Cloud: comment Amazon, Microsoft et Google en tirent des recettes record
AFP
Chaque trimestre, Amazon, Microsoft et Google en tirent des recettes record. Le « cloud », ou informatique dématérialisée, sert aujourd’hui de colonne vertébrale invisible à de nombreux services de la vie quotidienne, et ce n’est qu’un début: l’Internet des objets va décupler les usages des nuages.
Usages
L’essor du cloud est allé de pair avec celui de la 4G et des smartphones: la puissance combinée du réseau et des serveurs permet d’écouter de la musique, de regarder des vidéos, de travailler à distance, de poster sur les réseaux sociaux ou de commander une voiture que l’on voit arriver en temps réel sur une carte. Les entreprises et les particuliers achètent des espaces de stockage, mais aussi de la puissance de calcul, des services et des logiciels, situés physiquement dans des centres de données et non pas sur l’ordinateur ou le téléphone. Il existe désormais des services de cloud même pour les jeux vidéo, qui nécessitent pourtant des volumes de données très lourds et des temps de latence infimes. Comme pour d’autres usages, le « cloud gaming » permet de se passer d’équipements coûteux et régulièrement obsolètes.
Marché
La plupart des grandes entreprises et institutions ont recours au cloud, soit « privé », avec leurs propres serveurs, soit « public », en étant client d’un fournisseur, comme Amazon, Microsoft ou Google. Ces groupes proposent toute une palette d’options, de l’hébergement simple aux services en ligne ultra complets, avec des outils et des logiciels à disposition, dont ils assurent la maintenance et la sécurité. Les cloud « publics » sont ainsi censés permettre de réaliser des économies et d’apporter plus de flexibilité en cas d’évolution des besoins.
En pratique, beaucoup d’entreprises choisissent un système « hybride », alliant le coût, la puissance et la souplesse du « cloud » public et la sécurité du « cloud privé ». « Les entreprises utilisent en moyenne 3 fournisseurs de cloud public différents », assure Bob O’Donnell, de Technalysis research. Surtout, au-delà des entreprises biberonnées au numérique, « il ne faut pas oublier que la grande majorité des sociétés ont à peine commencé leur transition », ajoute-t-il. En 2020, le marché du cloud « public » devrait atteindre 266 milliards de dollars, en hausse de 17% par rapport à l’année dernière, d’après Gartner. Le cabinet IDC prévoit de son côté qu’il va doubler d’ici 2023, pour atteindre les 500 milliards.
Acteurs
En lançant Amazon Web Services en 2006, le géant du commerce en ligne a pris plusieurs longueurs d’avance sur ses compétiteurs. Les cabinets d’études lui prêtent aujourd’hui entre 30 et 50% de parts de marché du cloud public mondial. AWS a réalisé 35 milliards de dollars de recettes en 2019 et revendique des millions d’utilisateurs dans le monde. Seule ombre au tableau: en octobre, le ministère de la Défense américain a attribué un mégacontrat de 10 milliards de dollars à Microsoft, le numéro 2 du marché. Une bataille légale est en cours, sur fond d’animosité entre le président américain Donald Trump et la patron d’Amazon Jeff Bezos. Microsoft ne donne pas de chiffres précis pour Azure, son cloud public, évitant ainsi les comparaisons.
Mais cette division assure au groupe informatique ses meilleures performances, trimestre après trimestre. Azure représente environ 15% du marché. Viennent ensuite Google Cloud et le Chinois Alibaba, avec environ 5-6% chacun. Le cloud constitue une priorité croissante pour le leader américain de la recherche sur Internet, qui met en avant ses capacités dans l’analyse de données à très grande échelle et la possibilité pour les utilisateurs de cloud hybride ou multiple de déplacer leurs données d’un fournisseur à un autre. Google Cloud a engrangé 9 milliards de dollars en 2019 (+53% en un an).
Perspectives
Tous les fournisseurs mettent l’accent sur la cybersécurité -leur réputation en termes de protection des données est essentielle à leur activité- mais aussi, et surtout, sur l’apprentissage automatique des machines pour analyser et utiliser au mieux les montagnes de données produites à chaque instant. Le mégacontrat du Pentagone, par exemple, vise à moderniser la totalité des systèmes informatiques des forces armées américaines dans un système géré par intelligence artificielle. Ils tentent aussi de réduire le coût écologique, car les centres de données consomment énormément d’énergie pour refroidir les serveurs.
En outre, la 5G et les véhicules autonomes vont favoriser le développement du « edge computing » ou « informatique en périphérie ». AWS s’est ainsi allié avec l’opérateur Verizon, et Microsoft avec AT&T, pour déployer des technologies de cloud directement dans les antennes. Il s’agit de traiter les données recueillies par les myriades de capteurs connectés (situés dans les maisons, les usines, les véhicules, etc), en temps réel, sans passer par les serveurs. Une « latence zéro » qui promet d’ouvrir le champ des possibles.
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