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Bitcoin : comment fonctionne la traçabilité des transactions ?

Lors de l’opération menée par la gendarmerie nationale pour libérer David Balland, cofondateur de l’entreprise de cryptomonnaies Ledger, et son épouse, un volet cyber a permis de retracer le paiement d’une rançon en cryptomonnaies, d’un montant supérieur à 10 millions d’euros. Bien que partiellement versée, les transactions ont été suivies par les autorités, permettant d’identifier les responsables impliqués. La quasi-totalité des fonds a depuis été gelée en vue d’une saisie, témoignant de l’efficacité des outils de traçabilité utilisés dans le cadre de cette enquête.

Car contrairement à l’idée d’un anonymat total souvent associée au Bitcoin, chaque transaction effectuée sur sa blockchain laisse une trace consultable et cela par tous. Ce registre public et immuable permet non seulement de garantir la sécurité des échanges, mais aussi d’analyser les flux financiers et de détecter des activités illicites. Cette traçabilité repose sur des mécanismes techniques rigoureux et des outils sophistiqués, qui répondent aux besoins croissants des institutions financières et des régulateurs.

Quels sont les mécanismes derrière la traçabilité des transactions Bitcoin ?

Ainsi la traçabilité des transactions Bitcoin repose sur un système cryptographique qui se structure autour de deux éléments fondamentaux : la clé publique et la clé privée.

La clé privée, détenue uniquement par l’utilisateur, est utilisée pour signer les transactions et prouver la propriété des fonds. La clé publique, quant à elle, agit comme une adresse visible sur la blockchain, permettant d’envoyer ou de recevoir des fonds.

Ces transactions sont enregistrées de manière chronologique et permanente dans la blockchain, un registre décentralisé accessible à tous. Chaque entrée contient des informations précises telles que l’adresse de l’expéditeur, celle du destinataire, le montant transféré et un identifiant unique. Cet enregistrement structuré permet de suivre les flux financiers associés à une adresse ou une transaction spécifique, garantissant ainsi une transparence totale des mouvements sur le réseau.

Cela étant, exploiter ces données n’est pas si simple. Pour pouvoir analyser ces données, des explorateurs de blockchain, comme Etherscan ou Blockchain.com, permettent d’interroger directement la blockchain. Ces outils donnent accès à l’historique complet des transactions associées à une adresse et peuvent fournir des informations détaillées sur les actifs détenus et les flux correspondants.

Quels outils permettent d’analyser les transactions Bitcoin ?

Cette traçabilité des transactions Bitcoin peut être étendue au delà des données brutes disponibles sur la blockchain. Des entreprises spécialisées, telles que Chainalysis, Elliptic et CipherTrace, ont développé des outils avancés pour développer des analyses prédictives afin d’identifier des comportements à risque.

Chainalysis est l’une des entreprises les plus notoires dans ce domaine. Son outil Reactor permet de regrouper les adresses associées à une même entité et de visualiser les réseaux transactionnels complexes pour tracer les flux de fonds. Cette solution est complétée par KYT (Know Your Transaction), qui analyse de son coté les transactions en temps réel et évalue leur risque en fonction de modèles prédictifs.

Elliptic propose une approche similaire avec sa plateforme Navigator, qui associe des outils d’analyse graphique à une base de données d’adresses identifiées comme liées à des activités illicites. Cette combinaison facilite l’évaluation des risques et l’identification des transactions suspectes.

CipherTrace, quant à lui, se concentre sur la traçabilité et la conformité réglementaire. Son outil Investigator permet de visualiser les flux transactionnels et de détecter les comportements anormaux. CipherTrace propose également Armada, une solution dédiée à la surveillance des plateformes d’échange et autres fournisseurs de services d’actifs virtuels pour évaluer leur conformité aux réglementations internationales.

Quels sont les enjeux liés à la traçabilité des transactions Bitcoin ?

L’utilisation de ces outils a permis de renforcer significativement la lutte contre les activités illicites dans l’écosystème crypto. Grâce à l’analyse détaillée des flux transactionnels, il est désormais possible d’identifier des comportements liés au blanchiment d’argent, au financement du terrorisme ou à d’autres activités criminelles. Ces technologies jouent également un rôle crucial dans la détection et la prévention des fraudes, en aidant les institutions financières à se conformer aux exigences réglementaires internationales, notamment celles relatives à la lutte contre le blanchiment d’argent (AML) et le financement du terrorisme (CTF).

Toutefois les techniques d’anonymisation, comme l’utilisation de mixers ou de cryptomonnaies axées sur la confidentialité telles que Monero ou Zcash, compliquent le travail des outils de traçabilité et créent des zones d’ombre difficiles à analyser.

Comment les autorités exploitent-elles les outils de traçabilité ?

Plusieurs affaires récentes, notamment le kidnapping de David Balland et son épouse, ont démontré l’efficacité des outils de traçabilité. Lors de l’attaque par ransomware contre Colonial Pipeline, les forces de l’ordre ont pu retracer et récupérer une partie des fonds versés en rançon grâce aux analyses fournies par Chainalysis. Dans le cadre de l’effondrement de FTX, des outils comme ceux d’Elliptic ont permis de suivre les flux frauduleux et d’identifier des actifs détournés.

Cependant, des affaires comme celle de Bitcoin Fog, où des techniques d’anonymisation ont été utilisées pour masquer des activités illicites, montrent que la traçabilité reste complexe face à des acteurs très au fait des techniques.

Quelles sont les perspectives d’évolution pour la traçabilité des transactions ?

La traçabilité des transactions Bitcoin continue de se perfectionner notamment grace à l’intelligence artificielle et au machine learning, qui permettent une analyse toujours plus fine et rapide des flux transactionnels. Les régulateurs internationaux, tels que le GAFI, poussent à une standardisation des pratiques de transparence sur les exchanges, renforçant ainsi la conformité globale de l’écosystème crypto.

Cependant, l’équilibre entre transparence et confidentialité demeure complexe. À mesure que des cryptomonnaies anonymes et des blockchains privées gagnent en popularité, les acteurs de la traçabilité doivent développer des approches de plus en plus pointues. Reste à savoir qui sera le plus rapide entre le chat et la souris.

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