TECH

Comment Microsoft compte se sortir de sa mauvaise passe sur le mobile

On savait que Satya Nadella, l’actuel PDG de Microsoft, ne partageait pas le même point de vue que son prédécesseur Steve Balmer en ce qui concernait le rachat des activités mobiles de Nokia. Mais là, rien ne pouvait être plus clair. La firme de Redmond va supprimer 7 800 emplois supplémentaires, principalement dans sa division téléphone portable. Une décision qui fait suite à un autre plan social, amorcé l’an passé, qui concernait 18 000 postes, dont 12 500 dans sa filiale.

Après l’acquisition de l’entreprise finlandaise, le groupe américain avait du intégrer plus de 30 000 salariés supplémentaires dans ses rangs, de quoi faire gonfler ses effectifs à un niveau supérieur à ceux d’Apple ou de Google. Au final, avec ces nouveaux départs, la charge de restructuration pèsera entre 750 millions et 850 millions de dollars dans ses comptes du quatrième trimestre de son exercice fiscal 2015.

Sur le plan financier aussi, la facture est salée : Microsoft enregistrera une charge de dépréciation d’environ 7,6 milliards de dollars sur ses actifs liée à l’acquisition de Nokia. Pour faire simple, c’est plus que les 7,2 milliards mis sur la table pour l’acquérir dans le cadre d’une opération bouclée en 2014.

Seulement 2,7% de parts de marché pour Windows Phone

A l’époque, l’ambition de Microsoft était claire. A la peine sur le marché des systèmes d’exploitation mobiles, la firme espérait booster ses ventes en maitrisant toute la chaîne de valeur, du logiciel à la fabrication même des smartphones, à l’instar d’Apple qui développe son iOS et commercialise ses propres iPhone.

Source : IDC, Smartphone OS Market Share, Q1 2015.
Source : IDC, Smartphone OS Market Share, Q1 2015.

Mais le rachat d’un ex-géant des télécommunications, déjà sur le déclin à l’époque, après avoir mal anticipé l’arrivée des smartphones, n’aura pas suffi à remonter la pente. Ainsi, au premier trimestre 2015, Windows Phone ne captait que 2,7% de parts de marché, selon les calculs du cabinet IDC. Un niveau nettement à la traîne par rapport à iOS (18,3%) et Android (78%).

Développer l’écosystème

Résultat, au-delà des ventes mêmes de terminaux Windows Phone, c’est toute la construction d’un écosystème qui fut ralentie ; les éditeurs d’applications privilégiant les plateformes où se trouvent les consommateurs. Alors qu’iOS et Android revendiquent chacun plus de 1,4 million d’applications disponibles sur leurs stores – sur lesquelles Apple et Google prélèvent des commissions lors des achats, y compris in-app – l’OS de Microsoft n’affiche qu’un maigre catalogue de 340 000 opus.

Héritier d’une stratégie qui n’était pas la sienne, Satya Nadella revoit donc la copie de Microsoft. «Nous transitons d’une stratégie visant à faire croître une entreprise autonome dans le téléphone, à une stratégie de croissance qui crée un écosystème dynamique autour de Windows», déclare-t-il. Quitte à débourser des millions de dollars pour y parvenir !

Un recentrage nécessaire

Le géant des logiciels a récemment mis plusieurs fois la main au portefeuille pour acquérir des applications à la fois populaires et complémentaires de sa suite Office. En décembre, il rachetait le gestionnaire d’e-mails Accompli, depuis intégré à Outlook. La presse évoque alors une transaction à 200 millions de dollars.

En février, c’est au tour de la start-up Sunrise, éditeur d’un agenda dit «intelligent», de passer sous son giron. Fondée par un Belge et un Français, la société aurait été acquise pour 100 millions de dollars. Une acquisition qui révèle les intentions du numéro 1 de Microsoft : «lorsque Satya Nadella est arrivée, il avait décidé de mettre le paquet sur le mobile, la productivité, et le cloud. Sunrise était à l’intersection de ces trois domaines», a expliqué Pierre Valade, le cofondateur, dans une interview à paraître prochainement sur Frenchweb.

Satya Nadella a aussi donné un nouveau coup d’envoi dans le recentrage des activités du groupe en janvier lorsque Microsoft a annoncé la fin de la fragmentation des logiciels entre les différents appareils. Exit Windows Phone, Windows RT et consorts, la prochaine version, Windows 10, sera unifiée pour tous les appareils, qu’il s’agisse d’un smartphone, d’un ordinateur, d’une tablette. Un même système d’exploitation pour toucher plus de consommateurs. Et plus de développeurs aussi.

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