Dans l’Eure, comment l’usine 4.0 de Schneider Electric améliore la productivité
AFP
Capteurs, réalité augmentée, centre de données dans un bunker vitré: une panoplie de nouvelles technologies font de l’usine Schneider Electric du Vaudreuil une « vitrine » de la nouvelle révolution industrielle, qui suscite beaucoup d’espoirs en Europe malgré des inquiétudes sur l’emploi.
Sur ce site dans l’Eure, Schneider Electric fabrique depuis plus de 40 ans des contacteurs, des boîtiers qui permettent d’alimenter ou de couper un circuit électrique. Le groupe a choisi l’an dernier l’usine, déjà très automatisée, pour y déployer ses nouvelles solutions logicielles. L’objectif est de « générer de la productivité », en collectant et en analysant au mieux l’ensemble des données issues de la ligne de production, explique Marc Fromager, directeur activité Industrie de Schneider Electric France.
Un investissement de 2 millions d’euros
L’installation de capteurs sur une bobineuse permet par exemple de guetter tout échauffement de la machine, principale source de panne, et donc de mieux planifier les opérations de maintenance. « Nous avons réalisé un gain de productivité de 7%« , se félicite Mathieu Pompéo, chef de projet Industrie 4.0 sur le site. Les ordres d’approvisionnement des machines ont été dématérialisés, via des tablettes, et ce sont trois véhicules à guidage automatique qui les alimentent.
Entre autres innovations, un logiciel permet au management de l’usine de connaître en temps réel l’état de chaque machine. Au final, Schneider Electric a investi 2 millions d’euros et vise un retour sur investissement en deux ans. Et il en fait un outil de démonstration commerciale pour vendre ses solutions logicielles à ses clients dans l’industrie agroalimentaire, automobile, etc. Le groupe a développé la même démarche sur deux autres sites, en Chine et aux Etats-Unis, et veut avoir converti ses 200 usines à l’industrie 4.0 d’ici 2020.
La France en retard?
Le site du Vaudreuil, particulièrement à la pointe, a été distingué comme l’une des 16 « vitrines » de l’usine 4.0 dans le monde, dans une étude réalisée par le cabinet McKinsey pour le Forum économique mondial. Mais cette nouvelle révolution industrielle qui mêle objets connectés, intelligence artificielle, nanotechnologies et robotique n’en est qu’à ses débuts.
« L’exemple parfait où tout est automatisé, où tout fonctionne en temps réel, où on a de la donnée, où on s’en sert pour améliorer les processus de production, de maintenance, ça c’est encore assez rare, même mondialement« , note Emmanuel Fages, du cabinet Roland Berger. Si l’Allemagne ou la Corée du sud sont bien avancés, « la France reste en retard (…) avec peu d’exemples, sauf quelques lignes de production » passées à l’industrie 4.0, ajoute l’expert. Il invoque une résistance à l’automatisation dans les usines ainsi que des difficultés des entreprises, dont beaucoup sont des PME, pour mobiliser les financements nécessaires.
Des emplois qui disparaissent et d’autres qui se créent
Pourtant, « c’est certainement la meilleure des réponses pour redevenir attractifs à l’exportation« , enu, insiste Marc Fromager. Pour Christophe François du cabinet McKinsey, l’industrie 4.0 pourrait permettre à « l’industrie française de regagner de la vigueur et sa place dans le monde« . « Il faut surinvestir aujourd’hui pour prendre de l’avance par rapport aux compétiteurs« , ajoute-t-il.
Le gouvernement français a d’ailleurs lancé des plans pour robotiser et numériser des milliers de PME. Mais cette nouvelle révolution soulève aussi des questions sur l’emploi et les futures compétences industrielles. Au Vaudreuil, « quelques postes ont dû être remplacés par les véhicules autoguidés (…) mais (il y a eu) quelques créations de postes, notamment sur des métiers où le recrutement est parfois compliqué » comme « expert informatique, cybersécurité, expertise en gestion de l’énergie« , note Lilian Aubé, délégué syndical central FO. Selon une étude du cabinet Roland Berger de 2016, l’usine 4.0 représenterait un potentiel de création d’environ 10 millions d’emplois industriels en Europe occidentale d’ici 2035. « Il y a des emplois qui disparaissent, souvent des emplois répétitifs, et il y a des emplois qui se créent, dans l’analyse de données, le pilotage des machines, etc.« , résume Emmanuel Fages. L’important est que la France ne perde pas ces emplois-là.
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