet un enjeu repéré par les analystes de Xerfi-Precepta pour l’avenir du secteur: «Les nouveaux modèles visent à interconnecter l’assurance santé et les univers de besoins concernés. Il faut en effet passer d’une logique d’offre globale à celle d’accompagnement global. En clair, les opérateurs doivent se détacher d’une logique de vente et de distribution pour intégrer l’assurance santé aux expériences et parcours de vie des assurés, forcément digitaux aujourd’hui».
Comment rivaliser face aux mastodontes du marché?
Pour Jean-Charles Samuelian, c’est notamment l’ADN digital dont jouit Alan depuis sa naissance qui va lui permettre de résister et de continuer à se développer face aux autres acteurs du secteur. «Je pense que la vraie différence est que nous sommes une boîte de produit et de technologie où la grande majorité des salariés travaillent sur la technologie, l’ingénierie, le design, le produit, la simplification. Alors qu’eux sont des boîtes historiques qui essayent de se transformer digitalement. Et cette différence d’ADN se transcrit partout: dans la qualité du produit, l’agilité, dans la rapidité avec laquelle notre application mobile est mise à jour».
Cependant, ces acteurs historiques sont loin d’être attentistes, à l’instar du géant VYV «qui ambitionne de déployer une logique de services généralisée autour du mieux-vivre et de l’accompagnement tout au long de la vie », cite par exemple l’étude de Xerfi-Precepta. Face à des acteurs extrêmement bien implantés et jouissant d’une forte notoriété, la startup doit donc continuer à accélérer pour prendre des parts de marché.
5 000 entreprises clientes
Aujourd’hui, Alan couvre près de 5 000 entreprises et plus de 76 000 personnes. Pour s’étendre, la startup a élargi ses cibles et s’adressent désormais aux entreprises, aux indépendants, mais aussi aux particuliers, aux retraités, aux fonctionnaires. Côté secteurs, elle a également construit une offre spécifique pour les entreprises de l’hôtellerie et de la restauration et compte s’attaquer encore à d’autres domaines d’activités. Alan propose également une couverture prévoyance pour les entreprises.
La jeune pousse a ainsi vu ses revenus annualisés grimper pour atteindre 58 millions d’euros contre 22 millions d’euros lors de sa précédente levée réalisée en février 2019. Au total, elle a réuni 125 millions d’euros de fonds depuis sa création.
Pour l’instant, la startup explique ne pas privilégier la rentabilité mais sa croissance. «En février 2019, nous comptions 65 salariés et nous sommes maintenant presque 200 personnes. Nous continuons également à investir très fortement dans le produit, la technologie et la différenciation. Nous investissons aussi dans de nouveaux pays. Donc nous avons repoussé un peu notre point d’équilibre», développe Jean-Charles Samuelian.
L’internationalisation déjà lancée
Alan prévoit donc de continuer à investir dans sa technologie, notamment pour rendre son service le plus instantané possible. La startup va également poursuivre le développement de services et son expansion à l’international. Elle a ainsi récemment ouvert des bureaux en Espagne et en Belgique. Son objectif est de s’étendre sur la majeure partie du continent dans les 5 prochaines années.
Alan : les données clés
Fondateurs : Jean-Charles Samuelian et Charles Gorintin
Création : 2016
Siège social : Paris
Effectifs : 200
Secteur : Assurance santé
Activité : Complémentaire santé
Financement : 125 millions d’euros depuis sa création. Investisseurs: Temasek, Index Ventures, CNP Assurances, Partech Ventures…
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