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Connaissez vous Aleph Farms ? une startup pionnière à la croisée de l’AgTech et de la FoodTech

Edition spéciale Salon de l'Agriculture 2025

Fondée en 2017 par Didier Toubia en collaboration avec The Kitchen Hub—l’initiative FoodTech du groupe agroalimentaire Strauss—et le professeur Shulamit Levenberg du Technion, Aleph Farms s’est imposée comme l’un des acteurs les plus prometteurs de la viande cultivée. À la convergence de l’innovation biotechnologique et des enjeux alimentaires globaux, la startup israélienne poursuit un objectif ambitieux : redéfinir les systèmes de production de protéines animales à travers une approche durable et économiquement viable.

Une technologie en constante évolution

L’innovation développée par Aleph Farms repose sur l’ingénierie tissulaire, une technologie inspirée des procédés de régénération cellulaire. Sous l’impulsion du professeur Levenberg, la startup a mis au point une méthode permettant de cultiver en laboratoire des tissus bovins complets, intégrant fibres musculaires, vaisseaux sanguins, tissus adipeux et conjonctifs. Cette avancée technique offre une texture et une structure comparables à celles de la viande traditionnelle, avec un cycle de production considérablement réduit.

Photo:  FRENCHWEB.FR

Toutefois, Aleph Farms a fait évoluer sa stratégie. Contrairement à ses ambitions initiales de commercialiser un steak entièrement cultivé in vitro, l’entreprise a opté pour un produit hybride, combinant cellules animales et matrice végétale. Cette adaptation répond à deux impératifs : accélérer l’adoption par le marché et réduire les coûts de production, tout en garantissant une qualité nutritionnelle et gustative optimale.

Dans cette perspective, la startup a réalisé une avancée significative en supprimant toute utilisation de sérum de veau fœtal, s’appuyant sur un milieu de culture exempt de tout composant animal. Ce changement lui permet de s’affranchir d’un facteur de coût et de dépendance majeur tout en renforçant son positionnement éthique et environnemental.

Un modèle industriel repensé pour garantir la rentabilité

Aleph Farms a franchi une étape décisive en parvenant à réduire ses coûts de production de 97 % en l’espace de deux ans. Cette avancée repose sur l’optimisation du milieu de culture, l’augmentation du rendement cellulaire et la rationalisation des équipements de production. Cette maîtrise des coûts a conduit l’entreprise à revoir son modèle industriel.

Initialement tournée vers une production internalisée avec des infrastructures propres, Aleph Farms privilégie désormais un modèle asset-light, misant sur des partenariats industriels en Asie et en Europe. Plutôt que d’investir massivement dans la construction d’usines, elle s’appuie sur des infrastructures existantes pour assurer la montée en échelle de sa production, une approche qui lui permet de limiter les investissements en CAPEX et d’accélérer son déploiement commercial.

ALEPH FARMS LABS
Photo: FRENCHWEB.FR

Une stratégie d’expansion qui privilégie l’Asie et le Moyen-Orient

Après avoir obtenu une approbation réglementaire en Israël en 2023, Aleph Farms poursuit son expansion sur plusieurs marchés stratégiques. L’entreprise attend d’ici 2025 des validations au Royaume-Uni, en Suisse, aux États-Unis, à Singapour et en Thaïlande.

L’Asie constitue une priorité, portée par une acceptation particulièrement élevée des protéines alternatives. En Thaïlande, près de 97 % des consommateurs se déclarent favorables à la viande cultivée, un taux bien supérieur à celui observé en Europe ou en Amérique du Nord. Dans cette optique, Aleph Farms a signé un accord pour implanter une unité de production en Asie du Sud-Est, renforçant ainsi sa capacité à répondre à la demande locale.

En parallèle, la startup développe une présence renforcée au Moyen-Orient, soutenue par des investissements émanant des Émirats arabes unis à travers le fonds souverain ADQ. Ce positionnement s’inscrit dans une vision plus large de souveraineté alimentaire, visant à fournir une alternative aux régions où les contraintes climatiques limitent l’élevage traditionnel.

L’Europe, quant à elle, représente un marché complexe en raison de réglementations strictes et de résistances politiques. Pour contourner ces obstacles, Aleph Farms a choisi de s’implanter en Suisse, où les procédures réglementaires sont plus flexibles. Ce choix stratégique pourrait lui servir de porte d’entrée pour une future expansion sur le marché européen, bien que celui-ci demeure sujet à de fortes pressions exercées par les lobbies agricoles et les subventions à l’élevage.

Un contexte de marché exigeant, mais porteur d’opportunités

Pour assurer son développement Aleph Farms comptabilise 119,4 millions de dollars levés auprès de 21 investisseurs dont Leonardo DiCaprio, aux cotés de Disrupt AD, Preregrine Ventures ou encore Strauss Group, au cours de différents tours de table (2,4 millions de dollars en 2017, 14,4 millions de dollars en 2019 lors de sa série A, et un autre tour de financement de série B de 119,4 millions de dollars en 2021.

Stade de financement Investisseurs
Funding Round Markus Samuelsson
Venture Round Leonardo DiCaprio
Series B Alumni Ventures, L Catterton (Michael J. Farello), VisVires New Protein (Kenneth Lee), BRF, Thai Union Group, Strauss Group, DisruptAD (Mansour AlMulla), Cargill, Peregrine Ventures, CJ CheilJedang Corp., Skyviews Life Science, Millenium Food-Tech, CPT Capital, Champel Capital
Series A CPT Capital, Technion Seed, Cargill, M-Industry, New Crop Capital, Strauss Group, Jesselson Capital, VisVires New Protein (Kenneth Lee), Peregrine Ventures
Seed Round New Crop Capital, The Kitchen – FoodTech Hub

Toutefois les investisseurs ne misent plus sur des promesses abstraites de transformation alimentaire, mais sur des modèles économiques viables et rentables à court terme. Consciente de ces nouvelles exigences, l’entreprise a recentré sa stratégie sur un objectif de rentabilité dès le lancement, une approche en rupture avec les logiques précédentes du secteur, où la course à la commercialisation primait souvent sur la solidité financière.

L’acceptabilité par le consommateur, un enjeu majeur

Un défi majeur pour Aleph Farms et l’ensemble du secteur de la viande cultivée en laboratoire est l’acceptabilité par le consommateur. Le changement de perception peut prendre du temps, et il est essentiel pour Aleph Farms de garantir la qualité et le goût de ses steaks. La startup a d’ailleurs banni le mot viande de son champs lexical pour apporter plus de clarté et réduire la friction avec les défenseurs de la filiere de la production bovine. Cela nécessite une communication ouverte et transparente, des campagnes éducatives pour sensibiliser les consommateurs aux avantages de la viande cultivée en laboratoire, et des efforts pour rendre les produits aussi accessibles que possible en termes de coût.

Pour évangéliser auprès du grand public, ALEPH Farms s’est allié au chef Marcus Samuelsson  qui a rejoint la startup en tant qu’investisseur, conseiller culinaire et accompagner les prises de paroles afin de mettre en valeur les produits commercialisés sous la marque ALEPH Cuts. Tout au long de son ascension vers la renommée en tant que célèbre chef de 13 restaurants à travers le monde, auteur à succès du New York Times et personnalité de la télévision, Marcus Samuelsson a mis à profit son expérience unique pour promouvoir la diversité dans le monde culinaire.

Peu connu en France, Marcus Samuelsson a remporté huit prix de la Fondation James Beard en tant que chef, auteur et personnalité de la télévision, notamment pour avoir présenté No Passport Required sur PBS. Il est apparu en tant qu’Iron Chef sur Netflix dans la série à succès Iron Chef: Quest for an Iron Legend. Ses restaurants dans le monde incluent Red Rooster Harlem (New York) et Red Rooster Overtown (Miami), MARCUS Montréal, Marcus B&P à Newark, Streetbird au Yankee Stadium, Marcus at Baha Mar Fish + Chop House aux Bahamas, le récent Hav & Mar à Chelsea (New York City) et Marcus Bar and Grille à Atlanta

En synthèse : les atouts et défis d’Aleph Farms

Avantages de la viande cultivée

  • Durabilité : une production nécessitant moins de terre, d’eau et d’énergie que l’élevage traditionnel, réduisant ainsi l’empreinte carbone.
  • Bien-être animal : un mode de production éliminant l’abattage, réduisant considérablement la souffrance animale.
  • Sécurité alimentaire : un environnement contrôlé permettant de limiter les risques de contamination bactérienne et de garantir une traçabilité totale.

Obstacles et défis

  • Acceptabilité par le consommateur : une innovation encore perçue avec scepticisme, nécessitant une pédagogie accrue.
  • Coût de production : malgré une baisse de 97 %, la viande cultivée reste plus onéreuse que la viande conventionnelle.
  • Enjeux réglementaires : des disparités importantes entre les pays et des freins liés aux lobbies agroalimentaires.

ALEPH FARMS en 6 dates clés

  • 2017 : Fondation avec The Kitchen Hub.
  • Décembre 2018 : Premier prototype de steak cultivé.
  • Septembre 2019 : Expérience de culture de viande en apesanteur sur la Station spatiale internationale.
  • Avril 2020 : Engagement vers un bilan carbone net zéro d’ici 2025.
  • Février 2021 : Présentation du premier steak de côtelette cultivé par bio-impression 3D.
  • 2025 : Lancement commercial avec une stratégie optimisée et des coûts réduits de 97 %.

 

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