Après ses rivaux, Twitter mise sur les stories avec le lancement des « fleets »
AFP
Twitter a lancé mardi ses « fleets », des messages qui disparaissent au bout de 24 heures, et prépare le lancement de diverses fonctionnalités, de l’audio au direct et à de nouvelles formes de modération de la plateforme qui émerge d’une année d’échanges particulièrement tendus à cause de la politique américaine. Le réseau social testait depuis mars les fleets ou « pensée fugaces » (fleeting, en anglais) au Brésil, en Inde et dans d’autres pays, pour vérifier que ce format éphémère encourage les utilisateurs timides à s’exprimer, sans ressentir de pression à l’idée que leur formulation ne soit pas parfaite et reste à jamais gravée dans le marbre numérique.
L’expérience a été concluante: « les gens se sentent plus à l’aise pour partager des choses qui leur viennent à l’esprit, des opinions, des sentiments », a indiqué Joshua Harris, directeur du design, lors d’une conférence de presse. « Vous pouvez copier-coller un tweet dans un fleet, en ajoutant un commentaire ou pas, en sachant qu’il ne restera que 24 heures » -à moins, évidemment, de réaliser une capture d’écran du « fleet » qui peut ainsi être partagé n’importe où.
La plateforme arrive après ses rivales. Les fleets ressemblent aux « stories », les éphémères vignettes visuelles créées par Snapchat en 2013. Ultra populaires, elles ont déjà été copiées sur les différentes plateformes de Facebook, comme Instagram, et, plus récemment sur LinkedIn (Microsoft). « Cela peut donner l’impression qu’on entre un peu tard dans la partie, mais nous avons voulu être consciencieux et explorer le format », a justifié Joshua Harris.
Des tweets vocaux en 2021?
Twitter travaille aussi au lancement en 2021 de tweets vocaux (« voice tweets »). « Parfois, 280 caractères, ça ne suffit vraiment pas. Et parfois ce n’est pas la bonne façon de communiquer », a résumé Maya Gold Patterson, designer. Son équipe a exploré l’hypothèse selon laquelle « entendre l’empathie, l’émotion et la nuance dans la voix de quelqu’un pourrait aider les personnes à se connecter entre eux différemment ». Ces messages audio sont testés depuis juin sur les iPhones, notamment par des marques.
Le déploiement a pris du retard, Twitter ayant décidé de ne pas les généraliser avant d’avoir mis au point les transcriptions automatiques, pour ne pas exclure les personnes malentendantes. A côté des fils de tweets et de fleets, le groupe californien voudrait en outre un jour proposer des « espaces audio » de discussion, un peu comme des « dîners organisés par de très bons hôtes », où « chacun peut facilement prendre part à la conversation », même sans connaître les autres participants, a expliqué Maya Gold Patterson.
Ce projet évoque les « Messenger Rooms » de Facebook, qui permettent de retrouver ses amis dans des sortes de salons virtuels et informels, en vidéo, ou encore Clubhouse, une application de conversations audio lancée sur invitation dans la Silicon Valley, au printemps. La pandémie et les mesures de distanciation sociale ont entraîné des pics d’utilisation des outils vidéo et en direct, et une flopée de nouvelles fonctionnalités sur les plateformes décidées à saisir ces opportunités.
Éviter les dérives et l’incivilité
Mais là encore Twitter veut prendre son temps, pour s’assurer que ces espaces ne souffrent pas des dérives et de l’incivilité dont souffrent régulièrement les échanges écrits. « Nous allons lancer cette expérimentation avec un tout petit groupe d’utilisateurs, appartenant à des catégories qui subissent de façon disproportionnée ces abus, des femmes et des personnes marginalisées », a détaillé la designer. Le réseau des gazouillis s’attire régulièrement les foudres d’associations et de politiques qui le considèrent trop ou pas assez sévère avec les messages violents ou haineux. Il est notamment largement associé au phénomène de la « cancel culture », c’est-à-dire la capacité des foules en lignes à ternir l’image de marques, célébrités ou inconnus dont les actes ou propos sont jugés insultants par des internautes.
Twitter a rappelé ses efforts pour pacifier le débat, avec la possibilité de cacher les commentaires offensants et les incitations à lire un article avant de le partager juste sur la foi du titre. « Ça marche », s’est félicitée Christine Su, cheffe de produit. « 40% de personnes en plus ont lu le contenu avant de le propager ». Les algorithmes permettent aussi désormais de « retirer 50% des tweets qui enfreignent les règles avant même qu’ils soient signalés ». Elle a annoncé que son entreprise planchait sur d’autres façons « d’aider les gens à être plus respectueux et gentils », comme des notifications « coup de coude » pour rappeler à quelqu’un de mieux se comporter, ou encore la possibilité de présenter des excuses en privé.
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