[DECODE Retail] Square, la FinTech de Jack Dorsey, sur les rails d’une rentabilité durable ?
Après avoir trouvé la recette avec Twitter, qui a bouclé un deuxième exercice annuel rentable consécutif l’an passé (1,5 milliard de dollars en 2019 et 1,2 milliard de dollars en 2018), Jack Dorsey semble également avoir trouvé le bon équilibre pour sa deuxième société : Square. En effet, la FinTech américaine, qui propose un système de paiement mobile à destination des petits commerces et des PME, a enregistré un bénéfice net de 390,9 millions de dollars au quatrième trimestre 2019, contre une perte de 28,2 millions de dollars sur la même période un an plus tôt.
Il est à noter cependant que 373 millions de dollars de ce bénéfice proviennent du gain de la société sur la vente de sa division Caviar, spécialisée dans la livraison de repas, vendue à DoorDash pour 410 millions de dollars, soit une belle plus-value par rapport au prix d’achat de 90 millions de dollars en 2014. Sans cet avantage, le bénéfice net est ramené à 18 millions de dollars, contre 27 millions de dollars au troisième trimestre. Dans le même temps, l’entreprise du patron de Twitter a réalisé un chiffre d’affaires de 1,3 milliard de dollars, alors que les analystes tablaient sur 1,2 milliard de dollars de revenus.
Square dégage enfin des bénéfices
Ces résultats confirment la belle forme de Square, qui avait enregistré le premier bénéfice net de son histoire au troisième trimestre 2018. A l’époque, ce bénéfice surprise de 20 millions de dollars était surtout le fruit de l’investissement de Square dans Eventbrite, qui venait tout juste de faire ses premiers pas en Bourse à Wall Street. Cependant, il ne s’agissait pas seulement d’un coup de chance, comme auraient pu le craindre les investisseurs qui commençaient à émettre des doutes sur la capacité de Square à atteindre la rentabilité malgré l’impressionnante croissance de l’entreprise depuis son introduction en Bourse en novembre 2015. Et pour cause, les bénéfices ont continué à tomber par la suite.
Élément très important, le GPV (le «gross payment volume», soit le montant total de tous les paiements par carte traités par les vendeurs) s’est élevé à 28,6 milliards de dollars au quatrième trimestre 2019, contre 22,6 milliards de dollars un an auparavant. Sur les trois derniers mois de l’année écoulée, 54% du GPV provenaient de marchands avec un volume de transactions dépassant 125 000 dollars par an, contre 52% au trimestre précédent. Cette progression est le fruit de la stratégie déployée par Square pour toucher toutes les tailles de commerçants avec une offre plus large de solutions software et hardware à leur disposition.
S’étendre aux PME, la stratégie payante de Jack Dorsey
En effet, la FinTech américaine, au départ centrée sur les petits commerçants avec sa solution qui transforme un terminal mobile en lecteur de cartes bancaires, a commencé en 2017 à viser une clientèle plus large que les micro-marchands avec la sortie de Square Register, un système de point de vente complètement intégré. Alors que le Square Stand, qui permet de transformer un iPad en système de point de vente, ne disposait que d’un écran que le vendeur pouvait tourner vers le client si besoin, ce nouveau produit est livré avec deux écrans pour que ce dernier puisse suivre l’enregistrement de ses produits. C’est la première incursion de Square dans le monde des PME. Un virage qui va permettre à l’entreprise de se rapprocher rapidement de la rentabilité.
Par la suite, Square n’a eu de cesse d’ajouter de nouveaux services pour enrichir ses produits, de manière à couvrir l’ensemble des besoins des commerçants dans le processus de vente. Dans cette optique, l’entreprise a procédé à plusieurs acquisitions, dont celle de Weebly, start-up spécialisée dans la création simplifiée de sites Internet et de boutiques en ligne, tombée dans le giron de Square pour 365 millions de dollars en 2018 afin de proposer des solutions omnicanales aux marchands. Pour créer un cadre propice à l’application de cette vision élargie, la société a d’ailleurs décidé de s’organiser par verticale en proposant des systèmes de point de vente intégrés par secteur (Square for Retail, Square for Restaurants, Square Point of Sale, Square Appointments…).
Cerise sur le gâteau, pour renforcer son image de «game changer» sur le marché des systèmes de paiement des points de vente, la FinTech californienne a dévoilé fin 2018 Square Terminal, un produit qui vise tout simplement à moderniser le bon vieux terminal bancaire. Rien de révolutionnaire mais ce terminal de paiement, qui est une machine indépendante n’ayant pas besoin d’être reliée à un smartphone, rend le moment du paiement plus «élégant». Et c’est d’ailleurs la marque de fabrique de Square de proposer des produits élégants simples d’utilisation, faciles à reconnaître qui plus est, de la même manière qu’Apple avec sa gamme de produits (iPhone, iPad, iMac, Mac, Apple Watch…).
Cash App, la machine à cash de Square
Parmi les services qui sont de véritables moteurs de croissance chez Square, l’application Cash App a le vent en poupe. Les fonctions de base de Cash App, comme envoyer de l’argent entre particuliers, sont gratuites. En revanche, ces derniers ont la possibilité de payer pour profiter de certaines options. On peut par exemple citer la possibilité de réaliser un virement instantané vers son compte bancaire (commission de 1,5% par transaction, avec un minimum de 0,25 dollar), au lieu du virement standard qui lui est gratuit et prend entre 1 et 3 jours. Les professionnels qui acceptent des paiements via l’application doivent également s’acquitter de frais (2,75% par transaction).
Lancée pour concurrencer Venmo, l’application de transfert d’argent peer-to-peer de PayPal, elle se porte bien et contribue largement au succès de la branche «abonnements et services» de Square qui a bondi de 78% au cours du quatrième trimestre 2019 pour atteindre 266 millions de dollars de chiffre d’affaires, en excluant Caviar de la période de l’exercice précédent. Dans le détail, les revenus de Cash App ont augmenté de 96% sur un an pour atteindre 183 millions de dollars. Quant au bénéfice brut de l’application, il grimpe encore plus vite, avec un bond spectaculaire de 104% sur un an, à 144 millions de dollars. Cash App compte désormais 24 millions de clients actifs mensuels, un chiffre en hausse de 60% d’une année sur l’autre.
PayPal, rival principal avec iZettle
Faisant progressivement évoluer son modèle pour se rapprocher de son ambition de devenir une plateforme tout-en-un pour les petites et moyennes entreprises, Square est désormais sur les rails d’une rentabilité durable. Cependant, si la FinTech de Jack Dorsey, qui a fêté ses dix ans d’existence en 2019, a réussi supplanté des services de premier ordre, comme Venmo, propriété de PayPal, elle doit se méfier d’un autre atout du géant américain des paiements en ligne, à savoir iZettle. Cette start-up suédoise, acquise en 2018 par PayPal pour 2,2 milliards de dollars, a en effet développé des lecteurs de cartes bancaires qu’il est possible de connecter à un smartphone pour encaisser des paiements. Le tout avec un accent mis sur le design… comme Square.
Pour PayPal, le rachat d’iZettle représentait une belle opportunité de mettre un pied en Europe et en Amérique latine sur le marché des terminaux de paiement à destination des commerçants. Cependant, Square dispose d’une longueur d’avance aux États-Unis, son marché domestique où elle s’est attelée à séduire les petits commerçants puis les PME. Aujourd’hui, Square a rassuré ses investisseurs et cela se ressent sur sa capitalisation boursière. Alors que l’entreprise était valorisée à peine 3 milliards de dollars au moment de son entrée en Bourse il y a cinq ans, elle vaut désormais 36 milliards de dollars.
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