
De la croissance au crash : comment le modèle scale-up est en train d’exploser
L’illusion des scale-ups : quand la croissance ne suffit plus
L’écosystème des scale-ups a longtemps incarné la success story du capital-risque : forte croissance, financements en série et développement international. Pourtant, en 2024, la dynamique s’inverse : les faillites se multiplient parmi ces entreprises que l’on croyait inébranlables. Plus que jamais, l’accès au capital n’est plus une garantie de survie. Comment expliquer ce basculement brutal ?
Une présomption de solidité aujourd’hui démentie
Le passage au statut de scale-up était autrefois perçu comme un gage de maturité. Lever une série C ou D impliquait une validation du marché et une assise financière réputée stable. Mais les chiffres récents démontrent la fragilité de bons nombres d’entre elles : en 2024, le nombre de faillites chez les scale-ups a augmenté de 104 %, avec un solde net négatif de nouvelles levées en série A, selon l’étude de ScaleX Invest.
Ce retournement s’explique par un cycle de financement qui s’est brutalement contracté. Autrefois dopées par l’afflux de capitaux à des valorisations surévaluées, ces entreprises doivent désormais composer avec des investisseurs plus sélectifs, exigeant une trajectoire claire vers la rentabilité. Or, nombre de scale-ups ont construit leur croissance sur des modèles extrêmement capitalistiques, où chaque levée servait avant tout à entretenir l’hypercroissance plutôt qu’à bâtir une soutenabilité économique.
Une dépendance aux levées devenue un facteur de risque
L’analyse des entreprises en difficulté met en évidence un schéma récurrent : 71 % des startups ayant fait faillite en 2024 avaient levé un tour de financement dans les trois années précédentes, selon le rapport ScaleX Invest. Contrairement à l’idée reçue selon laquelle le financement constitue un rempart contre les faillites, il semble au contraire en être un accélérateur lorsque mal exploité.
Les scale-ups qui s’effondrent aujourd’hui partagent souvent les mêmes caractéristiques : une croissance alimentée artificiellement par des levées successives, des modèles économiques encore largement déficitaires et une difficulté à pivoter vers une structure plus sobre en capital. La fin de l’argent facile impose une rationalisation que ces entreprises, trop habituées à une abondance financière, ne parviennent pas à opérer à temps.
L’illusion de l’hypercroissance comme norme absolue
Le marché du capital-risque a longtemps privilégié un modèle de développement fondé sur un développement rapide et la conquête de parts de marché avant la rentabilité. Cet axiome s’effrite. La baisse généralisée des multiples de valorisation oblige les startups à revoir leur priorisation : la rentabilité et la gestion rigoureuse des ressources deviennent des impératifs, et non plus des objectifs secondaires.
Ce changement s’observe particulièrement dans le secteur SaaS, où les modèles de souscription garantissaient autrefois des financements aisés sur la seule base de la croissance des abonnements. En 2024, les scale-ups SaaS présentant des niveaux de burn rate élevés et une incapacité à atteindre un CAC ratio soutenable voient leur accès aux fonds drastiquement restreint.
Vers un nouveau modèle de croissance ?
Le marché se restructure autour de nouvelles exigences : un accent mis sur les fondamentaux financiers, une discipline budgétaire renforcée et une exigence accrue quant à la preuve du marché. Les investisseurs cherchent des entreprises qui, au-delà de la croissance, démontrent une capacité à générer de la marge et à contrôler leur trajectoire financière.
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