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[DECODE] Amazon va vous écouter de plus en plus

Avec l'AFP

  • Amazon a annoncé mercredi une avalanche de nouveaux produits connectés à bas prix.
  • Le but : inonder le marché, cette fois hors de la maison, de gadgets équipés de son assistant personnel Alexa pour contrer Google et Apple, et compenser son retard dans le hardware.
  • Mais Amazon a aussi fait un aveu : l’omniprésence de ses appareils inquiète et il faut prendre des mesures.

Alexa, l’assistant virtuel d’Amazon, interagit avec l’ensemble de ses utilisateurs des « milliards » de fois par semaine, selon l’entreprise de Jeff Bezos. Lors de la sortie de la première génération des enceintes Echo, fin 2014, Alexa ne proposait que 13 fonctionnalités différentes, comme jouer de la musique, écouter la radio, contrôler ses appareils de domotique et ses objets connectés, faire ses courses, gérer son calendrier ou s’informer sur la météo et des événements sportifs. Au fil des années, l’assistant s’est développé en perfectionnant ses utilisations originelles, en profitant de l’élargissement de l’écosystème Echo ( Echo Plus, Echo Dot, Amazon Tap, Echo Look, Echo Show, Echo Spot, Echo Auto, Echo Input, Echo Link, Echo Link Amp…), et en proposant de nouvelles intégrations et de nouveaux partenariats, comme avec Just Eat, Uber, SpotifyThe Guardian, Fitbit, Skyscanner, EasyJet, BMW, EDF, ou encore Nest (Google). L’objectif a toujours été d’installer durablement Alexa jusque dans les murs des maisons des consommateurs.

Mais en parallèle, Amazon ratait le coche du mobile et des appareils utilisés à l’extérieur, en mouvement. L’éphémère Fire Phone a été un échec commercial. L’entreprise de Seattle est bien parvenue à installer Alexa dans des enceintes Bluetooth et des systèmes audio automobiles, mais le groupe ne dévoile pas ou peu de chiffres sur l’étendu de leur adoption. En somme, Alexa est majoritairement resté cloisonné à la maison, tandis que Google Assistant et Siri devenaient les assistants par défaut de la très grande majorité de smartphones dans le monde.

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Mercredi, lors de la conférence produits marathon du géant du e-commerce à Seattle, Amazon a clairement affiché sa volonté de sortir Alexa de la maison pour que l’assistant accompagne les utilisateurs partout, tout le temps, dans chaque détail de leur vie quotidienne. De quoi accroître l’utilité de l’écosystème Echo pour rester compétitif dans le hardware face à Apple ou Google ? Rappelons toutefois que, paradoxalement, Amazon et Google se partagent déjà près de 60% du marché mondial des assistants vocaux, selon le cabinet d’études Canalys, devant Siri, Bixby (Samsung) ou encore Cortana (Microsoft). L’entreprise a dévoilé dans ce cadre une avalanche de nouveaux produits, dont :

  • Echo Buds : alternative aux AirPods d’Apple, ces écouteurs sans fil développés en partenariat avec Bose sont dotés d’une fonctionnalité de suppression du bruit extérieur et d’une durée de vie de batterie en continu de cinq heures. Mais ils pourront surtout être synchronisés non seulement avec Alexa, mais aussi Google Assistant et Siri.
  • Echo Loop : cette bague connectée au smartphone est équipée de deux micros et d’une mini enceinte. Elle permet de s’adresser à Alexa et d’écouter ses réponses. Elle n’en n’est pour le moment qu’au stade de prototype et est lancée en quantité limitée.
  • Echo Frames : connectées au smartphone, ces lunettes permettront de s’adresser à Alexa. Comme l’Echo Loop, elles sont vendues pour le moment en série limitée en tant que prototype. L’appareil traduit la volonté d’Amazon de se focaliser sur la voix : il dispose d’un micro, mais pas de caméra. Quel intérêt, alors, d’opter pour les lunettes plutôt que les écouteurs ou la bague ? Les porteurs des lunettes pourront choisir des verres à leur vue. Pour le reste de la population qui ne porte pas de lunettes, Amazon aura peut-être plus de difficultés à convaincre de l’utilité de porter des smart glasses.

  • Echo Flex : cette mini enceinte connectée se branche directement dans le mur. L’appareil est davantage destiné à être utilisé pour interagir avec Alexa que pour écouter de la musique, par exemple. Il dispose aussi d’un port USB permettant de recharger son smartphone.
  • Echo Show 8 : la troisième version de son enceinte avec écran permet à l’utilisateur de passer des appels vidéo. Il disposera d’un volet qui permettra de bloquer l’objectif. La nouvelle version permet également de choisir entre trois tailles d’écran.
  • Echo Studio : il s’agit d’une version plus luxueuse de l’Echo Studio avec des améliorations qui ont trait au son. Le but : séduire les audiophiles et enfoncer le HomePod d’Apple.
  • Ring : cette gamme comprend des caméras de sécurité intérieures et extérieurs. La Ring Stick Up Cam, qui se fixe à un mur, a vu son prix descendre à 99 dollars, tandis qu’Amazon lançait au même moment la Stick Up Cam Elite pour 199 dollars. Enfin, la Ring Indoor Cam est une caméra conçue spécialement pour l’intérieur.
  • Eero : cette nouvelle génération de routeurs Eero fonctionnera avec Alexa. Elle permet de mettre en pause ou de désactiver le Wi-Fi via la commande vocale. Ces fonctionnalités seront par ailleurs intégrées aux routeurs TP-Link, Asus, Linksys, ou Arris via l’API d’Amazon.
  • Côté améliorations techniques, Alexa devient bilingue : en plus de l’anglais, l’assistant fonctionnera aussi en espagnol aux Etats-Unis, en français au Canada, et en hindi en Inde. Grâce à l’apprentissage automatisée, elle gagne aussi en réalisme, avec une voix plus humaine, et l’option d’utiliser des voix de personnes célèbres, comme celle de l’acteur Samuel L Jackson.

« Si vous pensiez qu’Amazon incorporait Alexa à votre vie avant, ce n’est rien comparé à ce qu’ils ont prévu », a estimé Avi Greengart, analyste chez Techsponential, à la sortie de la conférence. « Alexa va être chez vous, dans vos oreilles, sur votre visage et littéralement au bout de vos doigts », a-t-ail ajouté.

Couplés au lancement d’autres gadgets tels qu’une veilleuse pour enfants (Echo Glow), un four intelligent (Amazon Smart Oven) ou un collier pour chien connecté (Ring Fetch), ces nouveautés confirment aussi la stratégie d’Amazon, partagée par d’autres géants du numérique comme Google, Apple mais aussi Facebook : inonder le marché d’appareils hardware à prix abordables qui servent de porte d’entrée à leurs produits numériques.

« Nous continuerons à écouter nos clients »

Mais au-delà des gadgets, le géant du e-commerce a, finalement, fait un aveu mercredi : ses appareils envahissent les maisons et s’accrochent désormais au corps même de ses clients, il doit donc en faire beaucoup plus pour atténuer les craintes liées à la vie privée et aux données personnelles.

Plusieurs enquêtes ont en effet révélé ces derniers mois dans la presse que les échanges avec les assistants vocaux sont parfois écoutés par des humains, à l’insu des utilisateurs, dans le but de perfectionner les machines. En mai dernier, Amazon a déjà annoncé l’ajout de fonctionnalités pour demander à Alexa d’effacer ses enregistrements ou d’aveugler la caméra. D’ici la fin de l’année, la firme de Seattle va en plus ajouter un mode « Home » aux caméras, qui les empêchera d’enregistrer des vidéos ou du son tant qu’il sera activé.

Dave Limp, head of devices & services d’Amazon, a également indiqué mercredi que l’entreprise avait réduit de moitié le nombre de fois où des appareils dotés d’Alexa se sont soudainement « réveillés » sans que l’utilisateur ne l’ait demandé. Mais l’assistant vocal et intelligent devra désormais rendre des comptes : les utilisateurs pourront désormais aussi demander à Alexa pourquoi elle a fait quelque chose ou de répéter ce qu’elle a entendu. Une nouvelle fonctionnalité permettra aussi de supprimer les enregistrements audio automatiquement, à intervalles réguliers.

« C’est un pas en avant, mais nous continuerons à écouter nos clients et à investir dans le respect de la vie privée », a déclaré Dave Limp.

Dans les faits, en prenant ces mesures, Amazon a réussi un tour de passe-passe : l’entreprise évite de simplement récolter moins de données auprès de ses utilisateurs et s’offre un joli coup de communication en laissant aux utilisateurs de ses enceintes juste un peu plus de contrôle sur leurs données personnelles.

En attendant, Amazon travaille actuellement aux Etats-Unis sur un projet de règlementation de l’usage (décrié) de technologies de reconnaissance faciale. Après la conférence de mercredi, Jeff Bezos a indiqué : « C‘est un parfait exemple de quelque chose qui a des utilisations vraiment positives, donc qu’il ne faut pas freiner. Dans le même temps, il y a beaucoup de possibilités d’abus de cette technologie, et donc il faut une réglementation ». Amazon vend, via AWS, sa technologie de reconnaissance faciale Rekognition à des instances gouvernementales américaines. Cette plateforme propose des solutions d’analyse d’images et de vidéos, dont l’identification et le suivi d’individus et de leurs émotions. Des tests de la technologie ont toutefois suscité des inquiétudes quant à d’éventuels biais et inexactitudes.

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