
Bpifrance a officialisé hier l’accélération de sa stratégie d’investissement en actifs numériques, avec un engagement pouvant atteindre 25 millions d’euros en jetons numériques. Cette décision, appuyée par le Ministère de l’Économie et des Finances, marque un tournant dans la posture de l’État français : du rôle d’observateur-régulateur, il devient acteur-investisseur dans l’économie décentralisée.
Présentée en présence de Clara Chappaz, ministre déléguée chargée de l’Intelligence Artificielle et du Numérique, cette initiative traduit une volonté politique assumée : structurer un écosystème national compétitif dans le Web3, et garantir une présence française dans les infrastructures technologiques émergentes.
« L’initiative de Bpifrance est un signal fort témoignant de notre volonté de faire de la France un pays d’excellence pour ces technologies », a déclaré Clara Chappaz. « L’implication des financeurs, publics et privés, est une des clés du positionnement durable de notre écosystème sur la scène internationale. »
Une doctrine publique en mutation
Depuis près de dix ans, la France a multiplié les initiatives pour encadrer juridiquement les crypto-actifs, à travers le statut PSAN, la loi Pacte, ou plus récemment, l’adoption du règlement européen MiCA. Mais ces dispositifs restaient centrés sur la régulation. L’annonce de Bpifrance signe une inflexion majeure : la puissance publique assume désormais un rôle d’investisseur actif dans les tokens.
« Avec l’accélération de sa stratégie d’investissement en token, Bpifrance réaffirme son engagement et renforce son soutien au développement des acteurs français de l’économie des actifs numériques », explique Arnaud Caudoux, directeur général adjoint de Bpifrance.
Concrètement, la banque publique pourra investir directement dans des tokens de projets français liés à la finance décentralisée, à la tokenisation, aux couches d’infrastructure blockchain (layers 1 à 3), à l’identité numérique ou à l’intelligence artificielle embarquée. Une capacité inédite pour un acteur souverain.
Un positionnement géopolitique affirmé
À l’échelle mondiale, plus de 1 000 fonds spécialisés investissent déjà dans les actifs numériques, pour une capitalisation dépassant les 2 700 milliards d’euros. La France, jusqu’ici marginale sur ce segment, cherche à combler ce déficit. En permettant à Bpifrance d’intervenir directement sur les marchés décentralisés, l’État envoie un signal stratégique : les infrastructures Web3 sont désormais considérées comme un enjeu de souveraineté.
Ce positionnement s’inscrit dans une vision industrielle du numérique : créer les conditions de l’émergence de champions nationaux, en amont des phases de croissance, avant leur captation par des capitaux étrangers.
De l’expérimentation à l’alignement stratégique
Bpifrance n’en est pas à sa première initiative dans le Web3. Depuis 2014, la banque a soutenu plus de 200 startups blockchain françaises, pour un montant cumulé de 150 millions d’euros. Elle a investi dans des sociétés comme ACINQ, Flowdesk ou Arianee, et dans des fonds spécialisés tels que Ledger Cathay ou White Star Capital. En 2022, elle avait amorcé une phase de test en investissant directement dans des tokens (Aleph.im, Morpho), pour éprouver ses capacités opérationnelles.
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