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Comment Spotify peut conquérir le monde en 5 étapes

C’est Sean Parker qui le dit : en continuant au rythme actuel, dans deux ans Spotify aura dépassé iTunes comme source de revenus de l’industrie de la musique. En clair, l’application suédoise veut conquérir le monde, et semble bien partie pour le faire. Voici en 5 étapes, certaines déjà entamées, d’autres purement spéculatives, comment Spotify pourrait conquérir le monde.

1 : Se faire des alliés puissants

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L’histoire de Spotify est particulière dans le monde de la musique en ligne, puisque ses créateurs Daniel Ek et Martin Lorentzon ont attendu d’avoir l’accord des principales maisons de disque pour se lancer. Dans un milieu marqué par l’avènement successif de Napster et Youtube, on était plus habitué à lancer le service d’abord et à se soucier de légalité après. Au contraire, Spotify a laissé les majors entrer dans son capital, et s’est toujours présenté comme la solution au problème du piratage.

Si les majors n’étaient pas forcément convaincues par le modèle gratuit, comme l’affirmait Pascal Nègre il y a encore peu, elles ont joué le jeu pour voir et semblent être en train de changer d’avis.

L’autre allié de taille de Spotify, c’est Facebook. Via la connexion Sean Parker, Spotify était aux première loges pour le lancement des nouvelles applications Facebook “Open Graph” à l’automne dernier, et depuis le nombre d’utilisateurs de l’application grimpe en flèche. Aux dernières nouvelles, Spotify se vantait d’avoir passé les dix millions d’utilisateurs, mais les derniers chiffres sur Facebook montrent plus de 18 millions d’utilisateurs actifs !

2 : Devenir plus social

On parle beaucoup de Spotify comme d’un exemple de logiciel social grace à cette intégration avec Facebook, mais la réalité c’est qu’il reste beaucoup à faire. Aujourd’hui vos amis Facebook voient en direct dans leur ticker ce que vous êtes en train d’écouter, et peuvent en un clic lancer Spotify et écouter la même chose que vous. Régulièrement, votre fil d’actu vous annonce que tel ami a écouté tel artiste sur Spotify, et la page “Musique” mise en avant par Facebook dans vos applications vous montre en un clin d’oeil les morceaux qui cartonnent parmi vos proches.

Pourtant sortez de Facebook et rentrez dans Spotify même, vous y verrez une liste d’amis… et pas grand chose d’autre. Vous pouvez leur envoyer une chanson, mais, il y a de bonne chance qu’ils ne s’en rendent pas compte, faute d’un système de notification bien visible. Vous pouvez les inviter à collaborer sur une Playlist, mais mieux vaut leur envoyer un texto pour les prévenir, ou leur annoncer qu’elle a changé. De même vous pouvez ajouter quelqu’un à vos contacts (un blogueur, par exemple), mais bon courage pour suivre son activité sur Spotify ! De votre côté vous ignorez qui vous a ajouté à ses contacts, vous n’avez pas un compte de “followers”, pas de système de messages privés, pas de badges…

Pendant ce temps, sur Deezer on peut commenter, discuter… et un site commeTurntable.fm pousse le “social listening” beaucoup plus loin en permettant d’organiser des séances d’écoutes en groupe, de véritables “DJ sets” en ligne. En clair, Spotify est loin d’être aussi à la pointe qu’on le dit au niveau “social”, et pourrait faire beaucoup plus… et gagner encore plus d’abonnés.

3 : Ecraser la concurrence

La bataille avec Deezer, Groosveshark, Pandora, Turntable ou Rdio serait donc déjà gagnée ? C’est en tout cas l’impression que Spotify veut donner, et à lire la presse high-tech, ça a l’air de plutôt bien marcher.

Il faut dire que le seul concurrent à proposer un service véritablement équivalent à Spotify, Deezer, présent dans près de 200 pays, est encore absent du crucial marché américain, où Spotify s’est lancé il y  moins d’un an, alors que son offre n’est pour l’instant disponible que dans 13 pays. Ces chiffres sont trompeurs cependant : l’application Deezer a dix fois moins d’utilisateurs que celle de Spotify sur Facebook.

Ces chiffres Facebook sont fiables, puisque aujourd’hui l’intégration Facebook est obligatoire pour utiliser Deezer et Spotify. Ca n’est pas le cas de Pandora, qui serait le plus gros concurrent de Spotify avec plus de cent millions d’utilisateurs inscrits (mais combien d’actifs ?). Rien pour l’instant ne semble vouloir arrêter la progression de Spotify mais ses concurrents ne sont pas décidés à se laisser faire.

4 : Devenir l’OS de la musique

Une autre déclaration ambitieuse de Sten Garmark, directeur de la plateforme Spotify : “Nous devons devenir l’OS de la musique”. Rien que ça. En accueillant des applications tierces sur sa plateforme depuis l’an dernier, Spotify veut s’imposer comme l’application référence de la musique. Plusieurs labels comme Warner, Def Jam ou Domino ont désormais leur application sur Spotify, ainsi que des médias comme Pitchfork et The Guardian, et des marques comme MacDonald’s et AT&T devraient bientôt suivre, mais le vrai “coup” de Spotify, c’est d’avoir réussi à intégrer des sites populaires comme Tune Wiki et Last FM à sa plateforme.

Le message “l’avenir de la musique, c’est nous”, a semble-t-il été bien compris par Last FM, qui propose depuis des années son propre service de streaming et aurait pu voir en Spotify un concurrent. A la place, le site préfère s’intégrer à une plateforme qui, pour l’instant, ne lui rapporte pas d’argent, et inciter sa communauté à rejoindre Spotify.

La clé pour devenir “plus social” est peut-être là : plus besoin d’avoir l’idée géniale, il suffit d’attendre d’être suffisament incontournable pour qu’un site comme Turntable se dise que, finalement, il ferait mieux d’exister à l’intérieur de Spotify qu’à l’extérieur.

 5 : Trahir l’industrie de la musique

Si Spotify veut vraiment parvenir à écraser toute concurrence, il va devoir finir par revenir sur ses alliances à un moment ou à un autre.

Spotify a en effet un gros problème qui l’empêchera toujours d’offrir à ses utilisateurs un service aussi complet que Soundcloud ou Grooveshark : son catalogue reste inféodé à une industrie dépassée. Depuis le début du partage de la musique en ligne, de nombreux artistes ont pu s’affranchir du système contraignant de l’industrie du disque. Ils proposent des mixtapes, des remixes ou des albums entiers de façon totalement indépendante. Ils assurent leur distribution via des sites comme Bandcamp, leur promotion sur Youtube… mais ils sont absents de Spotify.

En jouant selon les règles de l’industrie, Spotify offre un catalogue forcément plus limité, où certains albums ne sont disponibles que dans certains pays, où d’autres sont bloqués sans raison apparente… Et dont les artistes les plus innovateurs sont absents.

On peut faire la comparaison avec iTunes, devenu si puissant qu’il embête finalement beaucoup l’industrie qu’il devait sauver. On peut aussi imaginer un scénario à la Amazon, qui a court-circuité les maisons d’édition en proposant aux auteurs de publier directement leurs oeuvres avec un taux de rémunération beaucoup plus intéressant.

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3 commentaires

  1. Article très intéressant sur un logiciel toujours en constante évolution, malgré un catalogue pas toujours au top et une appli Android un peu lourde.

    Spotify permet une véritable alternative au téléchargement en proposant une offre complète et innovante, bien loin des archaïques plates-formes de VOD pour le cinéma qui sont plombées par des tarifs prohibitifs et des conditions d’utilisations rigides.

  2. Frenchweb reste dans le mythe de l’autoproduction sur internet. Celle ci existe pourtant et accède facilement à Spotify avec des services comme Yozik, français de surcroit.
    Si Spotify manque de catalogue, c’est aussi que ça ne paye pas grand chose aux labels et aux artistes.

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