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France Télécom: l’ex-PDG a vu sa peine allégée mais sa responsabilité confirmée pour « harcèlement institutionnel caractérisé »

AFP

Aujourd’hui octogénaire, l’ex-PDG de France Télécom, Didier Lombard, a vu sa peine allégée vendredi en appel, mais sa responsabilité confirmée pour « harcèlement institutionnel caractérisé » ayant conduit des salariés au suicide à la fin des années 2000.

Didier Lombard, PDG de France Télécom de 2005 à 2010, condamné à un an de prison, est passé de quatre mois ferme à un sursis total, tout comme son numéro 2, Louis-Pierre Wenès, 73 ans. La cour a indiqué dans un communiqué avoir « considéré le harcèlement institutionnel (comme) caractérisé ».

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« En dépit d’alertes multiples, les agissements harcelants induits par l’objectif de déflation des effectifs imposé par les dirigeants ont créé un climat d’insécurité permanent pour tout le personnel, avec des conséquences en cascade, aboutissant pour un certain nombre de salariés à des dépressions, des tentatives de suicide et des suicides », a-t-elle précisé.

L’amende de 15 000 euros, dont ils avaient écopé chacun en première instance, en 2019, a été confirmée. Le tribunal avait alors examiné en détail les cas de 39 salariés, dont 19 se sont suicidés, douze ont tenté de le faire et huit ont subi un épisode de dépression ou un arrêt de travail.

« Tourner la page »

« Aujourd’hui est un jour où je peux enfin tourner la page après 15 ans de souffrances à France Télécom, après 40 ans de carrière. J’ai beaucoup souffert de ‘l’ère Lombard’: quinze ans de burn-out, trois accidents du travail, dont une tentative de suicide sur mon lieu de travail en 2011 », a réagi Béatrice Pannier, 59 ans, soulagée de cette décision conforme à ce qu’elle attendait « en tant que partie civile ».

Pour Jean Veil, avocat de M. Lombard, qui avait demandé la relaxe et pointé la responsabilité de l’Etat, « la décision de la cour d’appel revient à des choses plus raisonnables ». « Mon client a 80 ans, il a une peine de prison avec sursis pour un an, il n’a plus d’activité, je ne vois pas dans quelles conditions il pourrait être davantage sanctionné. »

Les deux ex-dirigeants de France Télécom – devenue Orange en 2013 et symbole de la souffrance au travail – ont orchestré la mise en place en 2006 de deux plans de restructuration, deux ans après la privatisation de l’entreprise, qui prévoyaient le départ de 22 000 employés et la mobilité de 10 000 autres (sur quelque 120 000 employés). Entre 2006 et 2008, 16 000 emplois ont été supprimés.

« Décision historique »

« Une réduction des effectifs à marche forcée », avec des « moyens choisis pour atteindre l’objectif » qui « étaient interdits », avait pointé le tribunal en première instance. Ce qui a entraîné une « dégradation des conditions de travail » de « milliers de salariés », dont certains se sont suicidés, a asséné l’accusation en appel.

En première instance, le tribunal avait estimé que MM. Lombard et Wenès avait eu un « rôle prééminent » dans la mise en place d’une politique de réduction des effectifs « jusqu’au-boutiste ». France Télécom est la première société du CAC 40 à avoir été condamnée pour harcèlement moral institutionnel.

M. Lombard, qui a répété en appel qu’il n’avait pas eu connaissance de l’ampleur du climat social dans son entreprise, avait lancé à ses cadres en 2006 que les départs devaient se faire « par la fenêtre ou par la porte ». Il avait également déclenché une polémique en parlant d’une « mode du suicide », en 2009, au plus fort de la crise.

Poussé vers la sortie, il avait quitté ses fonctions en mars 2010, non sans rappeler au moment de son départ que le « tournant pris il y a quelques années a(vait) été le bon ». Deux autres cadres de l’entreprise ont en revanche été relaxés, « faute de caractérisation d’une contribution active », a indiqué la cour dans son communiqué.

« C’est une décision historique, car c’est la première fois dans un grand groupe que des dirigeants sont condamnés pour harcèlement moral. La violence sociale n’est pas une méthode de management et il faut se féliciter de ce jugement qui va profondément transformer le rapport entre les dirigeants et les personnels », a salué le président du syndicat CFE-CGC Orange, Sébastien Crozier. En regrettant cependant que les dirigeants n’aient pas vraiment « été frappés là où ça fait mal »: « au portefeuille ».

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