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Hôpital: les start-up lancent l’offensive sur la gestion des lits

Par Leslie FAUVEL / AFP

Développement des soins ambulatoires, suppressions de lits, flux de patients à réguler: l’hôpital a de plus en plus recours à des start-up pour gérer les parcours de soin en dépit de réticences chez les soignants.

C’est en écoutant sa femme, anesthésiste-réanimateur en Alsace, lui raconter au printemps 2020, en pleine crise du Covid, les appels incessants d’autres établissements pour savoir si elle avait des « lits disponibles » que Roderick Ballan a imaginé sa start-up.

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« J’ai fait le constat que la communication entre les hôpitaux était inexistante », raconte l’ingénieur biomédical qui a voulu « interconnecter » les établissements de santé grâce à sa plateforme baptisée MedBed360.

Quatre hôpitaux du Grand Est ont depuis souscrit à cette solution accessible aux établissements de santé, au Samu, aux agences régionales de santé, permettant de renseigner en temps réel les places d’hospitalisation vacantes.

Confrontés à de nouvelles contingences d’organisation, les hôpitaux, dont les systèmes d’information sont généralement anciens, se tournent vers des jeunes entreprises qui proposent des solutions de gestion des parcours de soin des patients.

– « Libérer des lits » –

En septembre, l’hôpital Foch, en région parisienne, a choisi la jeune pousse My Hospitel pour mettre au point une plateforme d’hébergement hospitalier qui recense les chambres disponibles auprès d’hôtels partenaires, pour les patients à la veille d’une hospitalisation ou leurs proches.

« L’objectif est de libérer des lits au sein de l’hôpital pour accueillir d’autres patients, notamment venant des urgences », détaille Philippe Guymarho, directeur des projets à Foch.

La société doit accompagner l’établissement jusqu’au lancement de son propre hôtel hospitalier.

De son côté, La Poste, premier financeur bancaire des hôpitaux publics, développe son portefeuille du côté des start-up de gestion administrative dans le secteur de la santé. Elle a récemment pris des parts dans Nouveal e-santé et Happytal, toutes deux spécialisées dans la numérisation du parcours de soins.

Nouveal gère l’administratif avant l’admission d’un patient et le télésuivi post-opératoire en ambulatoire pour quelque 350 établissements de santé. Elle est à l’origine de l’application Covidom qui permet de suivre à domicile des patients atteints par le Covid.

Happytal, présente dans plus de 400 structures, est un service de conciergerie pour les patients leur permettant de faire leur préadmission ou leur demande de chambre individuelle en ligne.

« Nous voulons aider à diffuser ces nouveaux modes de relation entre patients et soignants, les hôpitaux ont besoin de partenaires qui viennent les outiller », déclare Delphine Mallet, directrice du pôle santé et autonomie de La Poste.

– Choc des cultures –

Pour s’imposer dans le milieu hospitalier, ces jeunes entreprises doivent franchir quelques barrières car les professionnels de santé sont « réticents » à leur arrivée, selon Arnaud Have, du cabinet de conseil Sia Partners. « On leur a souvent imposé de s’adapter à de nouveaux outils, il y a donc une lassitude. Si l’outil leur fait perdre du temps, les soignants ne l’utiliseront pas ».

Selon le guide Hospi’up, élaboré en 2021 par la Fédération hospitalière de France pour mettre en relation hôpitaux et start-up, « 72% des établissements n’ont jamais travaillé avec une start-up » et « 60% des start-up ont rencontré des difficultés à travailler dans un centre hospitalier ».

Certains soignants voient d’un mauvais œil l’irruption de ces start-up dont ils jugent la recherche de rentabilité opposée à la mission de l’hôpital public.

Le Canard Enchaîné avait relayé au printemps la défiance des personnels des hôpitaux de Paris après que l’AP-HP a passé un contrat avec la start-up Noé Santé pour « optimiser la durée moyenne de séjour des patients ».

En 2019, France 2 avait également pointé du doigt les pratiques commerciales d’Happytal dont La Poste se porte désormais « garante », rassure Delphine Mallet.

Mais la crise sanitaire « a fait sauter des verrous », décrypte Arnaud Have. L’irruption du numérique dans la prise en charge des patients constitue « une véritable tendance de fond », selon lui.

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