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E-santé: de la passion pour la médecine à la réalité du succès, il y a plus qu’un pas à faire!

Par Denise Silber pour FrenchWeb

L’exosquelette pour re-marcher, l’appli qui surveille la rétine, le pancréas artificiel pour bien gérer sa glycémie, l’imprimante 3D pour personnaliser son médicament, le robot qui détecte un changement d’humeur, la réalité virtuelle pour traiter la douleur, les phobies, et plus, l’application qui favorise une communication sécurisée entre professionnels…les innovations en santé ne manquent pas. 

Qu’en est-il des startups derrière cette offre foisonnante? On pourrait penser qu’elles sont nombreuses. 

Commençons par les licornes, ou startups valorisées à 1 milliard de dollars.

Si la santé est un domaine «pas comme les autres», qui mérite que ses startups réussissent encore plus, c’est plutôt le contraire qui se produit dans le monde. Sur les environ 280 licornes en Tech, 17 sont dans la santé, soit 6%.

Combien de startups en santé à haut potentiel existe-t-il dans le monde? 

Selon une récente étude internationale par les analystes de CB Insights, cabinet d’études américain et bien implanté, 150 startups de la santé digitale à haut potentiel sévissent dans le monde. 150 c’est un nombre rassurant a priori. Avec 150 startups de qualité, ne peut-on pas impacter la santé? Oui, mais!

Les 150 émergent d’une masse mondiale de 5000 startups retenues après un premier examen de leur profil. Il fallait déjà que les 5000 soient dotées de caractéristiques suffisantes en matière d’outils et brevets, de marché réel pour leurs produits, et d’une  équipe de direction ayant su nouer des partenariats, capter des investisseurs, et générer des retombées positives par leur communication….

Au total, alors que les médias ne cessent de jouer sur notre souhait de nouveautés en nous présentant les merveilles de la santé digitale, seulement 3% des startups pré-selectionnées sont des «haut potentiel».

Et nous sommes tous concernés, car cela veut dire qu’une infime fraction des innovations annoncées sera mise sur le marché. D’autre part, la répartition géographique étant très inégale, cette diffusion n’atteindra pas tous les pays, ni tous les patients, et même si l’intention est là, cela prend des années pour diffuser l’innovation à l’intérieur d’un pays à moins qu’il soit déjà hautement numérisé de façon générale et y compris dans son système de soins.

Si l’on regarde la France, trois de nos startups font partie des 150, soit moins d’1% des centaines de startups en santé numérique répertoriées par la BPI.

Les trois sociétés françaises retenues par CB Insight sont Alan, Doctolib, et Dreem

  • Doctolib, la plus «ancienne», car créée en 2013, fournit un service en ligne de prise et de gestion de rendez-vous médicaux mettant en relation des patients et des professionnels de la santé.
  • Dreem, créée en 2014, est à la fois le nom de la société, et aussi son bandeau connecté, visant à améliorer le sommeil.
  • Alan, la plus récente du trio, car datant de 2016, est une assurance santé en ligne pour les entreprises et travailleurs indépendants.

Ces trois sociétés se positionnent sur des marchés qui concernent quasiment toute la population d’un pays, et non pas des produits ou services qui améliorent directement une maladie pénible à vivre et/ou grave.

De ce palmarès, notons aussi qu’avec des populations voisines, 116 startups à haut potentiel sont identifiées aux Etats-Unis pour 16 en Europe! L’Asie est également «sous-représentée» par rapport à sa population avec 17 startups.

Quant à l’Europe, ce n’est pas par manque de création de sociétés que nous en sommes à 16 seulement; il y a des milliers de startups en santé sur notre continent, avec des viviers dans quasiment toutes les villes européennes. Mais elles n’arrivent pas à maturité pour différentes raisons. Serait-ce le trop peu d’investissement en Europe qui fait que l’équipe part sans les moyens pour bien faire, voire l’insuffisance de modèles de succès dans leur environnement. En tous cas, la sous-estimation par les startups en santé de l’importance de la professionnalisation de la communication joue en Europe continental.

Startups en santé numérique à haut potentiel dans le monde. (Source : CB Insights)
Region ou Pays Startups à haut potentiel Dont Licornes
Etats-Unis 116 12
Asie  17 dont 7 en Chine 3 (Chine)
Europe   16 2 (1 France, 1 R-U)
Canada   1 N.A.
Total 150 17

Le deuxième pays après les Etats-Unis est la Chine avec 7 startups et Israël avec 4 startups à haut potentiel, figure en troisième. 

De ces 16 startups européennes, deux sont des licornes, Doctolib en France, et Babylon Health au Royaume-Uni. 

Babylon Health propose des chatbots qui donnent des conseils et identifient les besoins de consultation, et a comme client le NHS au Royaume Uni et le Rwanda, sous un modèle adapté au téléphone mobile sans application. Les Anglais, filtrés par le chatbot, bénéficient de consultations video 24/7 avec un médecin à distance. Ces consultations sont enregistrées en vidéo, pour que les patients puissent les revoir à volonté.

Concernant la segmentation de ces 150 startups, les analystes financiers distinguent 8 rubriques, certaines étant composées de plusieurs sections, soit 15 segments au total

Segmentation du marché de la santé digitale selon CB Insights
la thérapeutique digitale, 
la chaîne d’approvisionnement
l’assurance
la génomique
le bien-être
« professionnel » divisé en gestion administrative, suivi de pathologies chroniques, médecine générale, outils cliniques
le diagnostic divisé en imagerie, pathologie, et autres,
la recherche et le développement des médicaments divisé en essais, données, et découverte

La passion de la médecine et de ses startups, la volonté d’aider l’humanité ne manquent pas. Essayons d’avoir un meilleur score de conversion de l’idée en résultats pour tous! 

La contributrice:

Denise Silber, présidente de Basil Strategies et fondatrice des événements Doctors 2.0 & You, est conférencière et consultante en communication de la santé digitale. Sa volonté d’améliorer la qualité des soins et de renforcer le rôle des patients la conduit depuis les débuts du Web à s’engager dans ce nouvel écosystème.

Conseillère des acteurs de santé publics et privés et communicante sur les réseaux, par l’intermédiaire des événements, et des publications pour l’Institut Montaigne, elle devient rapidement leader d’opinion digital en France et à l’international. Décorée de la Légion d’honneur en 2011, puis nommée aux «Inspiring Fifty», le top cinquante femmes inspirantes de la tech en France en 2018, Denise Silber, franco-américaine, est titulaire du MBA de Harvard et vice-présidente du Harvard Club de France.

Vous pouvez la suivre sur Twitter et LinkedIn.

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