Bruxelles inflige une amende d’un milliard d’euros à Qualcomm pour avoir noué un accord d’exclusivité avec Apple
C’est la guerre froide entre Apple et Qualcomm, mais les deux groupes partagent cependant un point commun : être dans le collimateur de Margrethe Vestager, la commissaire européenne chargée de la concurrence. La Commission européenne vient ainsi d’infliger une amende de 997 millions d’euros au premier fabricant mondial de puces pour smartphones pour abus de position dominante. La somme représente 4,9% de son chiffre d’affaires réalisé en 2017.
Les autorités européennes reprochent à Qualcomm d’avoir copieusement arrosé Apple afin que la firme créée par Steve Jobs ne s’approvisionne pas auprès de ses rivaux. Pour acheter la fidélité d’Apple, la fournisseur américain «a versé des milliards de dollars», selon la Commission européenne. Or cette pratique est illégale par rapport aux règles de l’Union européenne en vigueur en matière de concurrence. «Ces paiements n’étaient pas de simples réductions de prix, mais étaient effectués à condition qu’Apple utilise exclusivement les puces de Qualcomm dans tous ses iPhone et ses iPad», a expliqué Margrethe Vestager dans un communiqué.
Un accord d’exclusivité entre 2011 et 2016
L’amende annoncée par Bruxelles vient couronner une enquête entamée le 16 juillet 2015 par la Commission européenne. Les investigations menées par l’exécutif européen ont mis en lumière un accord signé entre Apple et Qualcomm en 2011, dans lequel le fabricant de semi-conducteurs s’est engagé à verser des «montants substantiels» si Apple utilisait uniquement les puces de son fournisseur américain au sein de ses produits. Cet accord, renouvelé en 2013, est arrivé à expiration fin 2016. «De par son comportement, Qualcomm a privé les consommateurs et d’autres entreprises d’un choix élargi et d’une plus grande innovation», a souligné Margrethe Vestager. Rejetant ces accusations, le spécialiste des puces pour smartphones a d’ores et déjà fait part de son intention de faire appel de la décision de la Commission européenne.
Cette condamnation intervient dans un contexte délicat pour Qualcomm. Le fournisseur est en effet en pleine guerre avec Apple. Qualcomm accuse le géant américain d’abuser de sa position dominante pour ne pas payer la totalité des prix de ses technologies brevetées tandis qu’Apple estime que le spécialiste des semi-conducteurs demande des redevances trop élevées pour les technologies utilisées dans ses appareils, notamment les puces présentes dans les iPhone.
Qualcomm face à la menace Broadcom
Fin 2017, le conflit s’est envenimé davantage. Qualcomm a ainsi accusé Apple d’avoir transmis des informations confidentielles à Intel, qui n’est autre que son rival. De cette manière, Intel, qui travaille avec Apple depuis l’iPhone 7, pouvait récupérer des données sensibles pour améliorer ses produits à destination d’Apple selon le savoir-faire de Qualcomm.
Par ailleurs, Qualcomm doit faire face à l’appétit de Broadcom, qui multiplie les manoeuvres pour s’emparer du fournisseur américain. En novembre dernier, Broadcom avait ainsi formulé une offre de 130 milliards de dollars pour s’offrir Qualcomm. Cependant, l’offre a été décidée par l’état-major du premier fabricant mondial de puces pour smartphones, qui a estimé que la proposition de Broadcom était largement sous-évaluée. Cela n’a pas refroidi les ardeurs de Broadcom qui a lancé une offre hostile de 103 milliards de dollars pour s’emparer de Qualcomm. Cette opération est actuellement examinée par la Commission fédérale du commerce (FTC).
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