De quoi le collaborateur a-t-il besoin pour devenir “2.0″ ?
L’un des paradoxes de l’entreprise 2.0 est que lorsque les entreprises arrivent à maitriser leur peur de l’inconnu et se lancent, elles ne sont pas systématiquement suivies de leurs employés alors même qu’elles apportent une réponse souvent demandée à leurs problèmes et des solutions supposées leur faciliter le quotidien.
Tout le monde comprend désormais que le collaborateur a besoin de plus qu’un outil et d’une campagne de communication pour adopter des pratiques nouvelles quand bien même elles lui seraient bénéfiques. Même le “faites en ce que vous voulez, on vous fait confiance” ne fonctionne pas.
Petite checklist des attentes des collaborateurs.
• Quels outcomes ? Que dois-je “produire” personnellement sur ces outils, et qu’attend on des groupes/communautés dont je fais partie ?
• Quelle est la limite de ma responsabilité ? Jusqu’où suis-je autonome, à partir d’où dois-je m’abstenir ou demander une quelconque validation.
• Est-ce que je suis payé pour ça ? Est-ce que mon manager (ou toute personne qui me paie sur son budget) ne va pas considérer cela comme du temps perdu ? Va-t-on donc me reprocher ma participation ou me féliciter ?
• Quelle est mon exposition ? Comment la contrôler ? Quel type d’information dois-je partager ? Factuel ou opinions qui engagent ? Puis-je déterminer mon propre curseur ? Qui à accès à quoi ? Quel usage peut en être fait ?
• Montrez moi d’abord, montrez l’exemple avant que je suive.
• Avant de me demander de faire des choses nouvelles, montrez moi comment tout cela peut s’appliquer à ce que je fais aujourd’hui et le rend plus simple, pratique pour moi.
• N’éparpillez pas mon attention. J’ai déjà beaucoup à faire, ne me distrayez pas avec des informations et sujets nouveaux sans intérêt, sans valeur ajoutée par rapport à mes objectifs et tâches quotidiens.
• Ne rompez pas mon “workflow personnel”. Je n’ai pas le temps de jongler entre 3 applications aggréger les informations, les forwarder, les copier/coller. Sinon je vais me concentrer sur l’outil qui sera peut être le moins efficaces mais qui me permet de faire un peut tout sans en changer, même si ça le fait mal (l’email ?).
• N’ajoutez rien, enlevez. A chaque problème nouveau correspond une “couche” de solutions (outils, pratiques, règles) nouvelles qui s’empilent depuis 50 ans et finissent par me ralentir et en deviennent même contradictoire les unes avec les autres. Au lieu d’ajouter une couche nouvelle, enlevez celles qui sont déjà de vrais poids, n’ont pas de sens et ne servent à rien.
• Ne m’embarquez pas dans une expérimentation de plus. Je ne suis pas un cobaye et le temps que j’investis me pénalise souvent dans mon “vrai” travail, voire nuit à mon image. Je suis prêt à apprendre, à explorer, à condition d’être sur qu’on ne va pas laisser tomber au bout de 6 mois et que ça va m’aider dans mon quotidien.
• Comment sera utilisée et réutilisée l’information que je partage. Cela m’aidera à savoir ce que je dois partager.
• Apprenez moi, montrez moi comment articuler les dimensions informelles/non structurées et formelles/structurées de mon travail ! Et j’espère que les outils le prennent en compte, je n’ai pas envie de jouer le connecteur humain.
• Apprenez moi à faire rentrer tout cela de manière douce et inconsciente dans mon quotidien. Comment en faire une routine simple, scriptée, rassurante, compréhensible que je suivrai sans même y penser.
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Crédit Photo: Benjamin Boccas