[DECODE Market] Microsoft, Slack et Uber : trois valeurs à suivre en 2020
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Nous vous proposons Decode Market, un nouveau rendez-vous avec notre partenaire eToro. Chaque mois, nous décoderons les sociétés de la Tech d’un point de vue business, produit, marketing, concurrentiel, et confronterons cette analyse à leurs performances boursières avec Antoine Fraysse Soulier, responsable de l’analyse marché chez eToro.
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Dans ce premier numéro nous évoquons les perspectives 2020 de Microsoft, Slack et Uber.
Microsoft ne cesse de se renouveller
En cinq ans, Satya Nadella a réussi à faire basculer Microsoft dans sa troisième ère. La firme de Redmond s’est ouverte à l’ensemble de l’écosystème Tech, en développant de nombreuses collaborations avec Adobe ou Salesforce notamment, et parallèlement a renforcé ses positions sur les technologies.
Tous les secteurs d’activité sont couverts, de la santé à l’industrie en passant par le retail, de manière à ce que Satya Nadella puisse offrir à ses clients corporate les meilleurs outils pour affronter leur transformation numérique. En l’espace de cinq ans, Microsoft a augmenté de 30% le nombre de brevets déposés chaque année, atteignant les 3 084 brevets acceptés en 2019, loin devant Amazon.
En 2019, Microsoft a été peu actif en matière d’acquisitions, avec le rachat de 8 sociétés, principalement dans la gestion de la data. Aucune n’a cependant un montant aussi élevé que celles de LinkedIn en 2016, acquis pour plus de 26 milliards, ou de GitHub pour 7,5 milliards de dollars en 2018.
Bien entendu, le fait marquant de cette fin 2019 a été l’attribution du contrat géant de stockage de données en ligne (cloud) de 10 milliards de dollars, pour lequel Amazon était considéré comme le favori. Le contrat JEDI (Joint Enterprise Defense Infrastructure), qui s’étend sur une durée de dix ans, vise à moderniser la totalité des systèmes informatiques des forces armées américaines dans un système géré par intelligence artificielle.
En 2019, Microsoft a enregistré un chiffre d’affaires de 125,8 milliards de dollars, en progression de 14% par rapport à 2018, et un bénéfice net de 39,2 milliards de dollars.
Pour l’anecdote, Microsoft n’a fait qu’une levée de fonds, cinq ans avant son introduction en Bourse en 1986, auprès de TVI (Technology Venture Investors), pour un montant d’un million de dollars. Son IPO avait permis de lever 61 millions de dollars, la capitalisation de Microsoft étant alors de 770 millions de dollars pour atteindre en ce début 2020 les 1 244 milliards de dollars.
Slack sera-t-elle une proie facile?
L’aventure Slack est assez inédite sur plusieurs aspects. L’entreprise a vu le jour à partir du jeu vidéo Glitch. La messagerie intégrée dans Glitch est alors si prisée des joueurs pour son ergonomie que Slack décide d’abandonner le jeu pour lancer son application de messagerie en 2014. L’un des facteurs clés de succès de Slack a été d’adopter le modèle de plateforme et d’utiliser l’effet de levier développé par son écosystème de développeurs. Ainsi avec ses 200 000 développeurs actifs, Slack est l’une des plateformes les plus connectées, affichant 1 500 applications disponibles en seulement 3 ans, contre 5 000 en 15 ans pour Salesforce.
Slack doit également son succès à sa stratégie commerciale : pour infuser son outil et ses nouvelles pratiques, l’entreprise californienne a réinventé les approches classiques «top-down» du B2B. «La plupart du temps, le premier client de Slack n’est pas le département Achats (top) mais directement les utilisateurs (bottom) – qui n’ont que rarement le choix des outils avec lesquels ils travaillent. C’est la ‘stratégie du fait accompli’ : une fois que Slack a identifié que plusieurs équipes d’une entreprise utilisent activement son outil, Slack peut avancer un argument de poids redoutable : la démonstration que ça marche (la preuve par l’usage) pour l’étendre à toute l’organisation.»
En 2019, Slack enregistre un chiffre d’affaires d’environ 400 millions de dollars et 138 millions de pertes.
2019 aura été une année importante pour Slack avec son introduction sur le Nasdaq en cotation directe (Direct Listing), c’est-à-dire sans effectuer de levée de fonds. Slack a été valorisé près de 24 milliards de dollars lors de sa cotation.
Depuis sa création, Slack a levé 1,2 milliard de dollars.
Pour 2020, elle prévoit des revenus de l’ordre de 600 millions de dollars, en progression de 50% par rapport aux estimations de 2019, et des pertes de l’ordre de 190 millions à 200 millions de dollars.
Uber, l’ère Travis Kalanick c’est fini
2019 signe pour Uber la fin d’une décade d’hypercroissance qui aura déstabilisé le secteur des taxis dans tous les pays dans lesquels l’entreprise s’est installée. Le choc business est si rapide que l’expression de Maurice Levy « Tout le monde a peur de se faire uberiser » sera largement reprise. Cette époque est une ère de conquète à tout-va, hyper-financée avec plus de 24,7 milliards de dollars levés auprès d’investisseurs comme Benchmark, Sequoia Capital, FirstRound Capital, et surtout SoftBank.
Ainsi, Uber est présent dans 65 pays et plus de 600 villes, sans avoir à faire d’acquisition sur cette activité en dehors de celle de Careem à Dubaï. Uber préfère laisser ses concurrents vivoter, voire mourrir. En 10 ans, la société a limité ses acquisitions à des sociétés technologiques, dont les activités viennent renforcer les services de l’app Uber ou qui ouvrent une voie de diversification à la société dans le fret de marchandises, notamment avec le rachat d’Otto spécialisé dans les camions autonomes.
Toutefois, les activités d’Uber sont mises en danger dans de nombreuses villes qui renforcent leur réglementation afin de mieux encadrer les VTC, ou par la requalification des chauffeurs en salariés notamment par l’État de Californie.
Après avoir cédé une grande partie de ses actions le 24 décembre 2019, Travis Kalanick a annoncé son départ du conseil d’administration d’Uber.
Une nouvelle ère s’ouvre pour la société qui cherche à diversifier ses activités, notamment dans la livraison à domicile avec Uber Eats, mais également dans le secteur de l’emploi avec Uber Works. Cela n’empêche pas Dara Khosrowshahi, le CEO d’Uber depuis 2017, de défendre les positions de la société en contre-attaquant la plupart des décisions de justice et en développant une activité de lobbying intense pour défendre les intérêts de la société.