Inde: la FinTech Paytm plonge déjà en Bourse, reflétant les inquiétudes des investisseurs
AFP
Paytm, pionnier du paiement en ligne en Inde, a perdu un quart de sa valeur au premier jour de sa cotation à la Bourse de Bombay jeudi, reflétant les inquiétudes des investisseurs quant à sa capacité à devenir rentable. Après avoir levé 2,5 milliards de dollars pour son introduction en Bourse, au prix de 2.150 roupies par action, la plateforme a ouvert en baisse de 10%, avant de plonger de plus de 25% en quelques minutes, puis de se redresser légèrement.
Paytm a battu le record historique de la plus grosse introduction en Bourse de l’Inde, auparavant détenu par Coal India à 2 milliards de dollars en 2010. Parmi les grands investisseurs de la plateforme, se trouvent le fonds japonais SoftBank Vision de Masayoshi Son, Berkshire Hathaway de Warren Buffett et Ant et Alibaba du magnat chinois Jack Ma. Ant Financial a vendu 3,5% de sa participation de 28% lors de l’introduction en Bourse afin de satisfaire aux exigences réglementaires selon lesquelles aucun actionnaire ne doit posséder plus de 25% d’une société cotée. Alibaba en détient encore 6%.
« Surchauffe »
Vijay Shekhar Sharma, directeur général de l’entreprise qu’il a fondée à l’âge de 32 ans, détient près de 14% des parts. A la tête d’une fortune de 2,4 milliards de dollars selon Forbes, il est le plus jeune milliardaire d’Inde. Lors de la cérémonie de cotation un peu plus tôt jeudi, ce fils d’instituteur a versé quelques larmes tandis que l’hymne national résonnait. « Il y a eu beaucoup d’euphorie dans le champ numérique et cela semble maintenant se calmer », a déclaré à l’AFP Saurabh Jain, analyste de SMC Global Securities.
« Lors des introductions en Bourse, ces entreprises sortent avec des valorisations en surchauffe et il convient à chacun de deviner les valorisations correctes », a-t-il ajouté. Selon Saurabh Jain, « il est très difficile pour une entreprise comme Paytm de devenir rentable. Elles évoluent bien mais elles ne sont pas capables de gagner de l’argent grâce à leur modèle économique ».
« Assez écoeurant »
Le groupe a accusé une perte nette de 17 milliards de roupies l’an dernier, pour un chiffre d’affaires de 31,86 milliards de roupies. « Nous prévoyons de continuer à subir des pertes nettes », a prévenu l’entreprise dans son prospectus d’introduction sur le marché, ajoutant: « nous pourrions ne pas atteindre la rentabilité à l’avenir« . La capitalisation boursière de Paytm est passée de 20 milliards de dollars à un peu moins de 14 milliards de dollars quand le titre a chuté jeudi jusqu’à 1.650 roupies.
Rakesh Mehta, exportateur de riz de 49 ans basé à Calcutta, avait investi dans 12 actions pour un total de 25.800 roupies, encouragé par l’optimisme du patron de l’entreprise. « Je me sentais exceptionnellement en veine de bénéficier d’une participation, mais voyez ce qui s’est passé. C’est assez écoeurant », a confié à l’AFP le petit investisseur. « J’ai été choqué de découvrir le prix à l’ouverture. Je n’ai pas eu la chance de vendre », a-t-il poursuivi, dépité: « si le prix s’approche de mon prix d’achat, je vendrai certainement. Je ne veux pas prendre le risque de les conserver longtemps ».
Bond des paiements numériques
Paytm est la plus grande plateforme de paiement de l’Inde, avec des transactions déclarées d’une valeur de plus de 54 milliards de dollars en 2020-2021. Dès son lancement en 2010, Paytm est rapidement devenue synonyme de paiements numériques dans un pays traditionnellement dominé par les transactions en espèces. L’entreprise a bénéficié des efforts du gouvernement pour freiner ce type de transactions -avec notamment la démonétisation de presque tous les billets de banque en 2016- mais aussi de la pandémie de coronavirus.
Quelque 22 millions de commerçants, chauffeurs de taxi et de rickshaw et autres vendeurs indiens acceptent des paiements allant de 10 roupies (13 centimes d’euro) à plusieurs milliers de roupies via Paytm. Fin juin, l’entreprise comptait 337 millions de clients, selon les documents réglementaires déposés auprès des autorités boursières. Les paiements numériques en Inde ont été multipliés par 16 au cours des quatre dernières années, passant de 1,6 milliard de transactions en 2017 à 26 milliards pour l’exercice 2020-2021.
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