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Combien ça coûte d’être freelance ?

Par François Vasnier, freelance

Plongée dans le portefeuille d’un freelance, spoiler: c’est pas gratuit!

Après avoir pris la décision de vous lancer et de devenir freelance en 15 jours, bien assis dans votre canapé, vous vous demandez certainement combien cela pourra vous coûter. Et c’est très bien car il sera important de bien budgetiser et prévoir l’avenir.

Lorsque vous êtes Freelance, vous faites face à des obligations légales importantes que vous devez respecter scrupuleusement. Elles ont un coût non négligeable qu’il faut mettre en face des gains espérés. Ne vous inquiétez pas, rien d’insurmontable… mais il faut quand même être prévenu!

Notes: l’ensemble des coûts indiqués ici sont toujours Hors Taxe (HT). Par ailleurs cet article est basé sur la mise en place d’une SASU.

L’ouverture de votre société

Frais obligatoires

Il est nécessaire de «prêter» une certaine somme d’argent à l’entreprise pour son démarrage, c’est ce qu’on appelle le Capital Social. Son montant est librement défini (minimum: 1 euro) et il sera libéré sur le compte de la société au moment de l’ouverture. A la fermeture de la société ce montant vous sera restitué.

Vous devrez déposer un dossier un greffe du tribunal de commerce, c’est un acte administratif qui a un coût fixé par décret de 41,50 euros. Vous êtes aussi obligé de publier dans un journal d’annonce légal un avis de constitution de votre EURL/SASU pour un coût variable d’un département à l’autre: de 150 à 350 euros.

Frais facultatifs

Comme je l’explique dans l’article sur l’ouverture de votre société, vous pouvez faire appel à des services qui vont vous permettre de réaliser l’ensemble des actes administratif nécessaires.

Dans le cas de Legalstart, l’offre clé en main (statuts, envoi des documents, etc.) représente un coût d’environ 150 à 250 euros.

Vous pouvez faire appel à un avocat pour la rédaction des statuts mais à mon sens, dans le contexte d’une activité Freelance il n’est pas nécessaire de s’attarder là dessus. Vous serez seul dans votre société et les statuts régissent avant tout les relations entre associés.

Les frais d’ouverture sont donc variables, entre 200 et 650 euros. A titre d’exemple, dans mon cas les frais se sont sont élevés à 528,7 euros. Je n’inclus pas le capital social dans ce calcul car ce n’est pas véritablement une dépense mais plus un prêt. Attention, car vous allez devoir payer de votre poche ces premières dépenses, vous pourrez ensuite vous faire rembourser par votre société.

Vos dépenses annuelles

Votre société sera redevable d’un certain nombre d’impôt et taxe annuellement. Même si votre Chiffre d’Affaires (CA) est nul, vous allez devoir payer certains impôts. J’exclu volontairement ici l’impôt sur les sociétés, les charges sociales, etc.. qui seront traitées dans un article sur vos sources de revenu.

La Cotisation Foncière des Entreprises (CFE) doit être payée chaque année, elle est basée sur le CA avec un minimum appliqué pour les CA annuels inférieur à 100 000 euros. Elle est définie dans chaque ville mais vous pouvez raisonnablement considérée qu’elle sera située entre 300 et 600 euros. Attention cependant si votre CA est supérieur à 100 000 euros, vous pourriez être amené à payer une CFE bien supérieure (de 1500 à 3000 euros). Le taux est calculé en fonction du lieu de votre siège social, renseignez-vous!

La Responsabilité Civile Professionnelle (RCP) est généralement payable chaque année. Son coût peut varier entre 800 et 1500 euros en fonction des niveaux de couverture choisis. Son coût n’est pas négligeable et certaines plateformes comme Malt (ex-Hopwork) offre cette couverture dans le cadre des missions que vous réalisez avec eux.

Le montant des frais annuels varie donc entre 1100 et 2100 euros. Ça pique un peu, il faut mieux faire du chiffre d’affaires en face.

Vos frais mensuels

Au delà des frais nécessaires à la constitution de la société, vous allez devoir payer un certain nombre de service de manière récurrente.

Votre comptable vous coûtera entre 90 et 120 euros par mois. Dans mon cas j’ai fait appel à ECL Direct qui m’a proposé un tarif de 89 euros/mois. Les tarifs peuvent aller du simple au double en fonction du fournisseur choisi: entre le cabinet «old-school» qui fait tout à la main et le cabinet 3.0.

Au niveau de votre banque vous avez le choix, j’ai choisi une banque complètement en ligne: Qonto. Le coût mensuel est de 9 euros mais suivant ce que vous choisissez, le coût variera entre 0 et 30 euros.

Pour être bien protégé, vous pouvez faire appel à une mutuelle. Je vous conseille Alan qui a bien dépoussiéré ce marché avec des tarifs compétitifs: à partir de 40 euros par mois pour les indépendants. Petit bonus avec leur service client du tonnerre qui vous répondra même un dimanche soir. Bien entendu il existe une myriade de mutuelle et vous pouvez choisir d’être très bien remboursé avec d’autres services pour un prix allant jusqu’à 150 euros/mois.

Votre téléphone vous servira chaque jour dans le cadre de votre activité professionnelle, vous pouvez donc souscrire à un abonnement avec votre société. Cela représentera entre 20 et 50 euros par mois.

Vous allez donc devoir débourser entre 150 et 350 euros chaque mois pour faire tourner votre activité.

Vos «petits» frais quotidiens

18 francs la merguez, c’est cadeau

Naturellement vous pouvez donc payer vos frais de déjeuner sur le lieu de la mission chaque midi: du kebab à la brasserie en passant par Carrefour ou une merguez à 18 francs, cela représentera probablement entre 5 et 20 euros par jour. Le dîner peut aussi passer en frais quand vous travaillez tard ou dans le cadre de votre prospection commerciale (networking, événements, etc.).

Le transport quotidien pour aller sur le lieu de votre mission peut lui aussi être inclus dans les dépenses de société: de 3 à 15 euros chaque jour en fonction de votre contexte (RATP, SNCF, véhicule personnel, etc.).

Et tous les autres…

Quelle carte puis-je utiliser, la mienne ou celle de la société?

Faudrait quand même pas finir comme lui (intemporel)

Sans rentrer trop dans le débat très complexe des frais que vous pouvez passer ou non sur votre société, vous allez pouvoir dépenser avec la carte de société dans certains cas. Je rappelle en premier lieu la règle d’or: les dépenses que vous faites doivent être dans le cadre de votre activité ET dans l’intérêt de la société. Si vous avez un jour le «malheur» d’être contrôlé, gardez en tête que l’inspecteur n’est pas une machine et qu’il inspectera chacune des dépenses avec cette règle en tête.

Du Macbook Pro aux diverses fournitures nécessaires à votre quotidien professionnel, ces frais seront propres à chacun. Voici une liste non exhaustive de frais que vous pourriez avoir à engager:

  • Matériel lié à votre activité: ordinateur, téléphone, adaptateurs, etc..
  • Petites fournitures: stylo, cahier, timbres, etc..
  • Voyages : participation à des événements professionnels en France où à l’étranger. De l’hôtel à l’avion, ces frais peuvent rentrer dans le cadre de votre activité.
  • Bureaux: si votre siège social est aussi votre lieu d’habitation et que vous y exercez une partie de votre activité, vous pouvez faire passer une partie du loyer en charge (article à comparer avec d’autres sources et SURTOUT des professionnels comme votre expert comptable).

Pour chacun de ces frais il est nécessaire de garder les justificatifs! Ils servent à prouver la dépense, et il faudra aussi y associer toute preuve qui pourrait vous aider à justifier leur caractère professionnel (carte de visite pour un voyage d’affaires par exemple).

J’en profite aussi pour vous faire une petite liste des frais que vous ne pouvez pas engager au nom de l’entreprise:

  • Habillement: autorisé pour certaines professions (pilote de ligne, cuisinier, etc.), il est par contre interdit de passer en frais des vêtements le reste du temps (même le costume oui oui..),
  • Logement : comme écrit ci-dessus, votre habitation principale ne peut pas passer entièrement en charge.

On fait le bilan!

  • Frais annuels: de 90 à 175 euros/mois
  • Frais mensuels: de 150 à 350 euros/mois
  • Frais quotidien : de 60 à 300 euros/mois (base 20 jours travaillés)

Ça grimpe vite quand même!

On arrive donc à des dépenses représentant entre 300 et 850 euros par mois en fonction de votre contexte. Ce sont surtout des frais que vous allez majoritairement payer que vous soyez en mission ou non.

Ainsi lorsque vous êtes en «congés», vous n’êtes pas payé, mais en plus vous allez dépenser obligatoirement un certain montant qui n’est pas anodin. Restez positif, vous avez maintenant des congés pas payés mais… illimités!

Heureusement… vous allez gagner plus!

Lorsque vous êtes freelance, vous pouvez facturer un montant bien supérieur à celui que vous aviez en étant salarié, au moins 3 fois le net écrit en bas à droite de votre fiche de paie. Il y a plusieurs raisons à cette différence:

  • Lorsque vous êtes salarié, si votre salaire net est de 2000 euros alors vous coûtez environ 4000 euros à votre société grâce à la magie d’une belle collection d’acronyme: URSSAF, CSG, CRDS, APEC, …
  • Vous avez des congés payés, c’est un coût supplémentaire aussi pour votre employeur. Tchao les 5 semaines de congés payés.
  • Le salariat n’est pas flexible: rompre un CDI coûte cher et il est plus simple de se séparer d’un freelance dont l’entreprise n’aurait plus besoin. Il y a donc un «bonus de précarité».

À titre d’exemple, un freelance avec quelques années d’expérience dans le développement JS peut facturer entre 500 et 700 euros par jour à Paris, soit 10 000 à 14 000 euros/mois!

Vous l’avez compris, être freelance n’est pas gratuit: c’est important d’avoir en tête toutes ces dépenses avant de se lancer!

Si vous avez des questions concernant ces différents frais, si vous avez besoin de conseil ou d’être mis en relation, n’hésitez pas à m’envoyer un email à francois@dataheroes.fr, promis je répondrai!

PS : Très important, INFORMEZ-VOUS! Croisez les sources d’informations, posez des questions, faites appel à des professionnels. N’hésitez pas à appeler le centre des impôts dont vous dépendez, ils sont réactifs (et puis c’est eux qui auront raison à la fin, quoi qu’il arrive).

Le contributeur :

 

François Vasnier est freelance.

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3 commentaires

  1. Bonjour.
    Il ne faut pas réduire le statut de « freelance » aux SA SARL ou SASU. Le statut d’EI (entreprise individuelle) convient également parfaitement et permet de diminuer les frais.
    Il est donc recommander, selon le CA estimé du professionnel, d’en discuter avec un comptable pour définir le meilleur statut à adopter.

    1. L’entreprise individuelle est à proscrire : les biens personnels sont saisissables en cas de créance professionnelle non payé (à l’exception de la résidence principale). C’est donc une forme juridique très dangereuse pour le patrimoine que vous possédez. Et pour peu que vous soyez marié sous un régime communautaire, vous engagez aussi les biens personnels de votre conjoint. Et si vous pouvez éviter le statut de travailleur non salarié c’est encore mieux. De mon expérience, il est grandement préférable de consulter un avocat pour définir le montage de l’activité. Les comptables ne sont pas toujours les meilleurs conseils. Il vaut mieux payer 1 ou 2 heures d’un avocat pour se protéger au maximum. La règle absolue est de ne jamais pouvoir être redevable de quoi que ce soit sur ses biens personnels (y compris les créances sociales). Anticiper le pire permet de ne jamais avoir de mauvaise surprise.

  2. Hello ! Merci pour toutes ces éléments, ce sont des choses que l’on a pas forcément en tête lorsque l’on souhaite devenir freelance.
    J’aurais une petite question : pour estimer le coût de la RC Pro, sur quoi est-ce que vous vous êtes basés ? Il y a malheureusement très peu d’infos qui circulent à ce sujet, à moins de demander des devis auprès des différentes assurances…

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