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Comment renforcer l’écosystème médiatique européen

AFP

Dans son rapport « Vers une souveraineté médiatique européenne », Guillaume Klossa, conseiller spécial du vice-président de la Commission européenne Andrus Ansip, détaille comment renforcer l’écosystème médiatique européen. Il a expliqué à l’AFP pourquoi l’Union européenne devait investir dans cette « infrastructure qui concourt à la démocratie, à l’économie de marché et à la cohésion de nos sociétés ».

Que recommande votre rapport intitulé « Vers une souveraineté médiatique européenne » ?

Guillaume Klossa : Le rapport préconise une politique industrielle pour les médias (au sens large : presse, audiovisuel, réseaux sociaux, plates-formes, édition…), portée par l’UE et co-construite avec les secteurs concernés. Nous recommandons notamment de créer un droit à une information diverse et pluraliste, rendue possible par les progrès de la traduction automatique et un droit d’information relatif aux objectifs des algorithmes de distribution des contenus. Nous avons besoin d’une information de qualité qui ne vous enferme pas dans votre préférence, qui vous pousse vers une diversité de contenus. Aujourd’hui beaucoup d’algorithmes sont fondés sur des « clickbait », c’est-à-dire des incitations au clic qui visent à maximiser les revenus publicitaires. Il est important que les objectifs des algorithmes soient clairs pour les citoyens. Nous recommandons aussi la création d’un fonds européen de transformation numérique des médias, doté d’un budget communautaire initial d’un milliard d’euros pour cinq ans, reconductible, ainsi que d’un programme de 3 milliards d’euros de recherche et développement. Aujourd’hui, les industries créatives sont complètement absentes des programmes de recherche européens. Il faut soutenir la création de plates-formes et infrastructures européennes de production et de gestion des données et de distribution de contenus de qualité. C’est possible, notamment grâce aux progrès de la traduction automatique.

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Quelles sont les chances d’aboutir de ce rapport ?

Dans le contexte de l’affaire Cambridge Analytica, et de la discussion sur le rôle des plates-formes, il y a une prise de conscience : les Européens ont besoin d’un écosystème médiatique pluraliste, économiquement viable, indépendant dans la durée. Il y a trois ans ce rapport n’aurait même pas été commandé. Maintenant, il faut que les parties prenantes s’emparent du rapport et que la Commission réfléchisse à sa mise en oeuvre opérationnelle, pour nourrir la feuille de route qu’elle va léguer à la prochaine Commission. Le secteur des médias est stratégique pour le renforcement de la démocratie. Si on comprend la manière dont vous lisez l’information politique et culturelle, on a des éléments clefs sur votre identité et on est capable de savoir comment vous allez votez. Or dans nos démocraties libérales, le vote est secret, et donc les informations liées à la manière dont vous consultez les informations sont quasiment de même nature. C’est pour ça que c’est très important qu’il y ait de la transparence sur les algorithmes liés.

Aujourd’hui nous n’avons pas d’information pluraliste et diversifiée ?

Elle est menacée dans certains Etats-membres comme la Pologne ou la Hongrie. Et tous les Etats ont intérêt à ce que leurs médias nationaux s’engagent résolument dans la transformation numérique et la réussissent. Le secteur est trop fragmenté, face à une concurrence qui n’est plus nationale, mais mondiale. La prédation des plates-formes pose un risque de domination culturelle, car elles structurent à la fois l’offre et la demande de contenus, et donc le comportement des utilisateurs. Quant aux médias européens, ils se retrouvent dans une économie de dépendance, qui est problématique pour la souveraineté de l’Europe. Le premier sujet c’est d’obtenir des données de la part des plates-formes mondiales. Aujourd’hui [Google et Facebook] captent 80% de la valeur de la publicité numérique, mais nous ne sommes pas capable de dire sur quelles bases sont évalués les chiffres publicitaires de ces plates-formes. Les acteurs de la régulation ont besoin de ces données. Nous préconisons de nouvelles règles de concurrence adaptées aux plates-formes mondiales, avec la création d’un gendarme numérique européen.

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Un commentaire

  1. « Aujourd’hui [Google et Facebook] captent 80% de la valeur de la publicité numérique, mais nous ne sommes pas capable de dire sur quelles bases sont évalués les chiffres publicitaires »

    80% des début de navigation sur internet se font sur un moteur de recherche, 90% de part de marché pour google… c’est sans doute juste à plus ou moins 10%. Pour un site E-commerce Google représente entre 80% et 60% du trafic. Ajoutez sur le search un 60/40% entre le SEO/SEA.
    Facebook c’est la même chose pour les sites qui produisent du contenu. Ce n’est donc pas une surprise.
    D’où l’urgence de leur demander de payer des impôts dans les pays où ils génère leur CA. Ce serai la moindre des choses.

    Allez la FrenchTech, arrêtez de servir de supermarché de startup pour les grands groupes et prenez en mains les vrai sujets.

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