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Et si ChatGPT rachetait Chrome ? Ce que cela changerait vraiment dans la bataille du search

Au travers de Nick Turley, Head of product, nous apprenons qu’OpenAI pourrait être intéressé par le rachat du navigateur Chrome si la justice américaine imposait à Google de s’en séparer. Derrière cette hypothèse, c’est une reconfiguration complète de l’accès au web et du search qui se profilerait.

Le navigateur, point d’entrée stratégique

Chrome n’est pas un simple logiciel de navigation. Il est devenu, avec près de 65 % de parts de marché sur desktop et environ 40 % sur mobile, l’un des principaux points d’entrée vers Internet. Il conditionne les choix de moteur de recherche, les suggestions d’URL, la mise en avant d’extensions et l’exposition aux résultats sponsorisés. Pour Google, il constitue un vecteur d’ancrage de son écosystème : chaque ouverture de nouvel onglet favorise un retour vers Google Search, YouTube ou Gmail.

Chrome intégré à ChatGPT permettrait de créer une « expérience utilisateur entièrement pensée autour de l’IA ». Autrement dit, de passer d’un web search-first à un web AI-first.

Vers un navigateur augmenté par l’IA

Aujourd’hui, ChatGPT fonctionne essentiellement via des interfaces web ou des apps mobiles. Même si des extensions Chrome existent, l’usage reste volontaire et limité. Un rachat de Chrome permettrait à OpenAI de changer d’échelle en matière de distribution.

L’assistant deviendrait natif. Il pourrait :

    • proposer des résumés automatiques de pages consultées,
    • filtrer les résultats selon des préférences implicites,
    • anticiper les intentions de recherche,
    • automatiser certaines tâches de navigation.

Ce changement de paradigme transformerait Chrome en navigateur intelligent, où la recherche textuelle traditionnelle serait progressivement remplacée par une interaction continue avec un agent conversationnel.

Une offensive sur le monopole du search

Derrière la déclaration de Nick Turley se joue un affrontement structurel avec Google. Le procès antitrust en cours, mené par le DOJ (Department of Justice), accuse Google d’avoir verrouillé l’accès au marché du search par des contrats d’exclusivité avec Apple, Samsung et d’autres fabricants.

Nick Turley affirme qu’OpenAI a échoué à conclure un partenariat avec Samsung, non par manque d’intérêt, mais faute de pouvoir rivaliser avec les moyens financiers de Google. Les canaux de distribution sont verrouillés, les nouveaux entrants n’ont pas accès aux terminaux, aux navigateurs, ni aux app stores en position dominante.

En rachetant Chrome, OpenAI court-circuiterait ce verrouillage. Elle obtiendrait un canal d’accès direct à des centaines de millions d’utilisateurs, sans dépendre des choix des fabricants.

Une décision sans précédent depuis la création d’internet

Si la justice ordonne la cession de Chrome, ce serait le premier démantèlement d’un actif stratégique d’une Big Tech. C’est aussi l’occasion d’aller au delà de la seule concurrence et de se réinterroger sur la manière dont les infrastructures numériques sont structurées, distribuées et contrôlées et sortir du modèle où l’innovation reste tributaire des plateformes dominantes. 

Vers une redéfinition de l’usage du web

Cette marque d’intérêt d’OpenAI pour Chrome n’est ni anecdotique ni opportuniste. Elle traduit l’ambition d’Open AI de réinventer l’accès à l’information. Si l’intégration native d’un modèle comme ChatGPT dans un navigateur dominant devenait réalité, c’est tout l’équilibre économique de l’économie du web qui pourrait basculer. De quoi faire réfléchir tous les acteurs présents sur l’échiquier dans les jours à venir.

 

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