CCI Martinique: « L’intérêt pour le numérique n’est plus à démontrer dans notre île »
FrenchWeb organise la première semaine de l’Emploi dans le secteur Numérique (#SENFW), du 3 au 9 mars.
Pendant cette semaine spéciale, FrenchWeb propose une série de portraits d’entreprises qui recrutent , une photographie des métiers du numérique, des coups de projecteurs sur différents secteurs d’activités (agences de communication, e-commerce, régies publicitaires, éditeurs de logiciels, entreprise de services du Numérique, acteurs du jeux video, écoles…) et de nombreuses offres d’emploi et de stages partout en France.
A cette occasion, nous sommes allés à la rencontre de Corinne CONCY, Directeur de l’Accompagnement des Entreprises de la CCI Martinique.
FrenchWeb : Vous êtes Directrice Accompagnement des entreprises de la CCI Martinique, pourriez-vous nous camper le panorama du numérique en Martinique?
Corinne CONCY : Depuis 1998, une démarche partenariale a été engagée sous l’impulsion de la CCIM avec l’Etat et les Collectivités locales pour développer les infrastructures, les usages et les services numériques sur le territoire de la Martinique. Le partage des informations et la mutualisation des moyens au sein du Comité de Pilotage pour le Développement de la Société de l’Information a permis l’éclosion de projets communs ou individuels qui ont modifié et continuent de modifier l’environnement de la filière numérique en Martinique.
Aujourd’hui, l’intérêt pour le Numérique n’est donc plus à démontrer dans notre île. Cependant, si le consommateur est visiblement conquis, équipé et utilisateur, l’engagement des entreprises dans cette voie est moins visible. Elles n’y échappent pourtant pas ! Certaines ont d’ores et déjà amorcé le virage avec succès, d’autres y voient un moyen de se démarquer et innover.
Dans les années 1990/2000, la filière numérique de Martinique s’est développée autour des activités de fourniture de téléphonie mobile et internet, la formation à l’usage des outils et le commerce de solutions logicielles et de matériels.
A partir de 2010, les acteurs se sont davantage attachés à améliorer les usages du numérique au sein de l’économie et de la société et innovent en matière de développement logiciel, création d’applications et fourniture de services sur mesure…
La filière a atteint, aujourd’hui un degré de maturité lui offrant des perspectives nouvelles en matière d’emplois et de valeur sur le territoire.
Au 31/12/2012, la CCIM dénombrait 894 établissements pour un peu moins de 3000 salariés. Pour information, la Martinique comptait à la même date un total de 33058 entreprises, tous secteurs confondus. L’essentiel est encore constitué d’acteurs traditionnels mais la transformation est en cours.
7 facteurs concourent au développement de nouvelles entreprises numériques:
- L’accès- facilité par l’e-commerce – à du matériel et des logiciels informatiques performants ;
- L’offre de service internet haut débit et de téléphonie qui s’améliore ;
- Le développement de nouveaux métiers (Community Manager, web designer, consultants, …) et services (Webmarketing, Saas : software as a service, GRC, …) liés à l’utilisation des réseaux sociaux, du Wifi et du haut débit ;
- La nécessité pour les entreprises de se mettre à niveau et d’améliorer leur compétitivité, en intégrant les TIC dans leur organisation ;
- L’émergence de projets innovants portés par des entrepreneurs connectés confortant leur modèle économique par une ouverture à l’international, dès la conception de celui-ci ;
- Des « success stories » en France et à l’Etranger encourageant les investisseurs. Parmi ceux-ci, le plus connu, G2J.com fondé par José JACQUES-GUSTAVE ;
- L’existence sur le territoire de toutes les composantes pouvant concourir au soutien de cette filière :
- une offre de formation technique et générale de bon niveau,
- un écosystème de l’accompagnement et du financement averti et engagé
- une volonté politique de soutenir ce secteur notamment par le développement des infrastructures visant, d’ici 2020, le FTTH (Fiber to the home – fibre optique au domicile de l’abonné) sur l’ensemble du territoire.
- des associations de professionnels, complémentaires et engagées, pourvoyeuses d’idées et de projets. Au 1er janvier 2014, on dénombre notamment OPEN IT, MARTINIQUE TECH, MADE IN TIC et LERECA.
C’est ainsi qu’une quarantaine de projets à potentiels ont pu être identifiés et accompagnés en 2013, par la CCI Martinique et les associations du numérique locales. Cette dynamique devrait se renforcer en 2014 et les années suivantes avec la mise en musique d’un écosystème numérique partenarial et efficace auquel concoure la CCI Martinique.
Nous portons, en effet, avec nos partenaires publics historiques et les associations du numérique locales, un projet d’Espace numérique dédié à l’entreprenariat qui devrait ouvrir ses portes au courant de l’année 2014. L’ambition est de créer en un seul lieu les conditions favorables à l’émergence de projets structurés, viables, utiles pour le territoire, créateurs de valeur, innovants et pourvoyeurs d’emplois directs ou indirects. Il s’agit également d’en faire une référence pour les investisseurs, les utilisateurs du numérique et les autres tiers susceptibles d’être intéressés par les savoir-faire de Martinique.
Quels sont les enjeux pour les entreprises et leurs collaborateurs en terme de transformation numérique?
La filière Numérique joue un rôle central dans l’ensemble de l’économie. Les technologies, produits et services qu’elle porte sont aujourd’hui au cœur de l’innovation dans la plupart des activités industrielles et de services. Elle apporte des réponses aux grands défis sociétaux auxquels nous sommes confrontés et contribue à la transformation de notre société en conduisant à repenser les modèles existants.
Les enjeux sont les suivants :
- Permettre aux entreprises, et notamment aux TPE, d’améliorer leur organisation et leur compétitivité, pour créer de la valeur, pérenniser et développer des emplois ;
- Optimiser la gestion et l’exploitation des flux d’informations internes ou externes utiles à l’entreprise, et développer leur capacité à anticiper et innover ;
- Ouvrir les entreprises à l’International et aux relations inter-régionales, point particulièrement important en territoire insulaire ;
- Au-delà de l’équipement ou de l’acquisition d’outils, il s’agit de transformer l’entreprise, ses usages, le comportement des acteurs internes et externes, et faire du projet numérique une composante de la stratégie globale de développement.
Pourriez-vous détailler l’exemple de transformation d’une entreprise locale en particulier ?
Nous notons que le projet numérique n’est jamais le seul facteur de transformation de l’entreprise, mais il y contribue. Intégré dans la stratégie globale de développement de l’entreprise, il a plus de chance d’être conduit dans le bon ordre des choses et de contribuer au succès.
La mise en œuvre du projet numérique étant impulsée par le dirigeant, les transformations s’opèrent bien lors de la reprise de l’entreprise, notamment familiale. Le successeur, plus averti, est en capacité, en effet, de motiver le changement et porter le projet.
A titre d’exemple, nous avons pu mesurer l’impact positif sur la compétitivité et l’emploi, de la modernisation du système d’information et des outils de collecte et de traitement des données clients pour 2 entreprises familiales, l’une spécialisée dans le fret maritime et l’autre dans le transport de fonds. La problématique était de gagner des parts de marché et d’améliorer la qualité de service.
Cette modernisation a contribué, entre autres, en 3 ans, à résoudre la problématique, les deux entreprises étant aujourd’hui leader sur leurs marchés. Elle s’est également accompagnée d’une réorganisation complète des services avec, pour l’une, la création d’un service informatique interne et le recrutement de 2 collaborateurs dédiés.
Autre exemple, avec les acteurs du tourisme (notamment activité de loisir et restauration). Pour l’essentiel, la problématique est l’amélioration de la relation client en vue d’une hausse de la fréquentation et du panier moyen. Nous notons, cependant, qu’il a fallu prioritairement mettre en place un système d’information adapté et optimiser l’organisation du travail et l’outil de production. L’impact a été une meilleure connaissance de la clientèle et du potentiel de l’entreprise, pour mieux cibler, dans un second temps, les prospections par une stratégie de web-marketing correctement calibrée. Dans ces conditions, la fréquentation est nettement améliorée quantitativement et qualitativement.
Quels sont les principaux dispositifs mis en œuvre par la CCI Martinique en matière d’emploi dans le numérique?
En matière de numérique, la CCI Martinique intervient à plusieurs niveaux :
- La définition, auprès des services de l’Etat et de la région Martinique, notamment, des politiques locales en matière de formation, d’emploi et de développement des entreprises du numérique ou utilisatrice du numérique.
- La structuration et l’accompagnement de la filière, elle-même. Comme précisé précédemment nous œuvrons à la mise en place d’un espace numérique dédié à l’entrepreneuriat qui permettra un accompagnement performant des acteurs du numérique et la création d’entreprises nouvelles.
- Le développement des usages par les entreprises au travers du programme FACILITIC, mis en œuvre avec le soutien du FSE et de la Région Martinique depuis 2010. Il s’agit, là d’accompagner les dirigeants et leurs collaborateurs dans la définition et la mise en œuvre de leur projet numérique. Intégrer ce dernier dans la stratégie globale de l’entreprise, est également un moyen de penser et mettre en place des emplois nouveaux pour faire face aux nouvelles donnes dès lors que la rentabilité et la pérennité est prouvée. Fin 2014, ce seront plus de 2000 entreprises sensibilisées et 150 entreprises accompagnées. Par le diagnostic individuel, la formation et l’accompagnement au cœur de l’entreprise, nous visons une transformation efficace des usages et de l’organisation humaine et technique. Notre interaction permanente avec la filière numérique locale, nous permet de trouver des solutions concrètes aux problématiques identifiées.
- La sensibilisation et l’information. Toujours au travers du programme FACILITIC, la CCIM propose des ateliers et conférences à thème à l’attention des utilisateurs et des acteurs de la filière. Tous les mois, ce sont au moins 2 événements qui sont dispensés sur des thèmes tels que « le Webmarketing », « l’utilisation des outils numériques dans les déplacements et les relations internationales », « le e-tourisme », « L’optimisation du smartphone », « du bon usage des logiciels libres »,…
- La formation et l’amélioration de l’employabilité des collaborateurs. La CCIM déploie également un programme complet à l’attention des collaborateurs et dirigeants dans le cadre de la formation continue. Dans le cadre de son CFA et de l’EGC, elle propose également des formations en alternance et initiales de haut niveau.
Outre ces implications permanentes, dans le cadre de « La nuit de l’orientation 2014 » dédiée aux jeunes, pour la première fois cette année, nous avons mis en avant les métiers du numérique. Et, la mise en avant de la filière numérique dans le cadre de MADIN’EXPO 2014 (salon vitrine de la production locale) a permis à nombre d’acteurs économiques de prendre conscience des savoir-faire locaux et du potentiel des jeunes formés en lycées technologiques, en apprentissage ou dans les filières générales. Ces opérations seront renouvelées en 2015.
Nous avons également entamé des échanges avec les services de l’état concernant l’emploi dans le numérique de jeunes en difficulté d’insertion, diplômés ou non, par le biais ou non d’emplois aidés. Cette réflexion devrait aboutir fin 2014, par la mise en place d’une expérimentation.
Elle les assiste et les accompagne avec ses conseillers d’entreprise répartis sur 4 sites (Fort-de-France, Marin, Trinité, Saint-Pierre).
Elle participe à la gestion du Grand Port Maritime et à celle de la SAMAC (Société Aéroportuaire Martinique Aimé Césaire).
Elle est attributaire de la concession portuaire de la Marina des Trois Ilets.
Elle forme aux métiers de l’entreprise avec 1 Centre de Formation Continue, 1 Centre d’Etudes des Langues, 1 Centre de Formation des Apprentis du Tertiaire, 1 Ecole de Gestion et de Commerce, 1 Ecole des Managers.
Nos centres de formation délivrent des BTS, des Licences et des Master (MBA).
La CCIM emploie environ 150 personnes.
Retrouvez l’actualité de la CCI Amiens-Picardie :
Site Web: martinique.cci.fr
- Northvolt se débranche de ses créanciers / Plan marketing 2025, la méthode Maxime Baumard (Pennylane) / SOLTEO lève… - 22/11/2024
- SOLTEO lève 1,5 million d’euros pour développer les micro-centrales solaires - 22/11/2024
- EDEN AI lève 3 millions d’euros pour démocratiser l’accès à l’IA en entreprise - 21/11/2024