Cinq choses qu’a révélées le procès des États-Unis contre Google
AFP
Le procès événement du gouvernement américain contre Google est à mi-parcours, après cinq semaines de débats, qui ont mis un coup de projecteur sur les relations entre géants d’internet.
Voici les cinq choses à retenir jusqu’ici, avant la seconde moitié du procès, qui verra Google, accusé d’entretenir un monopole sur le marché des moteurs de recherche, présenter sa défense.
Google paye Apple des milliards
Le procès a confirmé qu’Alphabet, maison mère de Google, versait des sommes colossales à Apple pour que Google soit le moteur de recherche par défaut des iPhone et autres appareils connectés, une relation qui lui permet, selon le gouvernement américain, de défendre son monopole.
Le montant exact en jeu n’a jamais été rendu public, mais des documents cités à l’audience l’évaluent à dix milliards de dollars par an.
Mais les analystes de Bernstein font valoir qu’il ne s’agit pas d’une somme fixe et que l’accord prévoit un partage de revenus. Au total, ils estiment qu’il pourrait rapporter à Apple jusqu’à 20 milliards de dollars par an.
Bing le grand perdant
Le procès a également permis d’évoquer les tentatives infructueuses de Microsoft pour prendre des parts de marché à Google, notamment en essayant de convaincre Apple de changer de moteur de recherche par défaut et de choisir Bing.
Le directeur général Satya Nadella a expliqué, à l’audience que Microsoft avait été jusqu’à proposer à Apple de rebaptiser Bing.
Selon l’agence Bloomberg, le groupe de Redmond (État du Washington) a également offert de vendre Bing à Apple, afin que ce dernier en fasse son moteur de recherche par défaut et relance la concurrence.
Être adopté comme moteur de recherche par défaut « changerait la donne » pour Bing, a insisté Satya Nadella, qui a dit avoir le sentiment qu’Apple se servait des propositions de Microsoft pour négocier avec Google, sans avoir l’intention de changer de prestataire.
Quand Google s’inquiète de son image
Le gouvernement américain a produit, à l’audience, un courriel, daté de 2007, de Sundar Pichai, actuel directeur général de Google, lorsqu’il était responsable du navigateur Chrome.
Dans ce document, adressé aux cofondateurs Sergey Brin et Larry Page, le cadre s’inquiète du contrat d’exclusivité avec Apple, estimant qu’il pourrait ternir l’image de Google, vu comme écartant par la force ses concurrents.
« Je ne pense pas que le fait que nous soyons le seul [moteur de recherche] soit bon pour les utilisateurs ou que la symbolique soit favorable », écrit Sundar Pichai.
« Dictature bienveillante »
Pour mettre en évidence le caractère prétendument hégémonique de Google, le gouvernement américain a appelé à témoigner le directeur marketing du site de réservations touristiques Booking.com, lui-même ancien cadre de Google.
Arjan Dijk a qualifié Google de « dictature bienveillante », dont les services étaient incontournables pour un site internet qui souhaitait générer du trafic et qui facturait en conséquence.
Le dirigeant a eu des échanges vigoureux avec l’un des avocats de Google, à l’audience, au point que le juge fédéral Amit Mehta a dû intervenir pour faire retomber la température.
DuckDuckGo, l’option alternative
Parmi les nombreux témoins cités à l’audience, figurait le directeur général du moteur de recherche indépendant DuckDuckGo, petit acteur qui met en avant la protection des données personnelles.
Gabriel Weinberg a affirmé avoir eu, en 2018, des discussions avancées avec Apple, qui disait envisager d’adopter DuckDuckGo sur les iPhone pour le mode « privé », distinct du mode classique.
« Nous pensions qu’ils étaient vraiment intéressés », a-t-il expliqué.
Mais les pourparlers n’ont pas abouti, Gabriel Weinberg mettant cet échec sur le compte de Google, dont les contrats d’exclusivité ont aussi empêché DuckDuckGo de se rapprocher de Samsung et d’autres navigateurs.
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