BlaBlaCar a tiré de larges revenus grâce à un mécanisme environnemental validé par l’Etat
AFP
Le Français leader mondial du covoiturage BlaBlaCar a obtenu depuis 2012 un soutien de « plusieurs dizaines de millions d’euros » par an grâce à un mécanisme d’obligations environnementales financé par les énergéticiens, le « CEE », dont l’efficacité en termes de bénéfices climatiques a été « surestimée » par l’Etat, affirme samedi le journal Le Monde.
« La start-up a profité d’un discret soutien avalisé par l’Etat, à hauteur de plusieurs dizaines de millions d’euros par an (…) une rente opaque dont BlaBlaCar a été le bénéficiaire quasi exclusif pendant une décennie et continue de profiter aujourd’hui », écrit le quotidien.
Selon Le Monde, l’entreprise a engrangé de confortables revenus grâce à un mécanisme, les Certificats d’économies d’énergies (CEE), qui au nom du principe du pollueur-payeur, imposent à des fournisseurs d’énergies de financer des actions favorisant la sobriété et l’efficacité énergétiques. C’est dans ce cadre que TotalEnergies et BlaBlaCar se sont engagés dans un partenariat, à partir de 2012.
Selon Le Monde, à l’époque, le groupe pétrolier offrait des cartes carburants de 20 euros aux nouveaux inscrits tout en versant à BlaBlaCar « plusieurs dizaines d’euros pour chaque conducteur enregistré », générant ainsi des liquidités pour la start-up en développement.
Ce montage, « validé par le ministère de l’Ecologie » et aux contours « secrets », s’inscrivait dans le cadre d’une « opération spécifique CEE », qui aurait profité à « la seule entreprise » Blablacar pendant des années, avant que « ses rivaux Karos et Klaxit (absorbé par BlaBlaCar en 2023) » n’obtiennent « l’équivalent que quelques années plus tard », dans une moindre mesure, explique Le Monde.
« Jusqu’en 2023, chaque acteur du covoiturage avait sa propre fiche spécialisée (opération spécifique CEE), nous, mais également nos concurrents », s’est défendu BlaBlaCar auprès de l’AFP.
Selon les calculs du Monde, ces dispositifs ont permis aux trois plateformes d’engranger ensemble « au moins 250 millions d’euros entre 2012 et 2021 ». Par la suite, en 2023, le gouvernement a publié une fiche standardisée CEE pour tous les acteurs du covoiturage.
TotalEnergies, qui dit être en partenariat avec trois opérateurs (BlaBlaCar, Moovance, Stadium Go), a précisé à l’AFP avoir versé en 2023 des primes à près de 500.000 nouveaux conducteurs. Selon Le Monde, BlaBlaCar aurait capté « au moins 100 millions d’euros » grâce aux CEE l’an dernier. Un chiffre que n’a pas voulu confirmer BlaBlaCar, sollicité par l’AFP, pas plus que les sommes perçues depuis le début, même si la société indique « n’avoir rien à cacher ».
Au-delà du soutien généré par les CEE au secteur du covoiturage, le quotidien met en cause des effets d’aubaine pour les automobilistes, soulignant que le calcul de leur bénéfice environnemental a été « très largement surestimé » par l’Etat.
Contacté par l’AFP, le ministère de l’Economie ne fait « pas de commentaire sur ce cas particulier » de BlaBlaCar, tout en soulignant que le ministre Bruno Le Maire « a annoncé que l’impact de tous les CEE sur les économies d’énergies va désormais être davantage évalué ».
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