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Facebook: 5 questions sur la panne qui a paralysé le géant des réseaux sociaux pendant des heures

AFP

Une panne mondiale inédite a obligé lundi des milliards d’utilisateurs à se passer de tous les services de Facebook, de WhatsApp à Instagram en passant par Messenger et Oculus. Comment un incident d’une telle ampleur a-t-il pu terrasser le géant américain des réseaux sociaux? Quel impact peut-il avoir?

Que s’est-il passé?

Facebook est resté vague sur l’origine de la panne, se contentant d’évoquer des « changements de configuration des routeurs fédérateurs (backbone) qui coordonnent le trafic internet entre nos centres de données ». Plusieurs experts en cybersécurité estiment que l’incident est probablement lié à un problème de maintenance du « Border Gateway Protocol » (BGP). Ce protocole permet de créer un chemin d’accès viable entre un ordinateur et un site Internet.

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À la manière d’un aiguilleur du ciel qui révise régulièrement les tracés, « Facebook a fait une mise à jour de ces routes », avance Sami Slim de l’opérateur de centre de données Telehouse. Mais « ils ont intégré une mauvaise route », estime M. Slim, rendant Facebook et ses plateformes affiliées inaccessibles pour les internautes. Disparu des radars du web, le nom de domaine Facebook.com s’est même retrouvé en vente pendant quelques instants sur les sites de certains hébergeurs.

Pourquoi cela a duré si longtemps?

Il a fallu plus de six heures pour un retour à la normale. « La durée d’indisponibilité n’est pas dans le temps que Facebook a pris pour diagnostiquer le problème », assure Pierre Bonis, directeur général de l’Afnic, l’association chargée de la gestion des noms de domaine français. En revanche, « il y a des temps de réplication » une fois l’erreur détectée, ajoute-t-il. « Il faut que la nouvelle information soit récupérée par tous les intermédiaires de la chaîne Internet. » Si des pannes occasionnelles sont fréquemment recensées sur les réseaux sociaux, notamment sur Instagram, l’ampleur de la paralysie de lundi est sans précédent.

Qui est derrière?

Erreur humaine, raté technique ou acteur malveillant? A ce stade, rien ne permet de privilégier une piste plutôt qu’une autre. Certains observateurs ont toutefois relevé la concomitance entre la panne de lundi et les récentes révélations d’une lanceuse d’alerte sur les effets toxiques de Facebook et d’Instagram pour la société, qui ont mis dans l’embarras le groupe dirigé par Mark Zuckerberg. Après avoir transmis des documents internes au Wall Street Journal, France Haugen, une ancienne ingénieure de Facebook est apparue à visage découvert à la télévision américaine dimanche, accusant l’entreprise de choisir « le profit plutôt que la sûreté ». Elle doit témoigner mardi face à des sénateurs américains.

Quel impact?

En plus d’être indisponible pour des milliards d’utilisateurs dans le monde, Facebook n’a pas pu diffuser pendant plusieurs heures d’annonces publicitaires, qui représentent sa principale source de revenus. A Wall Street, la sanction a été sans appel: l’action de Facebook a dégringolé de près de 5% lundi. Les malheurs du groupe ont par ailleurs été une aubaine pour ses concurrents. La messagerie Telegram, rivale de WhatsApp, est ainsi passée lundi de la 56e à la 5e place des applications gratuites les plus téléchargées aux États-Unis, selon le cabinet spécialisé SensorTower. « Les inscriptions sont en forte hausse sur Signal (bienvenue tout le monde) », a aussi tweeté cette autre messagerie réputée pour son cryptage des données.

Quelles leçons?

La panne géante de Facebook montre que même les piliers de l’internet ne sont pas à l’abri d’une coupure de courant. « C’est la preuve que le ‘too big too fail’ (trop gros pour faillir, NDLR) ne marche pas en informatique », note M. Bonis. Des spécialistes pointent aussi du doigt les limites de la concentration par Facebook de ses différents services. « Au cours des deux dernières années, Facebook a consolidé son écosystème d’applications disparates sur une seule infrastructure dorsale », souligne ainsi Mike Proulx, vice-président et directeur de recherche du cabinet d’études et de conseil Forrester.

« Cette démarche permet à l’entreprise de gagner en efficacité opérationnelle et de s’isoler d’un éventuel démantèlement par les régulateurs. Mais elle expose également Facebook au risque de concentration. Un événement à risque unique qui produit un effet en cascade – comme les vieilles guirlandes électriques de Noël: si l’une d’entre elles s’éteint, toutes les autres s’éteignent ».

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