Bit Source, la start-up qui convertit les ouvriers licenciés au code informatique
Entre 2009 et 2016, le nombre médian d'employés des usines est passé de 30 à 20, d'après une étude du cabinet Trendeo. Parmi les victimes de cette baisse des effectifs, les ouvriers du site Whirlpool d'Amiens, qui, en janvier 2017, ont appris la délocalisation de leur usine de production de sèche-linge en Pologne. Au départ, l'usine comptait plus de 1 000 salariés. Au fil des plans sociaux, il n'en reste plus que 290 aujourd'hui. A l'inverse, le secteur digital continue, lui, à créer de nouveaux emplois, avec 54 000 cadres qui devraient être recrutés en 2017, d'après le Syntec numérique.
Alors que le dossier Whirpool a mobilisé les candidats à l'élection présidentielle tentant d'apporter des réponses aux ouvriers, à l'étranger, des solutions ont commencé à émerger du digital.
Aux États-Unis, le parallèle entre le monde ouvrier et celui des programmateurs informatiques s'est en effet concrétisé. Depuis 2014, Bit Source, une start-up de la région des montagnes Appalaches propose en effet aux ouvriers de se reconvertir… en développeurs Web. Ses deux fondateurs, Rusty Justice et Lynn Parish, sont deux anciens mineurs de Pikeville, une ville du Kentucky. Pendant 40 ans, ils ont travaillé dans les mines de charbon qui entourent la ville. Rusty Justice avait même créé une première société, Jigsaw Enterprises, qui travaillait à 70% pour des entreprises dans le secteur du charbon.
Pour cette idée de start-up, l'histoire commence en 2011, lorsque les prix du charbon chutent de 75%. Les grandes entreprises du secteur minier font faillites et près de 26 000 mineurs américains perdent leurs emplois. Comme pour le cas Whirlpool, les candidats à l'élection présidentielle américaine de 2016 se saissent même du sujet pendant leur campagne. Avec leurs économies, les deux mineurs achètent une ancienne usine Coca-Cola. Rusty et Lynn se demandent alors ce qu'ils peuvent en faire: fermes solaires, parcs pour éoliennes etc. C'est en regardant les emplois créés dans les villes de Louiville, Cincinnati ou encore Lexington que l'idée vient. Les développeurs Web gagnent en moyenne 70 000 dollars par an, autant que dans les usines de charbon.
A partir de ce constat, ils décident de se former au code. Les deux fondateurs publient ensuite des publicités radios et des dépliants pour inciter les mineurs sans emploi à devenir programmateur informatique. Rusty Justice et Lynn Parish attendaient 50 candidatures, ils en reçoivent plus de 950. Ils en embauchent 10, raconte Bloomberg.
Ces mineurs sans emploi ont avec Bit Source une formation de 5 mois rémunérés par le Labor Department. Bien qu’ils ne soient pas nés avec le digital, et pour certains d’entre eux pas formés à utiliser un ordinateur, leur persévérance a permis aux anciens mineurs d’apprendre malgré tout à coder. L'objectif de la start-up avec ces recrutements est de devenir rentable dès l'année 2016.
source: vocativ.com
Pas encore de reconversions en France
En France, des initiatives similaires voient le jour, à l’image de Simplon.co qui propose des formations au développement informatique financées par Pôle Emploi. Installée à Montreuil, l’école vise en priorité les jeunes demandeurs d’emploi.
Côté initiative public, l'Etat a tenté de mettre en place «les grandes universités du numérique» dont l'ambition est de proposer aux jeunes en décrochage scolaire une formation. Ces dernières sont gratuites et s'étalent sur trois mois ou sur deux ans. Parmi les établissements labellisés «Grande Ecole du numérique», on trouve l'Ecole 42 de Xavier Niel qui forment les futurs développeurs.
Reste donc à savoir sur la France est-elle prête pour ce type de reconversion. Aux Etats-Unis, le principe commence à entrer dans les moeurs. «Les gens qui se lèvent chaque matin pour aller au travail et faire du bon boulot: qu’ils construisent des voitures, aillent à la mine ou fassent du code, sont tous les ouvriers du 21ème siècle», écrivait en février dernier un journaliste du magazine Wired.
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