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La nouvelle arme de Google : Genesis

Une chronique de Jean Luc Raymond

Révolution potentielle pour le secteur de la presse, Google teste nouvelle un outil d’intelligence artificielle, baptisé Genesis. Cette solution, qui vient d’être présentée aux figures de proue de la Presse écrite américaine comme le New York Times, le Washington Post et le Wall Street Journal, a la capacité d’ « ingérer » des informations et de rédiger des articles d’actualité.

La nouvelle arme de Google : Genesis

Le Landerneau des grands médias américains est en émoi : Google teste actuellement un outil en ligne utilisant la technologie d’intelligence artificielle générative pour écrire des articles de presse. Selon le New York Times qui a obtenu l’info auprès de 3 sources du projet, la firme de Mountain View serait en discussion avancée avec le Washington Post et News Corp, détenteur du Wall Street Journal et ce même New York Times pour une utilisation de l’outil au sein de ces groupes média.

La solution de Google, surnommé Genesis en interne, peut traiter des informations – comme les détails d’événements en cours ou récents – et de créer du contenu d’information, ont affirmé ces sources, s’exprimant sous couvert d’anonymat, pour parler du produit.

L’une des trois sources a indiqué que Google voit en Genesis une sorte d’assistant personnel pour les journalistes, automatisant certaines tâches pour en libérer d’autres. Il est souligné que l’entreprise considère cela comme une technologie respectueuse qui pourrait aider l’industrie de l’édition à contourner les dangers de l’IA générative.

Un choc pour les géants des médias

La réaction a été vive auprès de cadres de ces grands médias qui ont vu la présentation de Google et l’ont qualifiée d’inquiétante.

Jenn Crider, porte-parole de Google, a déclaré dans un communiqué que « en collaboration avec les éditeurs de presse, en particulier les plus petits, nous sommes aux premières étapes de l’exploration d’idées pour potentiellement offrir des outils assistés par l’IA pour aider leurs journalistes dans leur travail. »

Ces outils « ne sont pas destinés à, et ne peuvent pas, remplacer le rôle fondamental que les journalistes jouent dans la rédaction, la création et la vérification de leurs articles », a-t-elle ajouté. À la place, ils pourraient offrir des options pour les titres et d’autres styles de rédaction.

Un porte-parole de News Corp indique dans un communiqué : « Nous entretenons une excellente relation avec Google, et nous apprécions l’engagement à long terme de Sundar Pichai en faveur du journalisme. »

Avis plus mitigé pour Jeff Jarvis, professeur de journalisme, blogueur de la première époque et commentateur des médias, a déclaré que le nouvel outil de Google, tel que présenté, a des points positifs et négatifs : « Si cette technologie peut fournir des informations factuelles de manière fiable, les journalistes devraient utiliser l’outil » (…) « Mais, si elle est mal utilisée par les journalistes et les médias sur des sujets qui nécessitent de la finesse et une compréhension culturelle », a-t-il poursuivi, « alors elle pourrait nuire à la crédibilité non seulement de l’outil, mais aussi des groupes de presse qui l’utilisent. »

L’IA dans les salles de rédaction : une réalité difficile à avouer

Depuis décembre dernier avec l’arrivée de ChatGPT, les médias du monde entier se demandent si elles doivent utiliser des outils d’intelligence artificielle dans leurs salles de rédaction. C’est un déjà un fait pour nombre de titres de Presse même s’il est aujourd’hui difficile d’avouer cet usage.

Inquiétude et potentiel : Les deux visages de l’IA générative

Le nouvel outil de Google suscite une inquiétude notable auprès des journalistes qui rédigent leurs propres articles depuis des décennies. Le sujet n’est cependant pas nouveau aux Etats-Unis.

Certaines agences de presse, dont l’Associated Press, utilisent depuis longtemps l’IA pour générer des articles sur des sujets tels que les rapports financiers des entreprises, mais ils restent une petite fraction des articles du service par rapport à ceux générés par les journalistes.

De même, depuis plusieurs années, la chaîne de télévision sportive américaine ESPN publie des résultats des compétitions de manière automatisée avec une solution d’intelligence artificielle.

L’anxiété est prégnante : l’intelligence artificielle dans une utilisation massive par la Presse, pourrait générer des articles à une plus grande échelle ; papiers qui, s’ils ne sont pas corrigés et vérifiés avec soin, pourraient propager de la désinformation et influencer la manière dont les infos traditionnellement écrites sont perçues par les audiences.

Défis et controverses pour Google et son IA générative

De son côté, Google progresse à un rythme effréné pour développer et déployer l’IA générative même si ce type de technologie présente certains défis pour le géant de la publicité. 

Si Google a traditionnellement joué de relais d’information via Google Actualités et envoyé les utilisateurs sur les sites web des éditeurs pour en savoir plus, des outils comme son chatbot, Bard, présentent des affirmations factuelles qui sont parfois incorrectes et n’envoient pas de trafic vers des sources qui font autorité, comme les éditeurs de presse.

Cette technologie Bard a été lancée alors que les gouvernements du monde entier ont appelé Google à accorder aux médias une plus grande part de ses revenus publicitaires. 

Un avenir prometteur, mais incertain, pour l’IA dans les médias

Nous n’en sommes certainement qu’aux prémices de l’utilisation de l’IA générative dans le monde des médias; un écosystème fortement secoué par l’IA générative qui renouvelle la chaine de valeur de sourcing, production et diffusion de l’information avec une peur en tête : que la technologie remplace les hommes… Donc, en l’occurrence, les journalistes !

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