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Demotivateur, le média qui renverse les règles du jeu

Apparu dans les années 1980 à la télévision, l’« infotainment » vit aujourd’hui, grâce à Internet, ses heures de gloire. Emblématique de cette tendance, le site Demotivateur, avec 3,1 millions de visiteurs uniques au mois de janvier 2015, contre 1,2 million en janvier 2014, selon Mediametrie. Il affiche une progression de 160% de son audience sur un an, de quoi faire pâlir d’envie les médias traditionnels.

Les créateurs Michal Sikora, son frère Pawel et Ari Cohen ne s’en cachent pas, ce sont les clics et le nombre de partages qui comptent. Quitte à mettre de côté la rigueur de l’information journalistique. Les résultats financiers, eux, sont bien là. Le chiffre d’affaires annuel dépasserait les 2,4 millions d’euros selon nos informations. Une somme considérable pour cette start-up fondée il y a deux ans seulement et composée de 11 personnes.

Un algorithme pour choisir les sujets

Leur méthode ? Elle est inversée par rapport à un média classique. L’équipe éditoriale ne pense plus en premier lieu à ses lecteurs mais d’abord aux désirs des annonceurs, qui bâtiront, indirectement, la ligne éditoriale du site, rubriquage inclus. La technologie entre en compte. La sélection des sujets abordés se fait en effet par le biais d’un algorithme, comme le fait aussi Melty. Résultat, qui n’a pas déjà cliqué par curiosité sur :  « Vous ne devinerez jamais pourquoi cette jeune femme a été mise en prison ! Du jamais vu… NORMAL que les voisins se soient plaints…» ou « 10 choses qui arrivent inévitablement aux filles qui ont des visages d’enfant !». Jusqu’à parfois aller trop loin et risquer le bad buzz à cause d’un sujet sur Hitler. Autant de contenus courts qui cadrent parfaitement avec les usages de lecture sur mobile. Des usages qui ont eux aussi modelé les formats éditoriaux du site. Résultat: 77% des visiteurs uniques provenaient du mobile en janvier 2015. 

Les trois fondateurs ont vite été accompagnés par un poids lourds de la publicité en ligne: Hi-Media. C’est d’ailleurs Romain Achard, directeur en charge de l’équipe Magic dédiée au brand content au sein du groupe fondé par Cyril Zimmermann qui orchestre la stratégie commerciale de Démotivateur. Les articles sponsorisés par des annonceurs comme le ministère des Finances ou ERDF ne sont que très faiblement différenciés des autres contenus. Une méthode contestable dans la mesure où la distinction avec les contenus non sponsorisés est très discrète… tandis que la loi est très claire sur le sujet.

Sur les réseaux sociaux et en particulier sur le premier d’entre eux, Facebook, les membres s’échangent de plus en plus de contenus. Cette évolution va de pair avec la montée en flèche des audiences de sites produisant des contenus justement calibrés pour être viraux, c’est-à-dire pour être partagés un maximum. La clé est de jouer sur l’émotionnel, ce qu’ont bien compris les Buzzfeed, Tribunal du Net, SpiOn, Melty, Topito, MinuteBuzz et autre PurePeople.

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Ces nouveaux médias pensent d’abord aux nombre de clics et de partages potentiels, quitte à mettre de côté les considérations historiques de leurs aînés: la rigueur journalistique, l’apport d’un éclairage pour les lecteurs. Le modèle est inspiré de sites américains dont BuzzFeed, dont l’éditeur envisage de s’introduire à Bourse, et Upworthy (19,5 millions de visiteurs uniques par mois en moyenne selon Quantcast).

Chaque semaine, retrouvez un reportage, dans les coulisses des entreprises du numérique qui renversent les modèles économiques traditionnels.

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2 commentaires

  1. Je trouve juste hallucinant que des marques acceptent d’être présentes sur un support où l’humour potache côtoie Hitler… surtout qu’il est question de ERDF …

  2. Faire de l’argent qu’elle qu’en soit la couleur. Un beau futur en perspective. Les pires dystopies n’avaient pas prévu que ces changements viennent de la société civile.

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