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Data center: le Québec, nouvel eldorado pour les géants de la Tech?

AFP

Avec son électricité bon marché et renouvelable, le Québec rêve de devenir un nouvel eldorado pour les géants technologiques, qui y déploient de plus en plus leurs centres de données (« data centers ») dans un secteur en plein essor mais très énergivore. Cinquante centres sont actuellement installés dans la province canadienne, contre 39 début 2019, dont certains sont détenus par des champions de ce secteur devenu stratégique pour l’économie numérique comme Amazon (leader du « cloud », l’informatique à distance, avec sa filiale Amazon Web Services), Microsoft, Google ou encore IBM. Encore loin derrière la Virginie aux Etats-Unis et sa « Data Center Alley » qui revendique 70% du trafic internet mondial, ou l’Ile-de-France, qui compte plus de 120 centres de données, le Québec veut devenir une option.

Au cours des dernières années, « on a vu de nouveaux joueurs arriver, et de très gros joueurs », se félicite Stéphane Paquet, PDG de Montréal international, l’organisme chargé de la promotion économique de la métropole. Le géant américain Google, déjà présent dans la province, a prévu de construire son premier centre de données, un investissement de 735 millions de dollars canadiens (489 millions d’euros) sur un terrain d’une soixantaine d’hectares. Même stratégie d’expansion pour Microsoft, qui a acheté un terrain dans l’agglomération de la ville de Québec.

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«Une source d’énergie renouvelable»

L’un des pionniers, l’hébergeur français OVHcloud, a installé au Québec en 2012 l’un de ses 32 centres de données. A l’intérieur d’une ancienne usine d’aluminium dans la grande banlieue de Montréal, des dizaines de milliers de serveurs sont entreposés dans de vastes conteneurs. « L’objectif était de nous implanter sur le continent américain et la porte d’entrée naturelle a été le Québec où se trouvait aussi une source d’énergie renouvelable. Ce n’est pas la seule raison, mais ça a fortement joué dans la décision », explique à l’AFP Estelle Azemard, vice-présidente d’OVHcloud pour les Amériques.

Cette infrastructure de 10 000 mètres carrés est située à Beauharnois, à quelques dizaines de kilomètres de Montréal, près d’un barrage hydroélectrique. L’entreprise, qui figure parmi les leaders mondiaux du « cloud » et de l’hébergement de sites web, a mis au point une technologie pour refroidir la chaleur dégagée par les machines avec de l’eau, ce qui lui permet de se passer de climatisation. « L’environnement est vraiment au coeur de notre système d’affaires », assure Mme Azemard.

Electricité à bas coût

Argument financier de taille, le Québec se targue de proposer une électricité à bas coût, qui défie la concurrence américaine et européenne avec un prix d’environ 5 cents (en dollars canadiens) le kilowattheure. « Nos tarifs sont parmi les plus avantageux au monde », vante Cendrix Bouchard, porte-parole d’Hydro-Québec, qui détient le monopole public de production et de distribution d’électricité. « On vient ici parce que ce n’est pas cher, mais surtout parce que c’est une énergie qui est renouvelable » à plus de 99%, explique à l’AFP M. Paquet. Les hivers longs et froids de la province francophone permettent également de limiter les dépenses nécessaires pour le refroidissement des machines, selon M. Paquet.

Gloutons en matière d’énergie, les centres de données, dont les serveurs ont sans cesse besoin d’être refroidis pour éviter la surchauffe, émettent près de « 4% des gaz à effet de serre du monde, soit davantage que le transport aérien civil » selon un rapport du groupe de réflexion français The Shift Project publié en 2019. Au Québec, la consommation mensuelle d’électricité des centres de données atteint environ 663 gigawattheures (GWh), soit l’équivalent de la consommation de 40 000 foyers.

« Il vaut mieux mettre des ‘data centers’ dans des endroits qui sont alimentés en électricité hydraulique, solaire ou même nucléaire, qu’alimentés par de l’électricité produite par des centrales à charbon », salue Hugues Ferreboeuf, de The Shift Project. « Mais ça ne suffit pas », ajoute-t-il. « Il faut qu’en même temps ils arrivent à maîtriser la croissance de leur consommation, sinon ils vont capter une part trop importante de l’électricité produite par des énergies renouvelables ».

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