
Dans l’univers des robots humanoïdes, la promesse du compagnon domestique autonome fascine autant qu’elle repousse. Mais chez Figure AI, la stratégie de déploiement ne passe pas par le salon. Elle commence sur les lignes de production. En moins de trois ans, la startup californienne dirigée par Brett Adcock a conçu et livré ses premiers robots humanoïdes, aujourd’hui à l’œuvre dans l’usine BMW de Spartanburg, en Caroline du Sud.
Une prouesse technique, mais surtout une manœuvre commerciale lucide : dans sa phase initiale, Figure AI cible le segment industriel, là où la demande est immédiate, les tâches répétitives et les marges plus élevées.
« Si nous avions 100 000 robots fonctionnels aujourd’hui, ils seraient déployés instantanément », affirme Adcock.
Un marché B2B massif et sous tension
La logique est simple : le travail physique représente près de 50 % du PIB mondial, soit un marché de 50 à 60 000 milliards de dollars. Ce segment souffre d’un déficit croissant de main-d’œuvre, accentué par les départs à la retraite et des tensions durables sur le recrutement. Pour les industriels, les robots humanoïdes n’incarnent pas une vision futuriste, mais une solution opérationnelle à court terme.
Les deux premiers clients de Figure AI – dont BMW – exploitent déjà les capacités des robots pour manipuler des pièces de carrosserie, dans un environnement à cadence élevée, sans supervision humaine. Un second contrat a été signé avec l’un des plus grands acteurs mondiaux de la logistique. Selon l’équipe de Figure, l’ensemble du processus – intégration, adaptation, exécution – a été réalisé en moins de 30 jours, contre plus d’un an pour le premier client.
Unité économique et scalabilité industrielle
Le coût visé est de 30 000 dollars par robot, soit environ 280 euros par mois en leasing. A ce prix, un robot humanoïde devient compétitif face à un employé payé au salaire minimum. À ce prix, l’amortissement horaire est inférieur à 0,40 euro, pour un fonctionnement en continu, 24h/24, sans pause, ni maladie.
L’enjeu n’est plus uniquement technologique mais industriel : produire à grande échelle, à bas coût, avec une architecture standardisée. Figure AI prévoit une montée en cadence rapide, avec une roadmap structurée autour de la troisième génération de son robot – plus léger, moins coûteux, optimisé pour la production en série.
Un pari industriel avant la conquête du foyer
Si la vision à long terme reste orientée vers le robot domestique, Brett Adcock ne cache pas les défis spécifiques du B2C : environnements hétérogènes, exigences de sécurité, interaction naturelle, compréhension sémantique. À l’inverse, le monde professionnel offre des tâches uniformes, dans des lieux contrôlés, et une valeur économique directe.
L’approche est claire : construire une infrastructure technologique robuste dans les environnements industriels avant de la transposer chez les particuliers. Le modèle rappelle la trajectoire de Tesla, passée par le haut de gamme avant la démocratisation.
« Le foyer, c’est le Far West. L’industrie, c’est la voie rapide vers l’impact réel », résume Adcock.
La robotique par l’usage, pas par le rêve
Avec Figure AI , l’humanoïde quitte le laboratoire et entre dans l’économie réelle. Plutôt que de vendre une vision lointaine, la startup s’ancre dans les contraintes et les besoins immédiats des grandes entreprises. En se positionnant d’abord comme fournisseur de main-d’œuvre robotisée pour les secteurs critiques, Figure AI se donne les moyens de créer une base industrielle, financière et technique suffisamment solide pour viser, plus tard, l’automatisation du quotidien domestique.
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