[Bordeaux Numérique] Alain Rousset (PS) face à Virginie Calmels (Les Républicains)
Cette semaine : la région Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin avec Alain Rousset, le Président du Conseil régional d’Aquitaine depuis 1998, qui joue sa réélection pour un quatrième mandat. Face à lui, Virginie Calmels, l’adjointe au maire de Bordeaux Alain Juppé, et ancienne directrice générale d’Endemol. Un face à face sur les grandes questions, haut débit, transformation numérique, filières, projets de financements…
Frenchweb : Quelles ont été les actions positives et efficaces engagées par votre équipe depuis votre présidence, sur les questions du numérique et d’entrepreneuriat ?
Alain Rousset, président du Conseil régional d’Aquitaine : Trois domaines ont été particulièrement développés. Tout d’abord, l’aménagement du territoire avec l’accès au très haut débit par la fibre qui devient, et va surtout devenir, crucial pour l’attractivité et le développement de tous les territoires. En effet, afin de répondre aux défis actuels et futurs, et face à la faiblesse des investissements privés, les acteurs publics aquitains ambitionnent de construire un réseau public en très haut débit. Le maillage du territoire avec la fibre optique, grâce à un investissement public unique mobilisant tous les acteurs concernés, va permettre d’anticiper les besoins d’infrastructures des entreprises mais aussi de connecter les citoyens directement aux futurs services à domicile. C’est capital, notamment dans le domaine de la santé.
Le réseau public que nous finançons sera à terme loué aux opérateurs privés, qui contribueront ainsi à équilibrer les budgets de fonctionnement, et à plus long terme à amortir les investissements publics. Un projet d’investissement d’envergure a été mis en place avec les Départements depuis 2014. Les travaux commenceront en début d’année 2016. Ils permettront, dans un premier temps, à horizon 2020, de couvrir en moyenne 50 % du territoire aquitain. À ce jour, les opérateurs privés ne couvrent que 5 % du territoire aquitain. Cette action n’est pas neutre financièrement. Les collectivités vont investir plus de 600 millions d’euros jusqu’en 2020.
Ensuite, nous pouvons citer la transformation numérique des organisations publiques et privées.
Nous sommes au début de ce qu’on appelle la Troisième Révolution Industrielle : celle du digital.
Pour rester compétitif, il faut encourager nos entreprises à assimiler les technologies numériques, vecteur essentiel de croissance et de création d’emplois. L’enjeu de la transformation numérique des secteurs d’activité de l’économie régionale revêt, selon les domaines, des problématiques relevant parfois de la survie comme l’e-commerce par exemple ou l’e-tourisme. Cette transition numérique concerne également les acteurs publics qui doivent utiliser le numérique pour apporter de nouveaux services numériques de facilitation du quotidien pour les usagers.
Enfin, abordons le sujet de l’appui à la création d’innovations numériques des entreprises du secteur. Le Conseil régional d’Aquitaine soutient une cinquantaine de projets d’innovations numériques par an auprès des entreprises de la filière. Ainsi, des projets par exemple de jeu numérique à visée pédagogique (« serious games »), d’applications mobiles, de plateforme collaborative pour les professionnels de e-santé se développent en Aquitaine en créant de la valeur et des emplois. Bien souvent, ces projets sont développés sous la forme de prototypes, sorte de pré mise sur le marché. Ils permettent aux entreprises de tester rapidement si leurs créations numériques peuvent rencontrer une demande et des usages. Nous avons vu ainsi de nombreux prototypes financés se développer et accéder à des marchés nationaux ou internationaux avec grand succès. Les retombées sont alors évidentes en termes de créations de valeur et d’emploi. Par exemple, un prototype financé dans le cadre du dispositif « Aquitaine prototype » permet aujourd’hui de former aux pathologies cardiaques, via un jeu numérique, plus de 10 000 médecins.
La plus grande fierté de l’équipe et la promesse tenue depuis le début de vos mandats?
Nous avons su détecter des tendances dès le début des années 2000 sur le travail collaboratif, prémisse de l’économie collaborative, les usages, le social ou le communautaire, le ludique, la mobilité ou bien encore la confiance numérique. Cela vérifié dans les jeux vidéo ou la e-éducation.
Et nous avons ajouté un objectif de développement économique pour tous les projets que nous avons soutenus en adaptant notre accompagnement, pour aller plus vite et pour valoriser les innovations d’usages, disruptives.
Nous sommes au rendez-vous avec les engagements de développement numérique de 2010. Plus de 60 tiers lieux, en tant que centre d’espace de travail partagé entre le domicile et le travail, sont en activité en Aquitaine et les projets numériques se sont développés en grand nombre dans tous les secteurs de l’économie même traditionnelle. Les nouveaux appels à projets que nous avons lancés en 2015 sur l’économie collaborative notamment vont donner lieu d’ici la fin de l’année à l’émergence de plus de 40 nouvelles innovations numériques.
A l’inverse, quels sont les carences et les retards de la région?
C’est un constat global français mais qui se vérifie encore plus en Aquitaine. Les entreprises de la filière sont au trois-quarts des petites structures. L’enjeu est donc de miser sur l’accélération de leur développement et leur passage à l’industrialisation.
Autre carence, notre complexité d’organisation publique pour les entreprises. Les entrepreneurs du numérique nous réclament des interlocuteurs « un référent unique » pour leurs relations avec le monde public. A nous de clarifier, rendre lisible et apporter un service clé en main globalisé de l’accompagnement public aux entrepreneurs. Globalement, l’économie numérique d’Aquitaine est dans les cinq premières régions françaises en termes de volume, chiffre d’affaires et développement.
Frenchweb : Le candidat Rousset met en avant l’agenda très haut-débit de la région, en bonne voie selon lui. Sur quels sujets la Région, est-elle en retard ou à la peine?
Virginie Calmels, candidate Les Républicains : Clairement, le plan très haut débit n’a pas été assez anticipé. Une couverture de 50% du territoire, cela reste faible. Le plan n’est pas assez ambitieux.
Un autre élément n’est pas de nature à accélérer les déploiements de la fibre jusqu’au domicile (Fiber to the Home, FttH). Dans un modèle de commercialisation unique comme celui qui est envisagé, il est indispensable que les architectures techniques soient similaires, ce qui signifie cahier des charges commun, mode d’exploitation et SIG identiques, etc. Or les réseaux existants, en particulier dans les deux départements, sont lancés depuis plusieurs années et il serait nécessaire de stopper tout déploiement le temps de s’accorder sur ces modalités communes. Il n’est pas étonnant dès lors que les lourdeurs et les ralentissements portés par le modèle centralisateur proposé par la Région suscitent des réticences !
C’est la méthode Rousset, tout centraliser, à l’état de projet.
Ces orientations centralisatrices et inéquitables se retrouvent dans la Société Publique Locale (SPL) d’aménagement. Actuellement, la région propose aux départements un schéma très inégal et très complexe entre la SPL et les syndicats mixtes ouverts (SMO) des départements.
Dans ce schéma, le système fonctionne si la SPL est capable de commercialiser efficacement ses réseaux à des fournisseurs d’accès Internet (Orange, SFR, Free) qui eux-mêmes pourront commercialiser l’offre au grand public. Et dans ce schéma, bien sûr, le SMO construit, maintient, mais ne dégage pas de revenus directs, alors qu’il assume seul le risque financier.
Le principal reproche des deux départements qui refusent aujourd’hui d’adhérer (Gironde et Pyrénées-Atlantiques), c’est que le risque financier soit porté à 100 % par le SMO. Il faut préciser que ces départements sont précisément ceux qui ont été très volontaristes sur le sujet de l’aménagement, en se dotant de deux outils : IRIS64, une délégation de service public du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques, ainsi que Gironde Numérique, le syndicat mixte de la Gironde. Ils s’en voient bien mal remerciés, puisque le schéma proposé par la Région n’est pas équitable et vient « coiffer » leurs initiatives.
La vision de l’exécutif sortant est complètement centrée sur Bordeaux. On le voit dans l’action de l’agence de la Région en charge de l’animation numérique, Aquitaine Europe Communication (AEC), qui se résume depuis des années à la préparation et l’animation de la Cité Numérique de Bègles et délaisse le reste du territoire aquitain.
Je souhaite au contraire que tous les départements puissent bénéficier d’une animation de proximité et que les moyens d’accompagnement soient précisément déployés là où il y en a le plus besoin.
Ensuite, voulez-vous que nous parlions du déplorable « printemps numérique » monté à des fins pré-électorales, et qui a été au printemps dernier un fiasco absolu, dans les locaux mêmes du Conseil Régional ? Le sujet n’est-il pas sérieux et à prendre en compte autrement ?
Le problème de fond consiste en cette gestion en faux-semblants d’une grande partie de la dépense publique. On prétend porter de l’innovation, du développement, mais il s’agit d’image une fois sur deux.
Quelle(s) sont les promesses selon vous qui n’ont pas été tenues?
Je dois reconnaître que le candidat Rousset a su comprendre qu’il était nécessaire de dépasser les clivages partisans et d’avoir accepté de soutenir intelligemment la candidature de Bordeaux au label French Tech. Avec la labellisation, c’est un véritable accélérateur de croissance que nous avons pu développer pour les entreprises et les start-ups, d’autant plus efficace qu’il se fonde sur un budget léger, efficace et stratégique.
Mais il y a l’immense abandon de la majeure partie des entreprises, laissées seules sur le complexe sujet de la transition numérique. Une bonne partie du tissu économique aquitain repose sur de petites structures, qui sont nombreuses à souffrir d’un étouffement de trésorerie et d’une difficulté à se projeter dans le futur numérique, faute de moyens et parfois de disponibilité d’esprit pour ces questions si importantes.
Or la transition numérique de l’économie, l’accompagnement réel de ces entreprises vers de nouvelles marges, de nouveaux marchés, de nouvelles facilités avec le numérique n’intéresse pas mon opposant socialiste. Il ne comprend pas ce sujet. Elle est donc là, la promesse de fond non tenue : celle de remplir le rôle normal d’une région en accompagnant ses entreprises dans leurs changements de modèles économiques.
Mon opposant socialiste tente de masquer ce désintérêt soit par des opérations médiatiques de financement de structures économiques qui auraient de toute façon réussi sans lui, soit par une politique d’accompagnement non seulement tardive, mais absolument pas à la hauteur.
A suivre la 2ème partie : leurs projets dans le numérique pour les six prochaines années de mandat à la tête de la région.
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Le gaspillage de l’argent public
Il a été confirmé lors de l’Assemblée Générale pendant le
tournoi de Bercy l’application de la réforme territoriale au niveau de notre
Fédération avec pour conséquence la disparition de 18 ligues dont la ligue CBBL
au profit comme annoncé, des départements organes de proximité pour les clubs.
Alors pourquoi construire un nouveau centre
de ligue alors que la ligue CBBL va disparaître dans deux ans. C’est désormais
une certitude depuis l’AG extraordinaire de Bercy ?
Pourquoi construire 400 m2 de
bureau administratifs et de nouvelles installations sportives pour 1,6 Million
d’euros alors qu’à DAX c’est gratuit ?
En raison des réponses faites et devant
l’obstination à poursuivre ce projet coûte que coûte de
Alain Rousset, président du Conseil régional d’Aquitaine
Comme le dit Virginie Calmels
Je souhaite au contraire que tous les
départements puissent bénéficier d’une animation de proximité et que les
moyens d’accompagnement soient précisément déployés là où il y en a le
plus besoin.
Depuis quelques mois, nous entendons beaucoup parler de la COP 21
Réduire le temps de trajet, un argument de taille.
Cela est d’autant plus vrai que le projet va à l’encontre de tout cela