Face aux banques classiques, les néobanques séduisent de plus en plus de Français
AFP
Elles s’appellent N26, Monese, Ditto, Bunq ou encore Nickel: bien qu’encore souvent méconnues du grand public, les néobanques gagnent de plus en plus de clients en France, chamboulant un secteur forcé de s’adapter à cette nouvelle concurrence. Il y a encore trois ou quatre ans, ces jeunes sociétés peinaient à séduire en dehors du cercle restreint et confidentiel des férus de nouvelles technologies.
Mais « avec plus de 3,5 millions de comptes actifs à fin 2019, en hausse de 75% sur un an, ces nouveaux acteurs du paysage bancaire gagnent peu à peu la confiance des consommateurs », souligne Stéphane Dehaies, associé chez KPMG, dans une étude publiée mardi par le cabinet d’audit.
Le terme « néobanque » recouvre un archipel aussi vaste qu’hétérogène d’acteurs bancaires de nouvelle génération, venus souvent du numérique et décidés à réinventer l’usage de la banque. Leur promesse? Une expérience optimisée pour les clients, une offre simplifiée, transparente et généralement accessible uniquement en ligne. Le tout pour un prix très modique, voire une gratuité totale pour les services de base.
« Nous les prenons tout à fait au sérieux, la place qu’elles occupent est réelle et en nombre de clients ça commence à peser », a récemment reconnu Christophe Baniol, directeur du marché des particuliers chez Société Générale. « Elles ont fait bouger les choses », notamment en poussant les « banques à essayer d’accélérer des transformations en cours mais pour lesquelles il n’y avait pas un sentiment d’urgence », comme dans les services bancaires mobiles par exemple, affirme à l’AFP Laurent Nizri, président fondateur du Paris Fintech Forum qui s’ouvre ce mardi à Paris.
Un « changement de paradigme »
« On assiste clairement à une accélération de la croissance de tout un tas d’acteurs », explique à l’AFP Jérémy Rosselli, directeur général de la néobanque allemande N26, évoquant un « changement de paradigme ». Signe de ce dynamisme, les levées de fonds se comptent désormais en dizaines de millions d’euros et attirent des investisseurs de tous horizons.
Cet essor a toutefois un coût élevé: beaucoup de jeunes sociétés doivent dépenser des sommes faramineuses pour conquérir de nouveaux clients et celles qui gagnent de l’argent se comptent encore sur les doigts d’une main. « Il faut vraiment la taille critique », relativise M. Rosselli, « si demain on veut être rentable, on a juste besoin de quelques mois », mais pour l’heure, « c’est plus intéressant de gagner des parts de marché ».Beaucoup de néobanques tentent donc leur chance à l’international: la britannique Revolut revendique ainsi huit millions d’utilisateurs dans 36 pays, sa compatriote Monese deux millions dans 31 pays et N26 cinq millions dans 26 pays
En outre, beaucoup d’acteurs optent désormais pour un modèle « freemium »: une offre de base certes gratuite mais très limitée, à laquelle s’ajoutent différents services optionnels et payants. « Tous les acteurs commencent à faire évoluer leur offre, leurs prix. (…) c’est normal car c’est une source de revenus majeure », pointe M. Rosselli.
« Beaucoup de déception et d’argent perdu »
L’enjeu est de taille: « l’offre des néobanques reste très basique. On est encore loin d’une offre capable de remplacer une banque classique », estime Olivier Pauchaut, spécialiste des FinTech au sein du cabinet Bryan, Garnier & Co. Selon lui, « il y a une espèce de compétition à qui brûlera le plus de cash». (…) mais « il y aura beaucoup de déception et d’argent perdu ».
Les acteurs traditionnels n’en mènent pas moins de grandes manoeuvres pour défendre leurs positions face aux nouveaux venus. « Avant les banques étaient dans une guerre de position, aujourd’hui on est dans une guerre de mouvement, aussi parce que la technologie ouvre des opportunités », explique à l’AFP Thierry Laborde, responsable des réseaux européens de détail chez BNP Paribas.
La semaine passée, le groupe Société Générale a lancé Kapsul, offre de services de base à prix réduit, imitant ainsi La Banque Postale avec son offre en ligne Ma French Bank, la gamme Enjoy du réseau Caisse d’épargne ou encore Eko chez Crédit Agricole. En parallèle, ces acteurs sortent parfois leur chéquier pour mettre la main sur les néobanques les plus prometteuses, à l’image de la Nickel rachetée début 2017 par le groupe BNP Paribas.
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