Impression 3D: le Français Arkema mise sur une « révolution industrielle »
AFP
Le chimiste français Arkema mise sur la « révolution industrielle » de l’impression 3D pour développer de nouveaux marchés pour ses polymères de spécialités, avec l’ambition de croître plus vite que le rythme actuel de 30% du secteur. « L’impression 3D était réservée au prototypage il y a encore quelques années. Aujourd’hui, ça entre vraiment dans la fabrication de série», a souligné le PDG d’Arkema, Thierry Le Hénaff, lors de l’inauguration vendredi d’un nouveau Centre d’excellence mondial du groupe dédié à l’impression 3D. « D’un point de vue qualitatif, on est convaincu que c’est une révolution industrielle».
Le PDG d’Arkema observe qu’une part de la fabrication traditionnelle de pièces en plastique par injection est désormais concurrencée par l’impression 3D, qui se développe dans l’aéronautique, l’automobile, la santé, et de nouveaux débouchés comme les chaussures de sport. « Dans cinq ans, le spectre d’applications sera beaucoup plus large», ajoute-t-il. Le nouveau pôle de recherche d’Arkema sur l’impression 3D est abrité au sein du Cerdato, à Serquigny (Eure), premier centre européen de R&D du groupe sur les matériaux de haute performance. Une trentaine de chercheurs sur les quelque 250 du Cerdato y sont dédiés.
De nouvelles machines ont été acquises auprès de fabricants de matériels d’impression 3D, comme EOS, Hewlett Packard et Prodways. Parallèlement, le centre a renforcé ses laboratoires de tests des matériaux. En un plus d’un an, 4 millions d’euros ont été investis par Arkema, avec le concours de la région Normandie, dans le développement de la recherche sur les poudres polymères utilisées dans la fabrication additive par fusion sur lit de poudre, une des trois principales technologies d’impression 3D plastique.
Au niveau mondial, le groupe consacre « plusieurs dizaines de millions d’euros par an» à l’innovation dans l’impression 3D. Outre Serquigny, Arkema a deux autres sites de recherche sur ces technologies en Pennsylvanie, aux Etats-Unis.
« Ces technologies évoluent très vite »
« Le marché progresse de 30% par an. Compte tenu de nos gammes, on doit pouvoir faire mieux», avance Thierry Le Hénaff. « Le potentiel, d’ici trois-quatre ans, on le verra vraiment». Le patron d’Arkema estime que cette activité pourrait représenter « quelques pour cent» d’un chiffre d’affaires du groupe qui avoisine aujourd’hui les 9 milliards d’euros. « On se concentre sur le haut de gamme», insiste M. Le Hénaff. Arkema a mis en place depuis un an et demi une plateforme baptisée « 3D Printing Solutions » pour présenter l’ensemble de son offre, mais aussi pour être « un espace de collaboration avec les clients et les fournisseurs de machines», explique le responsable de la plateforme, Guillaume de Crevoisier.
Le centre de recherche de Serquigny a développé des partenariats avec des entreprises locales, comme Dedienne Multiplasturgy et la filière Normandie AeroEspace. Les plus petites entreprises ont davantage de difficultés à avoir accès à ces technologies, relève le directeur du Cerdato, Fabien Debaud. Elles « passent par nous», le centre, qui peut mettre à disposition ses machines et ses compétences, et devient « un consultant » pour elles. « Ça nous fait progresser. Ces technologies évoluent très vite», ajoute Fabien Debaud, qui note par ailleurs que les matériaux biosourcés, c’est-à-dire à base de plantes, sont de plus en plus recherchés.
Un atout mis en avant par Arkema, qui propose pour l’impression 3D poudre l’un de ses produits phare, le polyamide 11 (Rilsan), dérivé de l’huile de ricin. Un autre élément porteur, selon le PDG d’Arkema, est que l’impression 3D est « vraiment un marché mondial». « Entre les Etats-Unis, l’Asie, l’Europe, il y a des opportunités partout, ce qui n’est pas le cas de tous nos marchés», dit-il. Le marché mondial de la fabrication additive est estimé à près de 10 milliards de dollars, dont 1,5 milliard pour la partie matériaux (à 80% des plastiques).
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