BOUYGUES TELECOM en pole position pour racheter LA POSTE TELECOM
Par Kilian FICHOU / AFP
Bouygues Telecom a annoncé jeudi être en négociations exclusives pour racheter un concurrent, l’opérateur virtuel de téléphonie mobile La Poste Telecom, au groupe La Poste et à SFR, qui dispose néanmoins d’un droit de préemption.
Selon un communiqué du candidat à cette acquisition, le protocole signé avec le groupe La Poste prévoit le rachat de 100% de la filiale La Poste Telecom pour un montant de 950 millions d’euros (ajusté en fonction du calendrier de réalisation de l’opération, qui doit être finalisée d’ici à fin 2024).
L’accord prévoit que La Poste garde la maîtrise de la distribution de sa marque. En effet, il inclut un partenariat de distribution exclusif associant le groupe La Poste, La Banque postale et La Poste Telecom.
Cette distribution au sein des bureaux de poste est l’un des atouts de l’opérateur: La Poste est en effet l’une des entreprises publiques auxquelles les Français sont le plus attachés, surtout en zone rurale.
« Grâce à cet accord, Bouygues Telecom pourra accroître sa base de clients et se renforcer dans le mobile et dans le fixe en s’appuyant sur le réseau de distribution de la Poste sur tout le territoire », a commenté le directeur général de Bouygues Telecom, Benoît Torloting, cité dans le communiqué.
Outre l’accord des autorités de la concurrence, ce rachat nécessite l’aval d’un autre opérateur, SFR, qui détient 49% de La Poste Telecom (contre 51% pour La Poste) et qui lui fournit son réseau jusqu’à fin 2026.
L’actionnaire minoritaire dispose non seulement d’un droit de préemption lui permettant de racheter les parts en vente en priorité, mais aussi d’un droit d’agrément sur l’acquéreur potentiel.
« La proposition va donc nous être soumise et nous serons amenés à donner notre position », a précisé à l’AFP Altice France, maison mère de SFR.
– Marques à bas coût –
La Poste avait annoncé mi-janvier avoir entamé « une réflexion sur l’évolution du capital » de sa filiale lancée en 2011. Son offre mobile est la cinquième du marché en France, avec 2,3 millions de clients, derrière Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free Mobile.
Derrière ces quatre opérateurs qui ont leur réseau, les opérateurs alternatifs, qui louent le réseau mobile utilisé par leurs clients, marquent le pas. Ils ont vu leur nombre et leurs parts de marché respectives se réduire ces dernières années, tandis que montaient les marques à bas coût des opérateurs historiques: Sosh d’Orange, RED by SFR et B&You de Bouygues Telecom.
Selon le régulateur des télécoms (Arcep), la part de marché des « opérateurs virtuels » était de 7,4% fin 2023, contre 11,6% fin 2020.
Apparus en France en 2004, ces opérateurs virtuels ont connu leur heure de gloire jusqu’au début des années 2010, à une époque où les grands du secteur cherchaient tous les moyens d’accroître leur clientèle.
Des médias, comme M6 ou NRJ, se sont alors lancés, ainsi que des banques (CIC Mobile, Crédit Mutuel Mobile), la grande distribution (Auchan, Leclerc, Carrefour) ou des distributeurs spécialisés, à l’instar de la Fnac.
Free, fournisseur d’accès internet, a fait baisser leur part de marché en entrant sur le marché du mobile en 2012, avec des abonnements mensuels à partir de 2 euros.
Les opérateurs virtuels en bonne santé aujourd’hui, en dehors de La Poste mobile, sont spécialisés dans des niches. Lycamobile et Lebara visent les appels vers le Maghreb, l’Asie ou l’Amérique latine. Bazile s’adresse aux seniors. Et Transatel est destiné aux habitants des zones frontalières avec la Belgique et la Suisse.
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