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Bientôt une nouvelle bulle Internet ? Les avis de trois entrepreneurs français (1/2)

Un nouveau vent de panique a soufflé cette semaine aux États-Unis après les déclarations de Evan Spiegel, le patron de Snapchat. «Il faut s’attendre à une correction», a-t-il prévenu, alors que les taux d’intérêt sont maintenus à de faibles niveaux, encourageant les investisseurs à libérer leurs actifs. «Ces taux ont encouragé les investissements à risque», prévient le CEO. La patronne de la Fed Janet Yellen s’est aussi inquiétée du phénomène, ne voyant pourtant pas encore de «risque systémique» sur le secteur bancaire.

Première salve de réactions des entrepreneurs et investisseurs français.

Capture d’écran 2015-05-28 à 15.59.51Un risque, oui, mais à nuancer. L’inflation sur les valorisations des start-up aux États Unis est nette, mais elle se décompose d’après moi selon trois axes. D’abord, sur les boites cotées ou qui pourraient l’être par la taille qu’elles ont atteinte (Facebook, Uber, etc.) Mais pour celles-ci cela correspond d’après moi à un réel marché ou potentiel de marché, donc je pense que ça n’est pas hors de proportion. Ensuite, sur des start-up qui démarrent, pour lesquelles les valeurs ont beaucoup monté dès l’amorçage. Ce n’est pas très grave en tant que tel, mais cela va diminuer fortement les retours sur investissement, et potentiellement rendre difficiles les refinancements pour certaines start-up si jamais les valorisations redescendent… Enfin, certaines entreprises qui n’auraient peut-être pas réussi à lever des fonds dans un environnement plus classique y arrivent quand même, ce qui est plus ennuyeux, car le processus de levée de fonds doit rester sélectif, ne serait-ce que pour obliger un entrepreneur qui n’a pas encore bien affiné son idée, à le faire.

gael-duvalNon, il ne faut pas penser que nous sommes en 2000. Contrairement à cette année, il n’y a pas de risques systémiques pour plusieurs raisons: 

– D’abord, l’essentiel des sociétés survalorisées ont des business modèle solides. Elles disposent de cash et font beaucoup de croissance en disruptant des secteurs économiques à forte valeur. Elles ont fait leur preuve.

– Les survalorisations concernent le plus souvent des sociétés non cotées en Bourse, donc le risque de catastrophe financière comme en 2000 est faible. L’impact ne sera pas systémique car il s’agit pour la plus part de relation fonds à sociétés. 

– Si éclatement il y a, cela portera sur les secteurs «matûres» et «décorélés» des réalités business ; comme l’e-commerce qui peine à gagner de l’argent. Seul Amazon sera «épargné» car il y a beaucoup de R&D.

– Enfin, tant que la valeur de l’argent sera proche de zéro voire négative, cela va continuer.

MAmarOui et non, mes sentiments sont mitigés sur le sujet. Le fondateur de Snapchat va en effet dans ce sens. A cette conférence où est intervenu Evan Spiegel, je parlais justement avec des VC américains qui me disaient que des entrepreneurs venaient avec une idée et eux proposaient d’investir 3 millions, à partir d’une valorisation de 15 millions. D’un autre côté, il y a beaucoup d’argent engagé et les futurs Facebook et Linkedin sont bel et bien en train de se créer. Pour leur permettre d’éclore, il leur faut beaucoup plus d’argent qu’auparavant, car ils cherchent tous à avoir une taille critique avant d’enclencher la génération de revenus. 

Cela fait quatre ans que nombre d’analystes disent qu’il y a une bulle, alors qu’il est pourtant difficile de savoir quand elle va exploser… Cela est sûrement le fait d’évènements extérieur au monde high tech (remontée des taux d’intérêt, guerre, entre autres.) 

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