Engie met un terme à EVBox : les pièges du marché des bornes de recharge
Après un fort engouement, le marché des infrastructures de recharge pour véhicules électriques, se retrouve aujourd’hui à un carrefour difficile. Alors que la demande de véhicules électriques monte progressivement en puissance, plusieurs acteurs clés du secteur, tels que EVBox, sont confrontés à des défis inattendus. Derrière ce secteur prometteur se cachent des tensions complexes entre innovation technologique, régulations exigeantes et surcapacité industrielle. Ainsi l’abandon par ENGIE des activités d’EVBox, après avoir accumulé des pertes de 800 millions d’euros, illustre parfaitement ces difficultés.
Des investissements massifs en attente de résultats
Depuis le rachat d’EVBox par ENGIE en 2017, les investissements ont afflué dans la modernisation des usines et l’expansion internationale. Les entreprises comme EVBox ont anticipé une croissance rapide de la demande de bornes de recharge, en pariant sur une adoption rapide des véhicules électriques. Toutefois, cet engouement pour les infrastructures de recharge n’a pas suivi les prévisions optimistes.
Dans de nombreux pays, les infrastructures de recharge ne se déploient pas au rythme espéré. Les subventions et programmes de soutien, essentiels pour encourager l’adoption des bornes de recharge, sont parfois annulés ou retardés. Face à ces aléas, les investissements deviennent des paris risqués, avec des retours sur investissements qui tardent à se concrétiser.
La pression des régulations : un poids lourd pour les fournisseurs
Outre les fluctuations du marché, la régulation européenne, avec des dispositifs comme l’AFIR (Alternative Fuels Infrastructure Regulation), impose des investissements supplémentaires aux fournisseurs. Pour rester conformes, ces derniers doivent adapter leur infrastructure, tant sur le plan matériel que logiciel, pour répondre à des normes strictes. Bien que nécessaires pour standardiser et améliorer la qualité des infrastructures de recharge, ces régulations pèsent particulièrement sur les plus petits acteurs du marché.
Ces obligations, combinées aux incertitudes de la demande, créent une situation où les entreprises doivent constamment réinvestir sans savoir quand – ni si – elles pourront récupérer leurs investissements.
Surcapacité et stocks non écoulés : le piège de l’anticipation
L’un des autres aspects qui explique la crise actuelle réside dans la surcapacité du marché. Les fabricants, pour anticiper la demande à venir, ont largement augmenté leur capacité de production. EVBox, par exemple, avait investi dans une modernisation de son usine de Bordeaux en 2018, espérant répondre à une forte demande. Cependant, cette anticipation n’a pas été suivie par une demande immédiate, créant des stocks invendus et des surcapacités dans l’ensemble du secteur.
Cela expose les entreprises à des risques financiers majeurs, car les coûts de production continuent d’augmenter, tandis que les revenus ne suivent pas. Les entreprises doivent alors jongler entre la réduction des coûts et la gestion des stocks existants, tout en essayant de maintenir leur compétitivité face aux grands acteurs.
La consolidation du marché : les petits acteurs à la peine
En parallèle, le secteur des bornes de recharge voit une consolidation progressive. En juillet 2024, l’Autrichien EnerCharge a dû déposer le bilan avant d’être repris par Keba, tandis que ME Energy, une startup spécialisée dans les bornes de recharge rapide hors-réseau, a déposé son bilan en septembre. Dans ce jeu de consolidation, seuls les plus robustes parviennent à tirer leur épingle du jeu.
Vers un avenir incertain
Le marché des infrastructures de recharge se trouve dans une phase de transition difficile. Les entreprises doivent faire face à une série de challenges – la régulation croissante, la surcapacité, la concurrence et les pressions géopolitiques – tout en essayant de répondre à une demande qui se fait attendre. Les temps à venir vont être difficiles pour bon nombre d’entre elles.
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