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[Expert] Acheter des livres sur Internet va vous coûter plus cher. Merci les députés, par Benoît Raphaël

Entre tuer les libraires et tuer le livre, les députés (de droite comme de gauche) ont choisi. Désormais, acheter des livres sur Internet va coûter plus cher : les frais de port qui ne pourront plus être offerts, mais aussi la remise de 5%. Une remise voulue par la loi Lang pour… favoriser la lecture.

Objectif affiché : gêner Amazon et sauver les libraires qui ferment leurs magasins les uns après les autres parce que les amoureux de la lecture trouvent plus pratique de commander leurs livres sur le web. Salauds de lecteurs…

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Sur Twitter, Stéphane Soumier ressort à raison la satire de Bastiat contre les protectionistes de tout bord : « la pétition des fabricants de chandelles et de réverbères » contre… le soleil.

 

 

 

Nous subissons l’intolérable concurrence d’un rival étranger placé, à ce qu’il paraît, dans des conditions tellement supérieures aux nôtres, pour la production de la lumière, qu’il en inonde notre marché national à un prix fabuleusement réduit; car, aussitôt qu’il se montre, notre vente cesse, tous les consommateurs s’adressent à lui, et une branche d’industrie française, dont les ramifications sont innombrables, est tout à coup frappée de la stagnation la plus complète. Ce rival, qui n’est autre que le soleil, nous fait une guerre si acharnée, que nous soupçonnons qu’il nous est suscité par la perfide Albion (bonne diplomatie par le temps qui court!), d’autant qu’il a pour cette île orgueilleuse des ménagements dont il se dispense envers nous. »

« Nous demandons qu’il vous plaise de faire une loi qui ordonne la fermeture de toutes fenêtres, lucarnes, abat-jour, contre-vents, volets, rideaux, vasistas, œils-de-bœuf, stores, en un mot, de toutes ouvertures, trous, fentes et fissures par lesquelles la lumière du soleil a coutume de pénétrer dans les maisons, au préjudice des belles industries dont nous nous flattons d’avoir doté le pays, qui ne saurait sans ingratitude nous abandonner aujourd’hui à une lutte si inégale.

Frédéric Bastiat

On aurait pu écrire la même pétition avec l’électricité. Ça me rappelle cette histoire que je lisais étant enfant, l’allumeur de réverbères, dont le métier est en train de disparaitre à cause de l’électricité. Introuvable aujourd’hui… même sur Internet…

Acheter des livres sur Internet va vous coûter plus cher. Merci les députés
L’objectif des députés est donc de freiner le « méchant » Amazon qui nous fait l’affront d’être plus innovants que nous. Et qui opposerait une concurrence déloyale aux libraires. Comme le rappelle le directeur de la communication de la Fnac, le problème est ailleurs : notamment l’avantage fiscal dont bénéficie Amazon qui opère depuis le Luxembourg.En attendant, acheter un livre va coûter plus cher. C’est peut-être la « faute » d’Amazon si les Français préfèrent acheter leurs livres sur Internet, mais enfin c’est surtout parce que c’est plus pratique.Déjà, sur le Kindle d’Amazon, les livres en français sont plus chers dans leur version numérique que dans leur version papier. Impossible également d’avoir une version poche.

C’est sans doute ce qui a permis à de jeunes auteurs refusés par les maisons d’édition de trouver le succès en vendant leurs ouvrages à compte d’auteur à 89 centimes… Un autre pied de nez à… un autre lobby.

Bref, Messieurs les allumeurs de réverbères, si les librairies sont menacées, la lecture a de l’avenir. Je comprends que l’on ait envie d’aider une profession en déclin, mais il y a certainement d’autres moyens que de pénaliser les lecteurs. Notamment les moins fortunés d’entre eux.

Qu’est-ce qu’un libraire aujourd’hui dans un monde connecté ? Voilà un beau sujet de réflexion pour les députés…

Benoît Raphaël est stratégiste éditorial, consultant et entrepreneur.

Depuis 2007, Benoît accompagne de nombreux groupes média dans leur stratégie digitale et dans la création de médias sociaux.

Fin 2012 il s’est lancé avec Jean Véronis dans l’aventure “Trendsboard”, un outil de prédiction et d’analyse des conversations qui montent en temps réel, à destination des marques et des médias. Trendsboard a levé 500.000€ en janvier 2013 et compte parmi ses clients les plus importants médias français.

 

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99 commentaires

  1. L’exil fiscal tout le monde est contre, mais quand il s’agit d’agir concrètement, personne n’est d’accord. Certes cette loi n’est pas parfaite et dans la pratique il faudra encore ajuster des choses, mais son idée est bonne.
    Comme cela est justement dit, Amazon fait de l’optimisation/exil (au choix) fiscal. L’Etat perd des millions d’euros d’impôts sur les bénéfices de la société et cela à aussi pour conséquence de créée une concurrence déloyale entre des librairies qui payeront 33% d’impôts et un pure player qui déclarera ses bénéfices dans un pays pratiquant le dumping fiscal (pour au final 3 ou 4% d’imposition). Alors quand Amazon déclare que ça va contre l’intérêt du consommateur ce genre de mesure, c’est un peu se moquer du monde. Leur pratique fait autant perdre à l’ensemble de la communauté, sauf que comme c’est indirect et invisible (favorisé par l’absence de réglementation et d’harmonisation fiscale internationale) on préfère s’arrêter à des considérations un peu simplistes et immédiates.
    Je suis étonné que vous vous arrêtiez à ça (votre titre un peu démago quand même, non ?), certes dans l’absolu l’accès à la culture au meilleur prix ne peut pas se contredire, mais là encore il s’agit de voir ce que l’on peut faire face à ces dérives et dans quelles proportions.

  2. ki fait parti des francais incultes ?? mieux vaut payer un peu plus cher et soutenir les entreprises francaises de ke voir Amazon se tirer avec le fric sans payer ses impots comme tout le monde !!!

  3. tout a fait d’accord avec vous !! certains francais ne réflechissent pas bcp !! L’Etat francais devrait fermer Amazon en France car ils volent le Peuple francais !!! salaires de misere chez Amazon !!!

  4. Je pense que l’auteur de cet article se trompe de débat (ce n’est que mon avis). On pourrait croire qu’il s’agit de dénoncer un protectionnisme désuet où de mettre les librairies fassent à leur responsabilité en les désignant comme n’ayant pas su gérer le virage numérique, ou bien responsable d’un manquement de gestion, de compétitivité… Mais non, il ne s’agit pas de cela ! Ce sont les pratiques d’Amazon qui ont faussé la concurrence et la loi à défaut de ne pouvoir rétablir pleinement son intégrité, cherche à préserver la partie lésée (et accessoirement bien faible).

  5. grrrrreg tu parles des taxis ? Ah non. Après amazon, j’aime pas.

  6. Et la FNAC ? Et les autres libraires en ligne qui payent leurs impôts en France ? Eux aussi il faut les punir ? A chaque problème, allons créer un monopole ? De toute façon, le livre se consomme de plus en plus sur tablettes (25% des ventes aux US et en UK, 10% en France)… Si ce n’est pas Amazon qui tuera les libraires, le temps s’en chargera…

  7. Il aurait été bien plus simple, pour relancer la concurrence, de baisser les taxes sur les livres vendus en librairie, mais notre gouvernement n’est pas là pour ça. enfin, franchement, quelqu’un croit vraiment qu’en augmentant le prix du livre sur internet ça va relancer les ventes en librairie? C’est une ineptie

  8. Je me suis un peu renseigné et je pense que l’article de French-web est un peu laconique et manque d’informations.
    Peut-on dire qu’Amazon mérite d’être punit pour son innovation ? Qu’il ne sert à rien de protéger artificiellement certains acteurs qui n’ont pas su faire face à la mutation de leur marché ?
    Tout d’abord la loi française fixe les prix des livres (Loi Lang) pour plusieurs raisons. Et pour info c’est aussi le cas dans de nombreux pays européens.
    Il s’agit, il est vrai, de limiter la concurrence. A ce titre beaucoup de personnes, et c’est défendable, parlerons de corporatisme. Mais pourquoi fait-on ça ? Pour préserver la filière et ses emplois certes, mais aussi pour des raisons idéologiques et afin de protéger le consommateur d’une dérégulation. Par exemple aux États-Unis (qui a un marché du livre dérégulé) on observe déjà une augmentation du prix des livres vendu chez Amazon qui domine largement ses concurrents, voir à une fixation des prix selon l’offre et la demande au détriment de nombreux éditeurs/auteurs (http://www.lexpress.fr/culture/livre/livres-amazon-remonte-ses-prix-apres-avoir-enterre-la-concurrence_1264802.html ). Et c’est sans parler de la pression sur les prix, conduisant les éditeurs à réduire leurs marges et leurs risques au détriment de l’offre globale.
    Actuellement si rien n’est fait pour protéger les librairies, on devrait assister à la disparition progressive d’un grand nombre d’entre elles. Le marché étant régulé, le risque de voir un oligopole, ou un quasi monopole s’instaurer n’est pas aussi présent qu’aux États-Unis où, par exemple, Amazon représente ¼ du marché américain.
    Mais donc en fin de compte de quoi souffrent les petites librairies (les acteurs les plus fragile de ce marché de la distribution des livres) ?
    La loi actuelle n’autorise qu’une réduction de 5% sur le prix des livres, qui au final est appliquée par tous. Or les préceptes de cette loi, n’encadre pas les frais de livraison. De ce fait les gros acteurs du marché (principalement Amazon qui représente 70% du marché de la vente en ligne de livres imprimés, mais aussi la Fnac) en ont profité pour exercer un ‘dumping ‘ sur les prix en proposant d’importantes réductions sur les frais de ports, voir en les offrants et cela grâce à d’importants volumes de ventes (et accessoirement en truandant le fisc ^^ – Amazon vient d’être condamner à un redressement fiscal de 200M concernant les années 2006 à 2010 en mars de cette année). Cette ‘astuce’ à permit à ces derniers de proposer des prix inaccessibles pour les petits acteurs, incapable de répercuter la même baisse et donc de vendre à perte comme le fait souvent Amazon. Cette pratique est donc assimilé à de la concurrence déloyale.
    La loi de 1981 n’a donc pas la même application pour tous. Il s’agit avec cette nouvelle loi de rétablir cela.
    En fin de compte, dans les librairies indépendantes et les grandes surfaces spécialisées ou alimentaires, les prix ne changeront pas (soit 90% des ventes de livres en France); la nouvelle loi encadrant les prix des livraisons et donc ayant pour objet de cibler les opérateurs en ligne. Chez Amazon il y aurait bien une augmentation, mais au final elle devrait être plutôt modérée (environ 5%). L’écueil de la vente à perte ne devrait plus être possible au détriment d’autres acteurs du marché.

  9. Ceci est ni plus ni moins un frein important à l’innovation dans le domaine. Imaginez une telle loi appliquée aux jeux (on a bien vu game fermer et micromania est frileux). Ou pire aux ordinateurs ou aux habits…
    De plus cette mesure touche la fnac de plein fouet alors qu’ils ont du mal à s’en sortir…
    Cette mesure est intolérable pour un entrepreneur.

  10. Freiner Amazon aurait été bien plus efficace en le forçant à être imposé en France.

  11. c’est en fait pour satisfaire les éditeurs non ? 
    ce n’est pas Amazon qui va être pénalisé, mais les lecteurs
    Car si vous n’habitez pas près d’une librairie, si vous avez des difficultés pour vous déplacer…. il vous a fallu un voyage pour aller dans cette petite librairie, et si vous ne voulez pas une des dernières sorties, seules disponibles ( car toutes ces librairies n’ont pas grand chose d’autre ) il vous faudra un autre voyage pour aller chercher une commande que vous aurez attendue longtemps 
    Quoi que …. après calcul, « temps déplacements + frais de déplacements » sera toujours inférieur au surplus qui sera dorénavant facturé par le site

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