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Connaissez vous Thoma Bravo, l’un des plus grands fonds de private equity de la tech?

đŸŽŸ Des courts de tennis Ă  Wall Street : le parcours hors norme d’Orlando Bravo

L’histoire de Thoma Bravo ne commence ni dans une salle de marchĂ© de Wall Street ni dans l’une des prestigieuses universitĂ©s de l’Ivy League, mais dans une petite ville cĂŽtiĂšre de Porto Rico. NĂ© en 1970, Orlando Bravo, aujourd’hui Ă  la tĂȘte de l’un des fonds de private equity tech les plus influents au monde, grandit Ă  MayagĂŒez, bien loin de l’effervescence financiĂšre de New York.

🏆 À 15 ans, il rejoint Bradenton, en Floride, pour s’inscrire Ă  l’Ă©cole de tennis de Nick Bollettieri, qui a formĂ© les plus grands champions : Agassi, Becker, Seles, les sƓurs Williams, et tant d’autres.

Mais trĂšs vite, Orlando Bravo admet que s’il est bon, il ne sera jamais l’un des meilleurs. Il y retient une  leçon majeure, apprise lors de ses entrainements spartiates, « j’ai compris que je pouvais ĂȘtre efficace sous pression et dans la douleur. » Il retourne alors Ă  MayagĂŒez pour terminer ses Ă©tudes secondaires, puis s’envole pour Brown University, oĂč il dĂ©croche un B.A. en Ă©conomie et sciences politiques en 1992.

C’est chez Morgan Stanley qu’il fait ses premiĂšres armes en fusions-acquisitions. Il y dĂ©couvre l’univers des transactions complexes, des nĂ©gociations tendues et des big deals Ă  plusieurs milliards.

Ses premiĂšres armes il les fera chez Morgan Stanley, une plongĂ© dans le monde des fusions-acquisitions sous l’Ă©gide de Joseph Perella, l’un des plus redoutables nĂ©gociateurs de Wall Street. Travaillant 100 heures par semaine, il se retrouve rapidement en premiĂšre ligne sur des transactions majeures en AmĂ©rique latine, notamment avec le milliardaire Gustavo Cisneros. Mais la banque d’investissement ne le passionne pas.Il dĂ©cide alors de reprendre ses Ă©tudes et intĂšgre Stanford, oĂč il obtient un JD/MBA – une combinaison de diplĂŽmes en droit et business redoutable qui lui ouvre les portes du monde des affaires.

AprĂšs un passage estival chez Seaver Kent, une filiale de Texas Pacific Group, il peine alors Ă  trouver un poste Ă  la hauteur de ses ambitions et envoie une centaine de candidatures. C’est finalement Carl Thoma, fondateur de GTCR, qui lui offre une opportunitĂ© en 1998 : repĂ©rer des investissements en Californie.

Le pari du software : il décide de changer de surface de jeu

À la fin des annĂ©es 90, les marchĂ©s entrent dans une phase inconnue, portĂ©e par le dĂ©veloppement d’Internet et du digital. Cependant, l’euphorie des annĂ©es dot-com est violemment balayĂ©e par l’éclatement de la bulle technologique en 2000. Beaucoup d’investisseurs prennent peur et s’Ă©loignent du secteur. Orlando Bravo, lui, y voit une opportunitĂ© qu’il ne faut pas rater.

Sa vision est assez simple : le software va dominer l’économie. Le fonds oriente ses radars vers toutes les entreprises et startups du secteur et abandonne ses investissements dans les industries traditionnelles.

« Nous avons empruntĂ© Ă©normĂ©ment Ă  l’histoire du fonds, mais nous avons appliquĂ© ces mĂ©thodes Ă  un nouveau secteur : celui de la tech. »

Le premier test grandeur nature a lieu en 2002 avec le rachat de Prophet 21, un Ă©diteur de logiciels pour distributeurs. Le pari est plus que risquĂ© : l’entreprise n’a jamais Ă©tĂ© rentable en quinze ans d’existence. Pourtant, Orlando Bravo est convaincu qu’elle dĂ©tient un potentiel inexploitĂ©.

Il structure un deal presque sans dette, refinance la sociĂ©tĂ© et recrute Marcel Bernard, l’opĂ©rationnel qui pilotera la sociĂ©tĂ© – une dĂ©cision qui deviendra plus tard un marqueur de la mĂ©thode Thoma Bravo : toujours associer finance et exĂ©cution terrain.

C’est d’ailleurs ce dernier qui va inspirer cette marque de fabrique. Lors de l’instruction du dossier de Prophet21, Marcel Bernard indique Ă  Orlando Bravo « nous pouvons travailler avec cette Ă©quipe. Ils ont le soutien de leurs employĂ©s, la connaissance de leurs clients et ils veulent gagner. Laisse-moi travailler avec eux. »

Orlando Bravo adhĂšre Ă  cette approche collaborative, aux cĂŽtĂ©s de Chuck Boyle, PDG de Prophet 21, il s’emploie Ă  maximiser les profits en consolidant le marchĂ©. Autre anecdote, lorsque Chuck Boyle envisage d’acquĂ©rir Faspac, Bravo prend l’avion pour San Diego. Il passe cinq jours dans le garage du propriĂ©taire de Faspac, analysant chaque contrat pour Ă©valuer les gains potentiels de la transaction.« Orlando ne s’est pas contentĂ© de nous apporter une vision stratĂ©gique, il a aussi mis les mains dans le cambouis », se souvient Boyle.

En trois ans, Prophet 21 double son chiffre d’affaires et rĂ©alise sept acquisitions stratĂ©giques pour structurer un buildup qui deviendra un acteur clĂ© du logiciel pour distributeurs. Lorsque Activant Solutions le rachĂšte en 2005, l’opĂ©ration se conclut par une cession de 215 millions de dollars, avec un rendement de 4,7x pour Thoma Bravo.

Pour Orlando Bravo, la stratĂ©gie est dĂ©sormais claire : Thoma Bravo ne sera pas un fonds opportuniste jouant sur les cycles Ă©conomiques, mais un acteur hyper-spĂ©cialisĂ© dans le rachat et l’optimisation d’entreprises tech.

En 2008, la transformation est actĂ©e : Thoma Cressey Equity Partners devient Thoma Bravo. Un nouveau nom pour marquer le coup et l’abandon total des autres secteurs.

DĂšs lors, le fonds entre dans une phase d’expansion inĂ©dite. Le nombre de deals s’accĂ©lĂšre, les montants investis explosent. Entre 2016 et 2022, Thoma Bravo lĂšve plus de 60 milliards de dollars, devenant ainsi l’un des premiers fonds indĂ©pendants spĂ©cialisĂ©s dans la tech.

🛒 Les acquisitions emblĂ©matiques :

  • Medallia (6,4 milliards $) – spĂ©cialiste de l’analyse des retours clients
  • Anaplan (10,4 milliards $) – solution de planification cloud
  • Proofpoint (12,3 milliards $) – leader en cybersĂ©curitĂ©
  • Coupa Software (8 milliards $) – rĂ©fĂ©rence des logiciels de gestion des dĂ©penses

đŸ›ĄïžEn parallĂšle, Thoma Bravo devient un acteur clĂ© de la cybersĂ©curitĂ©, en rachetant Barracuda Networks, Imperva, SailPoint et Darktrace. Nous reviendrons dans l’un de nos prochains articles sur cette offensive dans la cybersĂ©curitĂ© qui secoue le secteur.

đŸ”„ Une mĂ©thode qui bouscule le jeu habituel des acteurs du private equity

Jusqu’alors, l’idĂ©e qu’un fonds puisse acheter une entreprise technologique sans la restructurer drastiquement semblait absurde. Le private equity s’était bĂąti sur un modĂšle presque mĂ©canique : acheter une sociĂ©tĂ©, rĂ©duire les coĂ»ts, maximiser la rentabilitĂ©, puis revendre au plus offrant.

L’approche de Thoma Bravo change la donne :

  • Transformer plutĂŽt que dĂ©pecer – Le fonds mise sur les forces en place au lieu d’imposer un management externe.
  • Miser sur la croissance plutĂŽt que sur la rentabilitĂ© immĂ©diate – Investir dans l’expansion au lieu de rĂ©duire les coĂ»ts.
  • Un suivi rigoureux – « Nos entreprises enregistrent en moyenne 15 % de croissance annuelle », preuve qu’un private equity axĂ© sur la technologie peut conjuguer crĂ©ation de valeur et discipline financiĂšre. »

« Quand nous achetons une entreprise, nous ne venons pas avec un plan prĂ©Ă©tabli pour tout changer. Nous misons sur les Ă©quipes en place et nous leur donnons les moyens d’accĂ©lĂ©rer leur croissance. »


À suivre : l’analyse approfondie de la stratĂ©gie Thoma Bravo

L’occasion de plonger au coeur de la machine Thoma Bravo

✔ Les stratĂ©gies de crĂ©ation de valeur derriĂšre chaque acquisition
✔ L’impact des rachats sur les performances des entreprises du portefeuille
✔ Une analyse dĂ©taillĂ©e des deals les plus marquants du fonds

🔜 Prochain Ă©pisode : Comment Thoma Bravo transforme ses acquisitions en success stories. 

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