Cybersécurité: le Français Vade Secure lève 70 millions d’euros et passe sous contrôle américain
AFP
Le spécialiste français de la sécurisation de courriers électroniques Vade Secure est passé mercredi sous contrôle d’un fonds majoritairement américain après un accord d’investissement de 70 millions d’euros, présenté comme record, se rêvant en future licorne du marché de la cybersécurité. « C’est notre seconde levée de fonds, cette fois-ci avec le fonds d’investissement américain General Catalyst, basé à Boston, créé par des entrepreneurs américains dans l’intelligence artificielle qui ont eu des réussites exceptionnelles« , annonce à l’AFP son PDG Georges Lotigier, jusqu’alors actionnaire majoritaire, au siège basé à Hem, près de Lille.
Le pool d’investisseurs – dont quelques Français et contrôlé par General Catalyst – devient majoritaire, tandis que les quatre « fondateurs » de l’entreprise, qui l’ont rachetée en 2013, trois autres salariés et Isai, fonds d’investissement parisien entré lors de la levée de fonds de 2017, gardent des parts.
Conquérir le marché américain
Ce nouvel actionnaire sera un atout pour conquérir le marché américain, qui représente actuellement 30% du chiffre d’affaires et qui a vocation à grimper à 50% d’ici 3 ans, selon la direction de l’entreprise se disant leader de la lutte, à base d’intelligence artificielle, contre les cyberattaques (phishing, spear-phishing, malware et ransomware).
Le marché français représente environ la moitié de l’activité; l’Asie 15%, le reste étant en Europe et en Russie. Primée lors de la conférence sur la cybersécurité RSA à San Francisco en mars, la société, qui emploie 120 personnes dans le monde, affirme avoir reçu depuis une cinquantaine d’offres. « L’objectif c’est d’investir de façon très importante en recherche et développement en France et en marketing aux Etats-Unis pour démultiplier les ventes avec des managed service providers (prestataires informatique qui gèrent à distance l’informatique de ses clients) et se créer un réseau de revendeurs partenaires« , poursuit M. Lotigier, ingénieur lillois d’une soixantaine d’années, qui a fondé et revendu plusieurs sociétés.
Si les comptes consolidés demeurent secrets, le dernier chiffre d’affaire publié s’élevait à 7,4 millions d’euros pour l’exercice 2017, avec un résultat net négatif à – 1,53 millions. Implanté dans cinq pays (Etats-Unis, Canada, France, Hong-Kong et Japon), Vade Secure – nommée « Vade Retro » jusqu’en 2016 – affiche une croissance autour de 45% ces dernières années.
Rentrer au Nasdaq
« On met la société en position de croissance pour devenir leader incontournable de la sécurité (…) On espère être l’une des prochaines licornes françaises, dans les cinq ans« , poursuit M. Lotigier, refusant de donner la valeur estimée de la société actuellement, sur un marché de la cybersécurité très porteur. Son rêve: « entrer au Nasdaq ».
Dans le secteur technologique, les licornes sont des sociétés en croissance rapide dont la valorisation dépasse le seuil d’un milliard de dollars. L’entreprise vérifie environ 10 milliards de courriels par jour grâce à 10 000 algorithmes et l’analyse des ingénieurs, dont quelques dizaines – quasi exclusivement des hommes – travaillent dans les locaux nordistes, écouteurs dans les oreilles, les yeux rivés sur des lignes de codes.
5 000 clients au travers de fournisseurs, à travers 76 pays
Parmi ses 5 000 clients au travers de fournisseurs, à travers 76 pays: les opérateurs de télécommunications (Vodafone, Orange, British Telecom), SoftBank au Japon, d’autres gros clients confidentiels ou encore Le Point, l’Humanité et des collectivités locales.
Vade Secure vend en marque blanche et mise notamment sur un produit intégré à Office 365, distribué à travers un réseau de partenaires de Microsoft, qui vise à stopper les attaques ciblées. Certain d’avoir le « meilleur produit », le PDG ne voit qu’un seul « vrai concurrent »: le spécialiste américain de la sécurité informatique Proofpoint.
Pour Gérôme Billois, du cabinet Wavestone, cette levée de fond est un « beau succès, » la « plus grosse » jamais vue dans la cybersécurité en France, qui valide leur « modèle de développement » tourné vers l’étranger grâce à un « produit très pointu. » « Le risque qui pèse sur eux, c’est que leur avance technologique soit capturée« , notamment par Cisco qui intègre un partie des technologies Vade Secure dans ses solutions de courriels, estime cet expert en cybersécurité, n’écartant pas la possibilité d’un rachat, comme Sentryo récemment. « L’objectif ce n’est pas de vendre la société, après, on ne sait jamais ce qui peut arriver« , répond Georges Lotigier.
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