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[DECODE] E-santé: digital therapeutics, SleepTech, IA… 5 tendances à suivre en 2019

14,6 milliards de dollars ont été investis dans les entreprises de l’e-santé en 2018, soit près de 3 milliards de plus que l’année précédente, selon les chiffres de l’organisation Startup Health. Intelligence artificielle, applications, objets connectés… Il ne fait plus aucun doute que la Tech peut améliorer la prise en charge des patients, leur traitement ou encore la formation des professionnels du milieu médical.

Le challenge maintenant est de réussir à faire largement adopter ces innovations par les professionnels du secteur et par le grand public. En attendant, les acteurs de l’e-santé investissent de plus en plus de champs. «La santé sort de certaines frontières», constate Jérôme Leleu, président d’Interaction Healthcare qui a partagé avec nous ses retours sur les segments à surveiller. Digital therapeutics, SleepTech, télémédecine, IA, réalité virtuelle et augmentée, voici un focus sur 5 tendances à suivre en 2019.

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 Les défis des digital therapeutics

L’année 2019 marquera-t-elle l’avènement de la thérapie numérique, ou digital therapeutics? Ce segment de l’e-santé définit les traitements qui utilisent des technologies numériques, souvent en ligne, pour traiter un problème médical ou psychologique. «Ce sont des dispositifs d’accompagnement des patients», ajoute Jérôme Leleu.

«Certains dispositifs complètent le traitement traditionnel en aidant les patients à gérer leur état, notamment en indiquant quand et combien de médicaments doivent être pris. Et certains proposent des traitements alternatifs aux médicaments, tels que les stimuli sensoriels délivrés par une tablette pour gérer l’insomnie ou la dépression», décrivent des experts de la société de conseil McKinsey & Company. «Il est important de noter que les thérapies numériques ont tendance à cibler des affections mal traitées par le système de santé, telles que les maladies chroniques ou les troubles neurologiques», poursuivent-ils. Elles permettent aussi souvent de réduire les coûts des traitements en limitant l’intervention des personnels de santé.

Pourtant elles ne sont pas encore largement prescrites par le personnel médical. Il s’agit maintenant d’un enjeu de confiance: preuves cliniques, approbation par les autorités de régulation… Les thérapies numériques doivent réussir à obtenir l’adhésion du secteur de la santé. Ce sera un de leurs enjeux pour l’année.

«Elles vont se diffuser», est en tout cas convaincu Jérôme Leleu. C’est par exemple le chemin que prend le Français Diabeloop. Ce dispositif permet d’automatiser le traitement du diabète de Type 1. Il comprend un capteur de glucose en continu (CGM), une pompe à insuline patch et un terminal dédié qui héberge l’algorithme développé par Diabeloop et sert d’interface utilisateur avec le système. «Toutes les cinq minutes, un résultat de glycémie est envoyé au terminal via bluetooth. L’intelligence artificielle DBLG1 analyse les données en temps réel et calcule la juste dose d’insuline à administrer en prenant en compte les paramètres personnalisés du patient ainsi que les informations qu’il aura entrées (repas ou activité physique) », explique l’entreprise. Le DBLG1 a récemment obtenu le marquage CE, ce que l’entreprise considère comme une étape cruciale pour aller vers la commercialisation de son dispositif.

Crédit: Diabeloop

 

L’émergence de la SleepTech

36 % des Français souffrent d’au moins un trouble du sommeil selon une enquête menée par l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV). Un trouble, qui comme le rappelle l’Inserm, peut avoir de sérieuses conséquences sur la vie personnelle, professionnelle et plus généralement sur la santé des personnes touchées. Beaucoup de spécialistes considèrent même cet enjeu comme l’un des grands maux des sociétés modernes. Mais la Tech pense qu’elle peut y remédier. De nombreuses entreprises ont développé des solutions et 2019 semble être leur année. Preuve en est, ce segment était particulièrement bien représenté lors de la dernière édition du CES, comme a pu l’observer Jérôme Leleu, présent avec la casquette de coordinateur général du collectif #Smartsanté du Village francophone.

Côté solutions, les entreprises adoptent principalement deux grandes approches. D’un côté, Il y a celles qui se proposent de vous réapprendre à bien dormir avec des exercices en journée. C’est le créneau qu’a choisi d’occuper le groupe français Urgo avec sa solution URGONight. Il s’agit d’un casque qui se pose sur la tête quelques minutes, plusieurs fois par jour, et utilise un système de mesure électroencéphalographique combiné à des exercices d’entraînements cérébraux personnalisés sur application mobile pour apprendre à retrouver le sommeil.Apple-converted-space »>  Tandis que de son côté, la startup Dreem, soutenue par Johnson & Johnson, a développé un casque qui se porte aussi la nuit. Il mesure l’activité cérébrale et utilise des programmes sonores dans le but de faciliter l’endormissement et d’améliorer la qualité du sommeil profond. Autre approche, celle de Phillips qui parmi sa suite de solutions pour mieux dormir, a développé le SmartSleep Snoring Relief Band. Cette bande se porte la nuit autour de la poitrine afin de suivre votre position et de vous pousser à changer de posture si cela est nécessaire afin de prévenir les ronflements.

Crédit: Dreem

Pour Jérôme Leleu, cette année, l’enjeu pour ces sociétés sera d’être capables de prouver que leur solutions fonctionnent, de pouvoir donner des preuves. Un axe sur lesquelles les marques travaillent souvent dès le début et qui doit être amplifié. «Elles doivent travailler sur des essais cliniques, sur la mise en place de protocoles pour prouver l’efficacité de leurs solutions. C’est un vrai sujet de fond. Elles doivent passer du côté ‘gadget’ à une réelle preuve de l’efficacité». C’est là que peut se faire le pivot pour que le grand public soit massivement prêt à investir – autour de 500 euros pour les solutions évoquées plus haut- dans ce type d’innovations. Certaines solutions pourraient même alors glisser vers la catégorie des digital therapeutics (voir plus haut) si elles se considèrent comme un réel dispositif médical et parviennent à en faire la preuve.

Télémédecine: qui parviendra à se faire une place en France?

Depuis septembre 2018, les téléconsultations médicales sont remboursées par l’Assurance Maladie. Un changement de paradigme qui devrait avoir pour conséquence de considérablement développer le secteur en France.

Pléthore de startups ce sont donc lancées dans le secteur. «Pour l’instant, il y a de tout et n’importe quoi. Il faut pondérer un peu l’enthousiasme», remarque Jérôme Leleu. Seules devraient subsister celles qui suivent vraiment les règles imposées par la législation. Pour ces dernières, les perspectives peuvent être intéressantes dans un marché qui en est qu’à ses balbutiements dans l’Hexagone. «À cela s’ajoute une prise en compte des acteurs publics, de la santé, des sociétés savantes, des hôpitaux et du gouvernement pour soutenir ce type d’approches», constate Jérôme Leleu. Ce qui pourrait créer des synergies intéressantes avec les pouvoirs publics et donner des opportunités de croissance aux entreprises du secteur.

À titre d’exemple, le Suédois Kry qui s’est lancé en France sous le nom de Livi, nous expliquait lors d’une interview dans nos locaux être en discussion avec des maires ou des communes pour répondre aux enjeux de déserts médicaux. L’entreprise espère également pouvoir participer au désengorgement des urgences. «La feuille de route est encore large car beaucoup de choses restent à faire», avait commenté Jonathan Ardouin, directeur général France. Même la plateforme de prise de rendez-vous médicaux en ligne Doctolib a annoncé récemment son lancement officiel sur le créneau des téléconsultations. À suivre donc au cours de l’année, pour voir quels acteurs parviendront à sortir leur épingle du jeu et si les Français seront vraiment réceptifs à cette évolution du secteur de la santé.

IA: les cartes restent à distribuer

«L’impact de l’intelligence artificielle sur la santé va s’accélérer», prévoit Jérôme Leleu. La radiologie par exemple devrait particulièrement profiter des avancées qui permettent à des algorithmes de traiter des milliers de données pour repérer plus rapidement et parfois plus précisément certaines pathologies. Si les articles scientifiques vantant la réussite de tel ou tel logiciel ce sont multipliés en 2018, 2019 pourrait être l’année où il seront plus largement utilisés. «On est dans une phase où le proof of concept est passé mais les cartes restent à distribuer entre startups, grands groupes… », analyse Jérôme Leleu.

L’IA devrait aussi participer à la généralisation de l’utilisation de « clone numérique » du patient pour traiter des pathologies comme le cancer. L’utilisation d’un tel système permet de réduire le risque qu’interviennent des événements indésirables lors des interventions chirurgicale, en permettant aux chirurgiens de s’entraîner sur un « clone numérique ». «Il s’agit d’un laboratoire d’analyses, comme il en existe beaucoup en biologie, sauf que cette fois-ci nous travaillons sur du numérique. Nous remplaçons l’échantillon biologique par un échantillon numérique à partir d’une image médicale, un scanner ou un IRM, du patient. Celle-ci est envoyée par Internet via un serveur sécurisé. Ensuite, nous la traitons avec des logiciels, notamment d’intelligence artificielle», nous expliquait Luc Soler, à la tête de Visible Patient, lors d’une interview accordée à FrenchWeb.

En ce qui concerne la généralisation de la technologie, l’entreprise a réussi a obtenir la prise en charge à 100 % par les assurances Crédit Mutuelle pour la totalité de leurs assurés. D’autres partenariats devraient suivre. Luc Soler nous expliquait alors «qu’il y a un tel bénéfice, y compris économique, à utiliser Visible Patient» qu’il n’avait pas de mal à convaincre ces établissements de prendre en charge les frais. Ce type de dispositif pouvant tout simplement éviter les erreurs médicales.«Dans une seconde phase, mais un peu plus lointaine, je pense que ce sont les mutuelles elles-mêmes qui négocieront directement avec l’Assurance Maladie pour qu’une partie de ces dépenses soit prise en charge», prévoyait-il. Ce type d’avancées devrait profiter à tout le secteur, les développements seront à suivre au cours de l’année.

Crédit: Visible Patient

Envoyer le patient dans une autre réalité pour le soigner

En 2019, les applications de la réalité virtuelle ou augmentée dans la santé devraient continuer à se répandre. Que cela soit du côté des médecins, à des fins de formation ou d’entraînements, ou pour les patients. Pour ces derniers, les applications imaginées sont nombreuses: utiliser la VR pour réduire la sensation de douleurs, soigner les phobies, ou repérer les signes précoces de la maladie d’Alzheimer en envoyant le patient dans un monde virtuel.

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