Droit à l’erreur et célébration des échecs
Par Aude Sibuet, Culture Manager
Quand je parle de développer une culture plus digitale au sein des organisations, j’aborde le test & learn et le «droit à l’erreur». Comment initie-t-on le droit à l’erreur, me demande-t-on? Une bonne manière de le faire collectivement est de commencer par «célébrer les échecs».
J’ai justement participé à un atelier sur ce thème.
«La plus grande erreur que vous puissiez faire dans la vie, c’est d’avoir peur de faire des erreurs», John Fitzgerald Kennedy
Nous étions une trentaine de participants, accueillis par un mur de post-it de couleurs différentes et vierges. Il fallait inscrire son nom dessus. De fait, vous rejoigniez une équipe.
Court temps de synchronisation (ice breaker) qui nous a mis en jambes. Il s’agissait d’un exercice de synchronisation: applaudir, taper des pieds, émettre des cris de cow-boy, selon les différents signaux donnés par l’animateur… Bonne humeur et lâcher-prise garantis.
Pourquoi célébrer les échecs?
A chaque table, chacun des membres du groupe partageait successivement une difficulté à laquelle il avait dû faire face, échouer… puis ce qu’il en avait tiré. Les témoignages se sont succédés avec beaucoup d’émotions, de simplicité et d’humilité. Identifier, assumer et savoir raconter ses échecs en public, même devant des inconnus, voilà qui n’est pas évident. Cela nécessite de savoir prendre du recul sur soi-même et sur les situations.
Après cette phase de partage, la question «Pourquoi célébrer les échecs?» nous a été posée. Conformément aux règles de l’intelligence collective, nous avons inscrit en lettres majuscules une idée par post-it. Chaque groupe allait présenter ensuite ses idées à l’ensemble de la salle. Si les résultats étaient assez homogènes au sein de chaque table, ils étaient assez différents d’un groupe à l’autre. Les histoires partagées au préalable expliquent sans doute cela.
Les principales motivations pour célébrer un échec relèvent à la fois de la raison et des émotions:
- «Mettre de la conscience»: identifier et reconnaître collectivement ce qui n’a pas fonctionné.
- Eviter que les mêmes erreurs ne se reproduisent: trouver collectivement des solutions.
- Faire mieux la prochaine fois.
- Se rendre compte que ce n’est pas si grave de faire des erreurs.
- Rendre humble, dédramatiser cette possibilité.
- Clôturer «sainement» cet épisode et passer à la suite.
Cela est devenu évident pour tous les participants: célébrer les échecs est aussi important que célébrer les succès pour développer la confiance, en soi et en son équipe.
Comment célébrer les échecs?
A ce stade, les groupes ont été moins créatifs. Tous ont bien compris que pour célébrer les échecs, il fallait mettre en place des rituels, dans ou en dehors de l’entreprise. Favoriser la convivialité et l’aspect non formel du moment, que ce soit dans le lieu ou dans les postures, a semblé important aux participants. Instaurer une fréquence régulière pour cet échange, tous les mois ou toutes les semaines, a également été souligné par les participants.
Quelques exemples: débriefer dans un bar ou dans un parc non loin de l’entreprise, organiser un barbecue, dans la salle réservée à la sieste ou à la créativité (quand l’entreprise en est équipée…), sur des tables hautes autour de laquelle les participants peuvent faire le bilan debout…
Elon Musk, le milliardaire innovant, a sa manière de célébrer l’échec. Il le prévoit dès le départ dans son business plan. Par exemple, il avait prévu budgétairement trois échecs pour la fusée! Effectivement, deux sont arrivés. Son témoignage sur les critiques et le droit à l’échec est assez poignant. Je vous le partage et vous encourage à le regarder (6’18 »)
Faisons comme Elon Musk: prévoyons et acceptons tous collectivement et individuellement nos échecs. C’est le seul moyen d’être agile et innovant.
L’atelier s’est terminé autour d’un verre et de bagel. Merci à la société Goood! pour l’accueil et l’organisation.
La contributrice:
Aude Sibuet est Culture Manager. Son expertise est à la croisée de trois domaines: communication corporate, change management et social selling. Elle est spécialisée dans l’accompagnement de la transformation culturelle des entreprises, notamment managériale.
Faire des erreurs permet d’avancer, dès lors qu’on le reconnait et l’assume. Les enfants se construisent en commettant des bêtises, les adultes, de même, continuent de se construire ne commettant des erreurs et en tirant les leçons de celles-ci.