Comment Céline Lazorthes et Jonathan Benhamou veulent améliorer le quotidien des patients atteints d’un cancer
Interview de Céline Lazorthes, co-fondatrice de Resilience
Chaque année, ce sont plus de 18 millions de cancers qui sont détectés dans le monde, et selon l’OMS, il devrait y en avoir 30 millions à l’horizon 2040. Des chiffres éloquents qui ont incité Céline Lazorthes (Leetchi) et Jonathan Benhamou (PeopleDoc) à sortir du bois pour se relancer dans le bain de l’entrepreneuriat. Pourtant, les deux entrepreneurs français avaient assuré qu’ils en resteraient là, surtout après leurs réussites respectives (Leetchi vendu au Crédit Mutuel Arkéa en 2015 pour plus de 50 millions d’euros et PeopleDoc racheté par Ultimate Software en 2018 pour 300 millions de dollars). Mais la crise du coronavirus a changé la donne…
En effet, Céline Lazorthes et Jonathan Benhamou figurent parmi les entrepreneurs à l’origine du mouvement «Protège Ton Soignant» qui a permis de collecter 7,5 millions d’euros pour acheter du matériel médical et le donner à plus de 400 établissements de santé. Et cette expérience a redonné «l’adrénaline de l’entrepreneuriat» à Céline Lazorthes et Jonathan Benhamou. Il leur est alors apparu comme une évidence de lancer une start-up ensemble. Face aux lacunes existantes dans l’accompagnement des patients atteints d’un cancer, l’idée leur est venue de créer Resilience pour améliorer le quotidien de millions de personnes à travers le monde.
Dans ce sens, la société s’est alliée à plusieurs centres engagés dans la lutte contre le cancer, à l’image d’Unicancer et de Gustave Roussy. Pour faire décoller le projet, elle a également bouclé une première levée de 5 millions d’euros auprès de Singular et de business angels, comme Xavier Niel (Free), Roxanne Varza (Station F) ou encore Jean-Charles Samuelian-Werve (Alan), et reçu une aide de 2 millions d’euros de Bpifrance. De quoi permettre de lancer la machine pour créer tout un écosystème permettant d’alléger le poids qui pèse dans la vie des patients.
Regardez notre entretien avec Céline Lazorthes pour découvrir l’approche de Resilience dans la lutte contre le cancer :
Le cancer du sein comme angle d’attaque
Pour débuter, Resilience a choisi de s’attaquer au cancer du sein, qui touche 54 000 femmes par an en France. Or si la médecine progresse pour mieux soigner ce cancer, le traitement d’hormonothérapie, qui vise à réduire le risque de réapparition de la maladie, est abandonné par la moitié des patients, faute d’un suivi adapté face aux effets secondaires de ce traitement long (5 à 10 ans) qui complique leur quotidien.
Pour remédier à cette situation, la start-up dévoile aujourd’hui une application co-construite avec Gustave Roussy pour mieux informer les patients sur les effets secondaires induits par leur traitement. Sur celle-ci, les patients peuvent accéder à des podcasts, des vidéos ou encore des articles de vulgarisation scientifique pour mieux appréhender leurs symptômes et les soulager. Ce contenu a été élaboré par une trentaine de spécialistes (oncologues, nutritionnistes, psychiatres, sexologues, gynécologues…) pour aborder tous les aspects de la maladie et des traitements.
Une application pour aider le patient à comprendre les effets secondaires de son traitement
De cette manière, l’idée est de rendre le patient acteur de son parcours de soin, et non de le réduire à un simple spectateur de la maladie. «Une application comme Resilience permettra d’améliorer la qualité de vie des patients et d’augmenter leurs chances de survie», estime Barbara Pistilli, à la tête du comité de pathologie mammaire de Gustave Roussy. «Être informée sur les soins de support pour mieux gérer ces effets secondaires donne un espoir et nous permet de devenir actrice de notre parcours de soins», indique Delphine Remy, 47 ans, en rémission d’un cancer du sein.
Si le cancer du sein est un point de départ pour Resilience, la société voit déjà plus loin et entend apporter de l’aide à tous les patients atteints d’un cancer, peu importe la typologie de leur pathologie. Car Céline Lazorthes en est convaincue, «la Tech peut permettre d’améliorer l’adhérence au traitement». Mais l’application dévoilée n’est que la première pierre à l’édifice puisque la société s’attèle également à épauler les médecins dans leurs décisions via la connaissance scientifique. «Pour qu’un oncologue soit à jour sur les dernières avancées, il faudrait qu’il lise 657 articles scientifiques par jour», fait remarquer Céline Lazorthes. Dans ce contexte, le machine learning peut se révéler particulièrement utile pour améliorer la prise de décision et réorienter le choix du traitement en fonction des avancées scientifiques. Si Resilience n’en est encore qu’à ses débuts, il est d’ores et déjà acté que la data est le meilleur allié pour lutter contre le cancer, tant pour les patients que les médecins.
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