Focus sur les Soft skills
Créativité, empathie, travail en équipe, adaptabilité… sont des compétences de plus en plus recherchées par les entreprises. Des compétences «douces» liées aux qualités humaines des individus, ces «soft skills» qui démontrent un savoir-être indispensable à la performance individuelle et à l’intelligence collective.
Savoir-être
Traduction littérale de l’anglais «compétences douces», les soft skills désignent les qualités personnelles, souvent associées à l’intelligence émotionnelle, qui permettent d’interagir efficacement et harmonieusement dans un contexte et une situation donnés.Apple-converted-space »> UnApple-converted-space »> «savoir-être» que l’on n’apprend pas à l’école et dont nous nous servons tous les jours.
«Soft skills» et «hard skills», les compétences techniques liées au savoir-faire, font partie, avec les savoirs ou connaissances théoriques, de la grande famille des compétences.
L’expression n’est pas nouvelle, les compétences humaines ont toujours existé, ce qui est plus nouveau c’est l’importance qui leur est accordée, dans le recrutement, la formation, l’éducation.
Et, comme souvent, ce sont les pays anglo-saxons qui ont été les premiers à accorder de l’importance à ces compétences comportementales, plus enclins à miser les qualités personnelles que sur les diplômes. Au Québec par exemple les entreprises privilégient l’expérience et la personnalité des candidats plutôt que le parcours académique, comme c’est le cas en France.
L’année dernière, à Davos, lors du Forum économique mondial, les soft skills ont été au centre des discussions, comme en témoigne le rapport The Future of Jobs publié par la fondation qui insiste sur leur importance stratégique dans le monde du travail de demain. Plusieurs leaders se sont exprimés sur ces compétences clés. Pour Vikas Pota, CEO de Varkey Foundation, les soft skills indispensables pour évoluer dans ce monde incertain où les changements de trajectoires professionnelles seront fréquents, sont l’empathie, la force de conviction, la coopération, une attitude positive, mais aussi la capacité de se former tout au long de sa vie et de s’adapter à de nouvelles situations.
«Tsunami technologique»
Face à la montée en puissance de l’intelligence artificielle couplée à la robotique, du deep learning, des réseaux neuronaux et des ordinateurs quantiques, serons-nous en mesure de rivaliser avec les robots?
Il semble vain de le penser car dans certains domaines ils semblent avoir déjà dépassé l’être humain, comme le montre la dernière invention de Google Brain, AutoML, quiApple-converted-space »> vient de créer une intelligence artificielle surpassant toutes celles créées par les humains jusqu’à présent… Selon Ray Kurzweil, le directeur de l’ingénierie du géant américain, il est réellement possible qu’AutoML crée des systèmes si performants que l’intelligence humaine ne pourra plus suivre la cadence.
Faut-il pour autant croire Elon Musk, le PDG de la marque automobile Tesla, pour qui l’humanité n’a que 10% de chances de survivre à l’intelligence artificielle?
Si techniquement l’IA se révèle plus performante, en revanche elle ne sait pas (encore) faire de transfer learning, c’est-à-dire analyser transversalement un sujet. Ce sont sur ces compétences transversales qu’il faut donc miser si l’on veut s’adapter au monde de demain en apprenant ces compétences transversales.
Dans son dernier livre La guerre des intelligences Laurent Alexandre, spécialiste des nouvelles technologies met en garde l’humanité et s’interroge: comment faire pour que nos cerveaux biologiques résistent à l’IA et restent complémentaires? Selon lui, il faut se préparer à l’avènement des machines en rénovant de fond en comble le système éducatif… en travaillant «sur le sens, l’empathie, des compétences que le système éducatif ne développe pas alors que l’esprit critique est plus que jamais utile» comme le pense François Taddei directeur d’un Centre de Recherches Interdisciplinaires et auteur du rapport Apprendre demain.
Même constat pour Laurent Carraro, ancien directeur des Arts et Métiers, pour qui «un des impacts du numérique c’est de développer encore plus la nécessité de maîtriser des soft skills pour ne pas être cannibalisés par l’outil. Nous n’avons plus besoin de professionnels formatés comme en avait besoin l’économie avant mais de profils capables de bousculer les organisations».
S’adapter au changement
Dans un contexte mouvant et incertain, marqué par des bouleversements technologiques et l’obsolescence programmée de certaines compétences, les soft skills nous aideraient à tirer notre épingle du jeu, à nous démarquer. A compétences égales, le savoir-être permettrait de faire la différence. C’est le constat qu’a fait l’astronaute Thomas Pesquet, interrogé par des étudiants au sujet de sa sélection dans l’équipe, il l’explique par ses qualités comportementales: «je me dis que le côté psychologique a dû être important… Travailler en équipe, être quelqu’un de facile à vivre, qui sait communiquer, ça a dû jouer dans la sélection».
Dès lors que l’on travaille en mode projet, les qualités humaines sont essentielles. Pour la navigatrice Peggy Bouchet, la curiosité, l’adaptation et l’audace sont des qualités clés qu’elle recherche chez ses futurs coéquipiers pour monter un projet. «L’audace nous donne la force d’agir malgré la peur. L’audacieux va faire de la peur un moteur, une dynamo».
Dans le cadre de recrutement, les entreprises accordent beaucoup d’importance aux qualités personnelles, à l’état d’esprit, la capacité à travailler en équipe, les motivations. Pour Octave Klaba, PDG d’OVH, l’état d’esprit du candidat est aussi important que les compétences techniques «on vit dans un monde qui bouge (…) et cette incertitude ne doit pas être ressentie comme un stress ou une fatigue, mais comme une excitation, une aventure. Et donc, je ne travaille pas avec ceux qui savent tout et ont une réponse à tout, ou ceux qui ont peur du changement».
Inné ou acquis?
Les qualités personnelles sont par nature liées de manière intrinsèque à la personnalité de l’individu, forgée par un ensemble de caractéristiques personnelles issues de son histoire, son expérience, son vécu. Des caractéristiques qui chez certains peuvent nous sembler naturelles et chez d’autres le sont moins. La bonne nouvelle c’est qu’on peut les apprendre.
En France, certains étudiants commencent à être formés au savoir-être. Le pôle Léonard-de-Vinci s’est même doté d’un pôle «Soft skills et transversalité» destiné au 4 600 étudiants de ses 3 écoles. Par exemple au sein de l’Institut de l’Internet et du Multimédia (IIM), membre du pôle universitaire, les soft skills représentent 20% des enseignements dispensés aux étudiants. Pour son co-directeur, Emmanuel Peter, elles sont indispensables à la valorisation du savoir faire technique.
Dans le même esprit, l’Institut des Administrations des Entreprises (IAE) de Paris consacre une partie du cursus des étudiants de Master au développement des compétences relationnelles liées au travail d’équipe et à la communication.
Des écoles d’ingénieurs, comme l’ENSGSI, pionnière dans le domaine, accorde une large part au développement personnel de ses futurs ingénieurs.
Si l’attention portée aux soft skills est de plus en plus marquée, c’est sans doute parce que nous traversons une période de bouleversements, d’incertitudes, de changements continus, et qu’elles sont, en quelque sorte, garantes de notre adaptabilité à ce contexte où l’innovation de demain sera obsolète après-demain et où plus de la moitié des emplois actuels auront disparu d’ici 20 ans (voir l’article «10 tendances RH à surveiller en 2017»). Alors tous à vos soft skills!
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