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Comment on s’est fabriqué un fake concurrent pour choper de la croissance

Clientes échaudées par les petits travaux qui tournent au vinaigre et les artisans peu scrupuleux… Emilie et moi avons créé le service de bricolage dont nous rêvions au moment où nous cherchions désespérément un sauveteur pour notre capricieux chauffe-eau.

De notre insatisfaction est née Bricool, la conciergerie du bricolage au petit soin pour tes travaux. Notre objectif? Prendre en main cette corvée pour t’éviter tout tracas et te faire gagner du temps.

Notre hantise? Reproduire les austères expériences utilisateur des sites de devis / prestations. Pour t’éviter cette fâcheuse impression d’un dimanche après-midi devant l’établi de ton beau-père, nous ne te demanderons donc jamais si tu souhaites ajouter un télérupteur à ton tableau électrique ou encore si tu as besoin de changer la bonde en même temps que ton syphon.

Et parce que tout client «aime qu’un plan se déroule sans accrocs», nous considérons nos bricoolers comme l’Agence Tout Risques du dépannage et de la rénovation. Leurs professionnalisme et sourire forment le cœur de notre service. Adepte des marketplace qui-mieux-mieux te bradant le plombier au prix d’un café, libre à toi de passer ton chemin.

En novembre dernier, Bricool a deux mois. La traction est là mais il nous faut de la croissance et nous savons qu’il va falloir user d’idées percutantes pour nous faire un nom sur un secteur aussi concurrentiel.

L’idée nous vient lors d’un brainstorming avec Maxime Jacquard. Bricool s’attache à redorer l’image dégradée des artisans en soulignant leurs compétences et sens du service. Pourtant bien souvent, lorsque nous vantons les mérites de nos professionnels, nous nous heurtons à une question que nous n’avions anticipée : le «recrutement au physique» de nos bricoolers. La remarque revient si souvent que nous décidons de la prendre au pied de la lettre. Chiche ? «Sois radical, la haine est le plus court chemin vers l’intérêt» qu’il disait…

Qu’à cela ne tienne, nous créons donc de toute pièce notre propre concurrent censé canaliser l’attention, www.monbeaubricoleur.com. Avec un plan en plusieurs étapes :

#1. Créer un teaser

Nous publions sur KickOffLabs une landing page avec en compte à rebours la sortie du catalogue sur lequel les clients pourront choisir leurs bricoleurs au physique. Cette landing a une option viral loop. Après y avoir laissé ton mail, plus tu partages, plus tu grimpes dans le Top 10. A gagner? Une intervention gratuite de l’un de nos beaux bricoleurs chez toi.

#2. Comment dès lors attirer l’attention sur Facebook ?

Nous testons sans succès la page facebook de MonBeauBricoleur ainsi qu’une série de facebook ads volontairement provocatrices. Personne ne connaît le site et nous ne pouvons pas nous-même inviter nos proches à liker sans nous faire démasquer. Résultat, c’est un flop, une absence totale d’interaction. Idem sur les tweets que nous adressons aux influenceurs.

#3. Changement de stratégie

Nous prenons le parti de créer le faux profil de Marie Corre, la CEO de MonBeauBricoleur.com. A la différence d’une page entreprise, un profil nous permet d’interagir pour susciter des réactions. Nous commençons par ajouter en ami tous les influenceurs que nous avions préalablement ciblés. Les retours commencent doucement.

Grâce à Marie Corre nous pouvons également poster dans les groupes facebook susceptibles de réagir, ce qui ne pouvait pas être le cas avec notre page entreprise. Nous adaptons nos messages à chaque groupe : l’annonce du lancement de notre start-up sur les groupes french tech, start-up…, un post de recrutement de bricoleurs volontairement provocateur sur les pages wanted et autres bons plans etc…

Nous suscitons les réactions que nous attendions, voir bien plus.

On me demande s’il y a l’option “intervention d’urgence” et “brigade de nuit”…

Les haters s’acharnent. Certains post cumulent des centaines de commentaires entrainant l’équivalent en leads sur notre landing kickofflabs. Comme l’a prouvé Julien Le Coupanec avec son article polémique sur le hack d’un site de rencontre, le bouc émissaire est un levier de traction qui a fait ses preuves.

# Bingo

En cinq jours, nous avons récupéré plus de 500 leads correspondant à notre cible et près de 10 000 pages vues. Des visiteurs que nous pourrons ainsi ultérieurement cibler via nos Facebook ads Bricool.

#4. Comment rediriger tout ce trafic vers Bricool ?

Après le TARGET et l’INTERACT, c’est le moment du DRIVE. Nous avons imaginé un reveal en plusieurs étapes :

  • Aux leads collectés, nous adressons un mail au titre annonciateur de la sortie du catalogue. Assorti de quelques gifs sur la différence entre un beau bricoleur et un bon bricooler, nous présentons Bricool et ses valeurs.

  • Pour les groupes facebook (du moins ceux qui ne nous ont pas banni), nous repostons avec cette fois l’annonce de la sortie du catalogue et un lien. Le curieux est alors basculé vers www.bricool.co sur lequel s’ouvre une pop up.

  • Enfin, Marie Corre la CEO ayant comptabilisé à son tour plusieurs centaines de nouveaux amis, nous pouvions dès lors utiliser la technique de Gabriel pour exporter les emails de nos nouveaux contacts facebook via notre boîte mail Yahoo.

Au sortir de cette campagne de quelques jours, le bad buzz nous a permis de multiplier par deux et demi les demandes et de renforcer la notoriété de Bricool.

Candice Gasperini est cofondatrice de bricool.

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9 commentaires

  1. Vous encensez donc des pratiques de tromperie, de manipulation et de vol de données personnelles (notamment les photos des faux bricoleurs, les photos du profil de la fausse Marie Corre). Bravo French Web, vous avez bien enquêté…

  2. En français le titre ne serait pas plutôt « Comment on s’est créé un concurrent imaginaire pour générer de la croissance? »

  3. Un article qui prouve aussi qu’il faut être malin pour monter sa stratégie de communication.

    1. Grave malin respect a eux :) car il faut créer le personna le fake site , les fake activité buz etc c’est du taf quand méme :)

  4. Comment peut-on bâtir une stratégie de communication saine et une bonne réputation pour l’entreprise avec des pratiques qui consistent à tromper les clients potentiels et à détourner leurs données? Vous pouvez le faire, ça n’a rien d’illégal, mais de là à en être fier et à le montrer en exemple aux autres entrepreneurs, je trouve ça complètement aberrant.

  5. C’te bande de coquins ! :D

    Perso je trouve l’expérience intéressante. Quand à la « tromperie » je trouve le mot trop fort. Comme la pub du TransAtlantys avait été une « tromperie » du même acabit sauf que perso j’ai trouvé ça excellent une fois le voile tombé.

  6. Non seulement c’est très laid au niveau éthique, mais on sent la technique de fouine sur la phrase « exporter les emails de nos nouveaux contacts facebook via notre boîte mail Yahoo ».
    Vous avez bien joué sur les mots en mettant « exporter » et pas « exploiter » mais on vous a grillé bande de spameurs :)

  7. Sans mauvais jeu de mot, c’est un peu de du bricolage cette méthode?
    Il y’a certes des choses intéressantes dans le process, par contre je trouve pas ça très pertinent en terme d’image d’allez aussi loin dans la provoc, après c’est à vous de voir.
    Le concept de votre site est bon, mais demanderez à faire un peu plus pro, les images sur votre site font vraiment banque d’images, tout comme l’interface qui fait un peu trop thème wordpress, le 06 en numéro de contact, etc…

  8. « La traction est là mais il nous faut de la croissance » : traction avant ou traction arrière ? :-)
    => « L’attraction est là » !
    Utiliser certains mots anglais techniques et consacrés, OK, mais je ne vous félicite pas pour vos anglicismes qui frisent le ridicule : « share » à la place de « partage » par exemple. Comme Stéphane Allard vous l’a écrit précédemment, l’utilisation de « fake » était inapproprié et vague alors qu’il y a des mots français bien plus précis. Il y a même des phrases que je n’ai pas comprises et les traducteurs automatiques ne prennent pas le franglais…

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