Avec le Big data, le conseiller emploi virtuel va optimiser le marché de l’emploi
Le paradoxe est connu. Malgré le chômage de masse qui sévit en France, des dizaines de milliers de postes, peut-être des centaines de milliers, ne trouvent pas preneurs. Et ce ne sont pas seulement les métiers réputés difficiles ou précaires qui manquent de candidats.
Régulièrement, les industriels soulignent le déficit dans des spécialités telles que la mécanique et la chaudronnerie. Le manque d’attrait de certaines professions n’explique pas tout. Le marché de l’emploi souffre d’un problème d’anticipation global. Quelques 30 milliards d’euros sont consacrés à la formation chaque année, mais selon quelle logique ? De l’aveu même de nombreux « financeurs », il n’existe pas de données prospectives. L’argent est bien là, c’est la capacité à l’utiliser efficacement qui fait défaut.
Une photographie précise du marché
Grâce à l’agrégation des offres d’emploi sur Internet, il est désormais possible de connaître en temps réel le nombre d’offres disponibles – plus d’un million en temps normal -, les secteurs, les métiers, les types de contrats, et parfois les salaires. Cette photographie permet également de savoir en un clin d’œil où se situent les emplois, quelles sont les régions qui offrent des opportunités et lesquelles sont sinistrées. Le numérique apporte donc une transparence totale du marché.
Les collectivités locales l’ont bien compris et commencent à créer leurs propres sites d’emploi afin de présenter sur une plateforme unique l’ensemble des offres dans leur agglomération dans le but de fluidifier le marché.
Analyser les parcours des candidats
L’analyse de millions de CV et de millions de recherches d’emploi va ouvrir aux candidats des perspectives insoupçonnées. Le candidat classique définit généralement ses critères de recherche en fonction de ses compétences et de son parcours, une analyse souvent loin d’être exhaustive.
Le big data va permettre d’analyser les parcours de dizaines de milliers de personnes aux profils similaires et ainsi d’ouvrir de nouvelles perspectives. « Vous cherchez ce métier mais 25% des personnes avec votre parcours se sont également orientées vers cet autre métier et 12% vers ce troisième métier où il y a beaucoup plus d’offres ».
Un véritable conseiller emploi virtuel
La puissance des algorithmes permet d’offrir une assistance aux demandeurs d’emploi qui s’apparente à un véritable conseiller emploi virtuel. Ce dernier va fournir des informations sur les compétences traditionnellement recherchées pour chaque métier. Il pourra alors suggérer au candidat d’ajouter une compétence clé dans son CV lui permettant de se distinguer, ou lui proposer une formation utile pour sa recherche.
Un exemple : pour une assistante administrative, métier où il y a beaucoup de candidats pour peu d’offres, les algorithmes vont identifier les compétences clés qui feront la différence telle que la capacité à gérer les urgences. Cela sera signalé aux candidats qui pourront l’ajouter à leur CV ou leur lettre de motivation. En améliorant à la fois la qualité de l’offre et de la demande, le numérique va fluidifier et donc dynamiser le marché de l’emploi.
Une nouvelle répartition des tâches avec Pôle Emploi
La mission du conseiller emploi virtuel n’est pas de remplacer son homologue physique. En matière d’emploi, l’humain aura toujours un rôle à jouer, notamment auprès des publics les plus éloignés du marché. Mais l’accompagnement numérique a des avantages pour les publics mieux insérés à qui il apporte rapidité, exhaustivité et précision.
Ainsi se dessine progressivement une répartition des tâches plus optimales entre Pôle Emploi et les acteurs privés. Depuis plusieurs années, plusieurs voix s’élèvent pour que Pôle Emploi « ouvre » sa base d’offres à des tiers en particulier aux start-up.
Thomas Allaire, PDG de JobiJoba
Après une formation d’ingénieur en informatique et statistiques à Vannes, Thomas Allaire débute sa carrière au début des années 2000 à Paris au sein d’une grande agence de société de services informatiques. Il accompagne en tant que directeur de projet Web de grands comptes (EDF, France Télécom, General Electrics), et des start-ups (HiMédia et Direct Média…). En 2007, il fonde Jobijoba, à Pessac.
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