E-commerce, cryptomonnaies, livraison… : Pékin serre la vis à des secteurs en plein essor
AFP
Groupes technologiques, soutien scolaire ou encore livraison de repas: à tour de rôle, Pékin serre la vis à des secteurs en plein essor, au risque d’affoler les marchés et de faire partir en fumée des milliards de yuans. Echaudées par de nouveaux durcissements réglementaires, les places financières chinoises ont dévissé en début de semaine, Hong Kong perdant plus de 10% en trois séances avant de clôturer dans le vert mercredi. Le géant chinois du e-commerce Alibaba avait été le premier à subir la vindicte des autorités et à être condamné au printemps à une amende de 2,3 milliards d’euros pour entrave à la concurrence. Le pouvoir communiste a depuis étendu à d’autres secteurs sa campagne de « rectification » de pratiques jusque-là tolérées.
Livraison de repas
Une armée de livreurs sillonnent chaque jour à l’heure du déjeuner les rues du pays pour rassasier des millions d’employés. Les géants de la tech règnent sur ce secteur florissant, à grand renfort d’applications pour smartphone et d’algorithmes. En vertu de nouvelles directives annoncées lundi, les entreprises devront garantir aux livreurs un salaire supérieur au minimum légal et des cadences raisonnables. Cette mesure intervient après plusieurs scandales qui ont mis en lumière les conditions de travail précaires des employés du secteur. L’action du chinois Meituan, l’un des leaders du marché, a perdu depuis vendredi près de 15% à Hong Kong.
Education
L’industrie des cours de soutien et des préparations d’examens est un créneau extrêmement juteux en Chine, où l’enseignement est particulièrement compétitif et élitiste. Le secteur pesait en 2018 quelque 220 milliards d’euros, selon le cabinet L.E.K. Consulting. Mais la charge de travail excessive des écoliers et les coûts prohibitifs liés à l’éducation sont de plus en plus décriés. Selon de nouvelles directives publiées samedi, les entreprises de soutien scolaire devront se déclarer en tant qu’associations à but non lucratif et limiter le volume de cours suivis par les élèves -ce qui risque de peser sur leur rentabilité. Depuis l’annonce de ces réformes, les fondateurs de New Oriental et Gaotu Techedu, deux poids lourds du secteur cotés aux Etats-Unis, ont vu fondre leur fortune.
Transport
Didi, qui domine le marché de la réservation de voitures avec chauffeur (VTC), est visé par une enquête en lien avec sa collecte de données privées. La procédure a été lancée après une entrée à Wall Street, qui a permis à la startup de lever 3,7 milliards d’euros -Pékin n’y était pas favorable. Chose peu commune, régulateurs et plusieurs ministères ont dépêché des enquêteurs au siège de Didi et l’application est depuis début juillet interdite de téléchargement pour les nouveaux utilisateurs. Pékin envisage à présent des sanctions exemplaires, dont une amende record qui dépasserait celle infligée à Alibaba, selon l’agence Bloomberg. L’action de Didi a perdu près de 40% de sa valeur sur le Nasdaq.
Cryptomonnaies
La Chine a durci ces dernières semaines les restrictions à l’encontre des activités de minage de bitcoin, le processus énergivore qui permet de créer de la cryptomonnaie. La Chine a un temps été une des places fortes des cryptomonnaies. Mais Pékin a opéré en 2019 un tournant radical contre ces moyens de paiement, accusés d’être des instruments au service « d’activités criminelles ». En mai, les autorités s’étaient fendues d’un rappel à l’ordre sur l’interdiction des paiements en monnaie virtuelle, qui avait fait plonger le cours du bitcoin.
Divertissement
Le régulateur chinois des marchés a bloqué au nom de la concurrence la fusion des deux plus grandes plateformes de jeux vidéo en ligne de Chine, Huya et Douyu. Un revers pour le géant de l’internet Tencent, qui espérait prendre le contrôle de la nouvelle entité et asseoir son emprise sur le secteur du jeu vidéo. Huya et Douyu combinés représentent 80 à 90% de part de marché, selon les analystes. Tencent, également poids lourd en Chine de la distribution de musique, a par ailleurs été contraint de renoncer à ses droits exclusifs, là aussi au nom de la concurrence.
À qui le tour?
La Chine compte durcir les conditions de cotation à l’étranger pour ses entreprises. Ces dernières devront au préalable être irréprochables en matière de cybersécurité, selon des directives qui restent à finaliser. La mesure a déjà un effet dissuasif sur les start-up chinoises, qui craignent de s’attirer les foudres de Pékin. Mercredi, l’un des leaders de la location de vélo, Hello Inc., qui compte Alibaba pour actionnaire, a ainsi renoncé à s’introduire en Bourse aux Etats-Unis.
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